Française d’origine sénégalaise, Rougui Dia est l’une des rares femmes chef cuisinier français, chasse gardée des hommes en France. D’ethnie pulaar, son père émigre en France, dans les années 60. Elle est membre d’’une famille de 7 enfants, et pour ne pas s’éloigner de sa famille, elle s’inscrit dans une école hôtelière proche de chez elle, plutôt qu’ailleurs, mais sans vocation particulière en cuisine. Contre toute attente, elle décroche tous ses diplômes, et franchit rapidement les échelons d’une brigade. Elle est second aux côtés de Sébastien Faré quand il remplace le Chef Conticini au restaurant Petrossian en 2001. En 2005, quand Faré quitte le Pétrossian à son tour, elle devient naturellement chef du célèbre restaurant.
Chef cuisinier, femme combative et engagée, Rougui Dia se retrouve à la tête d’une brigade presque exclusivement masculine. Dans son livre « Le Chef est une femme » elle raconte qu’il faut un sacré courage, une détermination hors du commun et surtout beaucoup de talent pour s’imposer dans ce milieu. En effet, de vexations en rejets, Rougui n’a jamais oublié l’enseignement de son père «plutôt que de réagir par la colère, demande-toi quelle est la souffrance de celui qui t’agresse ». A force de persévérance, Rougui a fini par croiser les bonnes personnes qui ont su déceler son immense potentiel et lui ont donné sa chance. Au Petrossian, elle aide un grand nombre de jeunes issus de l’immigration en les faisant travailler dans le restaurant. Rougui a si bien fait dans les cuisines du Petrossian, que le patron russo-arménien Armen Petrossian, alias « le grand Monsieur du Caviar » lui a donné carte blanche pour réinventer le menu à sa guise. On dit même que le célèbre chef Bernard Loiseau était venu en personne, un jour, la féliciter aux cuisines et lui apporter son soutien.
Elle impose son style : le métissage culinaire
En 2013, à 37 ans, elle rejoint le Buddha-bar hôtel, dans le 8e arrondissement, en tant que chef des cuisines du restaurant Le Vraymonde, à Paris (4, rue d’Anjou, 8e).
Sa réputation faite, et adepte du métissage culinaire, Rougui Dia joue de sa double culture pour réussir des mariages audacieux entre des ingrédients typiquement sénégalais et les grands classiques de la gastronomie française ou russe genre une cuillérée de caviar…sur une galette de mil !