L’évidence saute aux yeux, le triomphe du sport sénégalais se conjugue au féminin. Du moins, au rayon de ceux qui ont fait honneur à leur pays, les dames figurent en bonne place. Le « sexe faible » a écrit l’une des plus belles pages du sport sénégalais. Il représente la fierté du Sénégal. De son peuple. Bref le « sexe faible » est…la force de son sport. Bien avant les retentissants exploits des « Lions » du football, de la cuvée de 2002 sur les rives du Djoliba, au « Pays du matin calme » et au « Pays du Soleil Levant », il y avait celle des basketteuses, de Yaye Ami Seck et d’Ami Mbacké Thiam.
Quelle est la seule équipe sénégalaise, qui en 1997, au soir d’un 9 ème sacre continental a vu chacune de ses membres recevoir comme cadeau royal, un appartement d’une valeur de onze millions de francs Cfa, offert par l’Etat ? Bis répétita en 2009 au soir d’un onzième succès. Les lionnes du basketball.
Mais au-delà de toute considération subjective, qui est le sportif sénégalais le plus titré dans une discipline majeure depuis toujours est une femme : Ami Mbacké Thiam, couverte d’or dans la discipline olympique reine, l’athlétisme avec un titre décroché après un tour de piste (400 m) au championnat du monde, le 7 août 2001 à Edmonton au Canada. Cette première levée est suivie par une autre médaille de bronze, cette fois, au championnat du monde 2003 à Paris.
Par ailleurs, sur la liste des glorieuses athlètes sénégalaises couvertes d’or, on peut coucher aussi le nom de Yaye Amy Seck championne du monde junior de karaté en 1996 à Johannesburg.
De Tacko Diouf (400 m haies) à Fatou Binetou Fall (400 m) en passant par Kène Ndoye (triple saut et longueur) à Amy Mbacké Thiam, la crème de l’athlétisme sénégalais qui a réalisé des chronos de niveau mondial, le sport sénégalais a été bien porté par les femmes.
Entretemps, les athlètes Kène Ndoye, médaillée de bronze au triple saut au championnat du monde de Birmingham en 2003, les championnes d’Afrique de judo Hortense Diédhiou, Isabelle Sambou (lutte) et autre Bineta Diedhiou (taekwondo) ont rejoint la galerie du « Sénégal qui gagne, le Sénégal des femmes ».
Des pionnières parmi lesquelles les élèves des écoles (William Ponty, normale de jeunes filles, de médecine, de sages femmes de Médina, de Champs de courses), les basketteuses dirigées par Bonaventure Carvalho et médaillées d’argent des 3è Jeux de l’Amitié en 1963 à Dakar (France Lima, Christiane Lopez, Marguerite Lopy,Christiane Boulal, Sokhna Diagne, Marème Mbaye, Hélène Mendy, Marie Guèye, Diaga Faty, Danielle Capudoro, Catherine Diagne et Aïda Diagne), la lanceuse de poids et actuelle ministre de l’Elevage Aminata Mbengue Ndiaye,les premières athlètes de 1963 :Ndèye Khar Ndiaye, Awa Ndaw Diop, Marième Dème, Jacqueline Blain , Fatou Sow, Dié Sow, Anta Mbaye, Katy Diagne, la basketteuse et actuelle ministre de la Santé Eva Marie Coll Seck et la « sportive accomplie » hand balleuse, basketteuse et athlète devenue sociologue Marie Angélique Savané à l’actuelle génération de championnes, les femmes ont réussi à prendre des bastions de conservatisme. »
On ne pouvait pas se mettre en short « révèle Marie Angélique Savané, lauréate du « grand prix du sports » du lycée Van Vo en 1967 ». Même dans les vestiaires, nous étions obligées de mettre des pagnes. Sur les terrains, les gens nous traitaient de garçons manqués et nous lançaient des pierres. L’autre difficulté, c’est que les dirigeants étaient obligés de demander la permission à nos parents pour qu’ils nous libèrent. Car ces derniers ne comprenaient pas qu’on puisse sortir et voyager avec des hommes », se rappelle Marie Angélique Savané.
Des avancées notables ont été réalisées. Le football féminin qui passait pour une incongruité, élargit de plus en plus ses quartiers avec des compétitions régulières et une première qualification en coupe d’Afrique des nations en 2012. Depuis 2001, le « trophée Mousso », cette course auto réservée aux femmes et tout comme les participations de Syndiély Wade, la fille de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, au « Rallye des sables « et au « Dakar » sont entrés dans les mœurs. Le terrain de jeu des femmes n’a plus de limites. Du coup, un autre regard est jeté sur le sport féminin. Mais dans les coulisses, l’administration du sport est rétive à la présence des femmes. La parité obtenue dans les résultats ne se reflète pas à la représentation dans les instances. Malgré quelques frémissements, les femmes sont toujours tenues à l’écart de la direction des affaires de sport.
N’empêche, sur les parquets, les pistes, les tatamis, les circuits, les Sénégalaises continuent d’écrire leurs noms en lettres d’or au panthéon du sport de notre pays.
Source : Mamadou Diouf, Le Soleil
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