Dix ans après le vote de la Constitution de la IVe République française, deux ans après le déclenchement de la guerre d’Algérie et à peine un an après la conférence de Bandoeng, le gouvernement français décide d’abandonner le vieux principe d’assimilation. Il fait voter à une majorité de 477 voix contre 99 un projet de Loi-Cadre dont le but est d’accorder aux territoires d’Outre-mer une quasi-autonomie dans la gestion de leurs propres affaires. Comme l’explique Gaston Defferre : »Le Gouvernement, conscient de la nécessité de ne pas se laisser devancer et dominer par les événements, a soumis à l’approbation de la Chambre des députés et du Sénat un projet de loi tendant à faire participer étroitement les originaires des pays d’Outre-mer à la gestion de leurs propres affaires »
Le 20 juin 1956, l’Assemblée Nationale adopte le texte définitif de la Loi-cadre qui sera promulguée le 23 du même mois. Des décrets d’application de cette législation seront approuvés par le parlement français et promulgués le 4 avril 1957. Après quoi, la Loi-cadre entrera en vigueur. On peut résumer ainsi les dispositions essentielles de cette législation :
À partir de 1958, dans le cadre de la Communauté, une configuration politique nouvelle a pris forme sur les décombres de l’ancienne Afrique Occidentale Française (AOF). La question des différentes voies possibles d’accession à l’indépendance agite les hommes politiques africains depuis plusieurs années et suscite de nombreux débats, notamment au sein du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) dirigé par l’ivoirien Houphouet Boigny.
Mais il faut noter qu’à une vision fédéraliste et panafricaniste s’oppose la conception plus «classique» de Félix Houphouët-Boigny, pour qui l’indépendance doit se faire pays par pays, et sans précipitation. Par contre les deux hommes forts du Sénégal et du Soudan, Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita, se rejoignent en 1958 sur une position fédéraliste et décident la mise sur pied d’une fédération, la Fédération du Mali – du nom d’un état médiéval prestigieux – qui permettrait notamment de négocier l’indépendance dans une position de force vis-à-vis de Paris. Il s’agit aussi de lutter contre le risque de « balkanisation » de l’Afrique de l’Ouest.
Semaine prochaine : la tournée du Général Degaulle de 1958 pour proposer l’indépendance ou l’autonomie au sein de la communauté française.