Accueil » Famille » Education » Vacances scolaires, période de tous les dangers

Vacances scolaires, période de tous les dangers

 Chaque année, les écoliers ont la chance de pouvoir profiter de quatorze semaines de vacances. Pour les ados, les vacances, c’est partir. Partir avec des copains, pour ne rien faire ou presque, c’est le plaisir de jouer, de manger, de vivre à l’extérieur. C’est la liberté de mouvement, un moment reconquise par les corps, dans les piscines ou sur les terrains de foot; délicieux vertige des baignades en mer;  liberté du temps qui s’allonge et ramollit – presque comme les célèbres montres de Dali! Mais, aussi bien, liberté plus canaille et dragueuse, liberté… libertine…, la période de tous les dangers,  de toutes les déviances.

Nous sommes passés d’une longue tradition de banalisation des vacances scolaires à une prise de conscience des dangers. Ces moments de repos sont bienvenus, mais c’est souvent un casse-tête pour les parents, lorsqu’il s’agit de concilier vie professionnelle, vacances en famille et organisation des loisirs, ainsi doivent –il user d’imagination pour occuper leurs enfants.

Pour les parents nantis, le choix d’activités est multiple avec à la clef des prestations de qualité, un encadrement professionnel et enthousiaste, une grande variété de formules sont proposés sous formes de centres aérés, camps de vacances, passeports vacances à la journée ou à la semaine. Les programmes proposent de nombreuses solutions tout en encourageant les jeunes à s’aventurer au-delà de leurs activités habituelles.

Bien des  écoliers et collégiens des zones rurales ont pour leur part trouvé la parade. A cette époque de l’année, ils émigrent quelques semaines hors des campagnes vers Dakar, la ville de tous les mirages. Les garçons y sont des marchands ambulants occasionnels, les filles, quant à elles y occupent le temps des vacances une fonction de bonne à tout faire dans l’espoir de gagner de l’argent qui leur permettra de subvenir aux frais de scolarité de la prochaine rentrée des classes et s’il en reste d’aider matériellement les parents restés au villages. Ils sont de fait privés de leurs droits aux loisirs.

Mais qu’en est-il  des enfants de nos pauvres « goorgorlus » citadins qui subissent de plein fouet les effets de la conjoncture. Leurs enfants explosent le budget familial, les harcèlent pour l’achat d’un produit quelconque ou élaborent sans cesse de nouvelles stratégies pour leur « taxer » de l’argent ? La plupart des parents ne sont pas défaillants mais se disent dépassés ou désorientés par les sollicitations des jeunes qui ont besoin de s’approprier leur moments de vacances, de s’y sentir reconnus, et considérés, d’y disposer d’espaces d’expression et d’action. Ils attendent des parents le mode d’emploi, alors que ceux –là ont d’autres priorités, à savoir faire bouillir la marmite en cette période de soudure et d’inflation.

Le constat, c’est qu’ils sont laissés à eux –mêmes et à… l’ennui. Si le risque est inhérent à la vie et s’il demeure une bonne alternative à l’ennui, la recrudescence des conduites à risque des jeunes laisse perplexes les parents, et la société entière. Citons notamment les sorties nocturnes et plus particulièrement les piscines parties et autres « soirées bombass » « glamourisés » et valorisés par les copains de classe, c’est l’enfer… disent-ils pendant les vacances scolaires. Les jeunes y flirtent avec le tabac, l’alcool, les hallucinogènes et une sexualité déviante. Les questions sur la sexualité sont souvent taboues dans notre société. On montre pourtant beaucoup de choses mais dans les faits, on n’explique rien, on n’aborde pas ce qui pose question. La mise en récits par des collégiens de leur expérience sexuelle démontre que l’on est loin des discours convenus sur la « banalisation du sexe ». L’entrée dans la sexualité se présente toujours pour les jeunes comme un moment majeur de leur vie. La libération des mœurs soumet les jeunes à un flux constant d’informations et d’images érotiques. Autrefois tenus dans la crainte du péché, les adolescents se retrouvent désormais confrontés à d’autres peurs : celle des maladies, de la contraception ou de l’interruption clandestine de grossesse… Aujourd’hui, il est plus que  jamais nécessaire d’instaurer l’éducation sexuelle dans le cadre scolaire. Pourtant le chemin est essaimé d’embûches, les mentalités tardant à bouger.

Même si de plus en plus de communes s’attachent à néanmoins les comprendre et à les soutenir, en les insérant dans des projets, en abordant avec eux les questions de prévention, de sécurité ou de santé, par exemple, il serait utile de corriger les inégalités d’accès aux loisirs par la promotion de la pratique sportive et de la lecture en prenant en compte les besoins des jeunes scolarisés. Une attention particulière devrait être portée à la pratique des élèves dont les parents sont démunis et des jeunes en situation de handicap.

Les jobs d’été sont également un moyen pour les jeunes de s’évader du quotidien, de trouver une occupation utile et saine, et de se faire des amis. Abi Niang, 16 ans, s’occupe des rayons de jouets et de décoration dans une superette de la place. « Non seulement, je n’aurai pas à dépendre de mes parents, mais c’est une façon de me distraire. Je me débrouille plutôt bien ici », dit la jeune fille, qui en est à sa deuxième expérience. « Cette expérience compte, même si elle est temporaire. Même si un jeune n’a travaillé qu’un ou deux mois, c’est ce qui va faire la différence lorsqu’il ira chercher du travail après le collège. Les employeurs favorisent les jeunes qui ont déjà travaillé quand ils étaient étudiants. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Login