Le panier de la ménagère, pour revenir à l’origine du terme, est une expression journalistique. C’est le nom habituellement donné à ce que l’on appelle l’indice des prix à la consommation, il sert à mesurer l’évolution des prix des principaux biens de consommation. Ce mot est fort utile. Il est utilisé à peu prés dans tous les domaines de la Banque, de la Bourse, de la Finance et de l’économie statistique, de l’économie d’entreprise et du marketing.
Un panier dans le langage économique est un échantillon de ce que les consommateurs achètent pour satisfaire des besoins précis pendant une période de temps définie ou par sessions d’achats. Le « panier de la ménagère », emblématique des enquêtes sur la consommation des ménages menées par l’ANSD, est composé d’un millier de produits élémentaires représentatifs de la consommation des ménages. Dans les grands magasins, hyper et supermarchés, le panier correspond à ce qu’une personne dépense en moyenne dans une session d’achats.
Né dans les arcanes de la consommation des ménages et des stratégies commerciales de la grande distribution, le « panier » est parti très vite à l’assaut du reste de l’économie, de la Finance et de la Banque.
Si tout le monde s’entend pour dénoncer une perte du pouvoir d’achat dans notre société, il n’est pas sûr que tout le monde parle véritablement de la même chose.
Tout d’abord, il faut bien faire la distinction entre le coût de la vie et le pouvoir d’achat. Le premier concept, « coût de la vie », renvoie à l’index et, de manière générale, aux prix des biens et services dans une société donnée. Le second concept, le pouvoir d’achat, renvoie quant à lui à la quantité de biens et services que l’on peut acheter au regard du revenu disponible. Ce sont bien deux notions totalement distinctes.
Sur une population active au Sénégal, estimée à 35% de la population totale, seule une minorité travaille dans le secteur moderne avec un emploi stable, mais aux revenus faibles. Plus de 60% de la population active évoluent dans le secteur informel, essentiellement dans les capitales et les villes moyennes, se consacrant surtout au commerce de produits d’importation ou locaux de grande consommation. Et bien que contribuant pour près de 60% à la formation du PIB, le secteur informel reste caractérisé par la faiblesse et la précarité des revenus générés.
Si beaucoup dans la population commencent à s’inquiéter de leur pouvoir d’achat qui serait en baisse et si les médias se sont fait, très régulièrement, le relais de ces inquiétudes, il faut bien reconnaître que peu se sont posé la question de ce que pouvait devenir le pouvoir d’achat des plus démunis. Or, quand la personne à revenu aisé voit diminuer sa capacité à choisir les biens qu’il désire, le pauvre doit, lui, restreindre la quantité et la qualité de ce qu’il va pouvoir manger. On peut en conclure que l’on ne parle pas vraiment de la même chose dans l’un ou l’autre cas. D’abord parce que ce qui est dérangeant pour les premiers (les personnes avec un revenu assez élevé) est tout simplement catastrophique pour les seconds.
Cette réduction des possibilités de choix et d’actions se traduit sur le plan économique par une réduction des possibilités de choix au niveau du panier de la ménagère mais aussi par une réduction de la possibilité d’épargner et d’assurer à moyen et long terme un niveau de consommation stable.
Un indice des prix des ménages pauvres serait par conséquent un instrument de mesure de l’évolution des prix à la consommation des ménages pauvres de la capitale ou des principales agglomérations des pays en voie de développement. Cet indicateur pourrait contribuer à analyser l’évolution des conditions de vie de ces ménages, de prendre des mesures de politique économique qui permettent de mettre en place des mécanismes de protection appropriés. Il permettrait également d’avoir une plus grande précision dans l’actualisation des seuils de pauvreté.
Traiter du panier de la ménagère revient forcément à aborder des questions qui ouvrent un débat sur les perceptions qu’ont les personnes de leur consommation, sur le niveau de vie, sur le bien-être (ou à l’inverse le mal-être), sur l’évolution des produits, des désirs de consommation, sur le rôle de la publicité, sur le rôle des pouvoirs publics, … bref, c’est un énorme champ d’investigation qui s’ouvre et qui mérite d’être analysé.
Debbosénégal a l’ambition dans cette sous rubrique d’embrasser l’ensemble de ces questions.