Personnalité du monde de l’entreprise et de la diaspora franco-africaine, Elizabeth Moreno, la nouvelle ministre déléguée auprès du Premier ministre français, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances est une jeune femme qui est partie de rien et qui s’est faite toute seule.
Cela lui donne le droit de formuler quelques vérités bonnes à entendre. En Europe… et en Afrique aussi ! En effet, Mme Moreno, qui, issue de l’immigration, a beaucoup travaillé pour arriver là où elle est, n’a jamais été aidée et n’avait aucun réseau. On peut dire que son cadre de départ n’était pas des plus avantageux dans son pays d’origine, les îles du Cap Vert « Je cochais toutes les cases de l’impossibilité : des parents qui ne savent ni lire ni écrire, une femme, noire, élevée dans une cité et évoluant dans le bâtiment puis les techs » aimait-elle à dire pour se présenter.
Très lucide, celle qui était il y’a encore quelques semaines la vice-PDG de HP Africa pose le problème de la confiance presqu’impossible entre l’Afrique et l’Europe à l’aune des nouveaux rapports commerciaux entre les deux continents.
« En y réfléchissant bien, la relation Europe-Afrique est vieille de plus de sept siècles et on ne peut pas négliger le fait qu’entre la traite négrière et la colonisation, quatre siècles et demi se sont écoulés. Ce contexte historique est important pour comprendre la méfiance des Africains à l’égard des vœux louables de la Commission européenne, qui appelle à bâtir un partenariat entre égaux ou encore, quand le Président du Conseil européen dit qu’il souhaite écrire de nouvelles pages d’un avenir commun et optimiste. »
Elizabeth Moreno qui a construit sa vie en cherchant des solutions qui pourraient l’aider, sait bien que même si « le lien colonial s’est progressivement transformé en lien contractuel, il faut noter toutefois, que la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit, et ces rapports ont toujours été déséquilibrés. » La nouvelle ministre de l’égalité homme femme qui a ressenti très tôt, dès son arrivée en France à l’âge de 7ans, le besoin d’être un soutien pour sa famille s’est forgée un mental de battante. Refusant la pitié et la facilité, elle a fait face dignement à tous les malheurs qui se sont abattus sur sa famille : les maladies de sa sœur Marie, l’incendie de la demeure familiale et la chute d’une autre sœur Véronique du 3e étage de leur HLM. Personne ne lui fera de cadeau et forte de ces épreuves, elle a cru en ses capacités de résilience pour gravir les échelons, passer les diplômes de droit et d’entreprenariat, s’affirmer en tant que femme, jeune et noire jusqu’à aboutir à la tête du département vente PME/PMI de France Télécoms et ensuite vice-PDG de Hewlett-Packard Africa.
Convaincue qu’il faut savoir provoquer et saisir sa chance, elle conseille à son continent natal ce qu’elle s’applique à elle-même : opter pour l’afro réalisme en accordant tout d’abord « une priorité absolue à l’éducation et à la formation de la jeunesse et stimuler l’entrepreneuriat. »
De nouvelles exigences de part et d’autre et l’irruption de l’activisme chinois sur le Continent, de même que celui de nouveaux acteurs comme : les Indiens, les Turcs, les gens du Golfe, les Américains, les Russes, font que l’Afrique est désormais invitée au G20. Et tout cet empressement est compréhensible et s’est révélé être un réel catalyseur d’intérêt.
« Évidemment, en Afrique, tout est à construire. La population est en plein boom démographique. Les classes moyennes sont en train de se développer et les potentialités d’investissements sont immenses. Donc, Je crois qu’il est temps que l’Afrique cesse de mendier sa place dans l’Histoire », affirme encore Élisabeth Moreno.
Voilà qui est la nouvelle recrue d’Emmanuel Macron qui participait le 5 juillet dernier à une conférence des Rencontres parisiennes d’Aix-en-Seine, dédiée aux relations Europe-Afrique. Elle croit en ses origines africaines et elle a foi en la capacité des nouvelles générations africaines à prendre en charge leur destin et à gérer les riches potentialités du sous-sol du continent. Elizabeth Moreno, qui a enrichi son panel d’activités par une implication associative qui la conduit à fonder avec d’autres Cap-Verdiens le Cabo Verde Business Club, en 2005, et à s’impliquer dans la Casa Cabo Verde de 2008 à 2011 dont les actions sont tournées vers la diaspora cap-verdienne en France, ne désespère pas de la coopération nécessaire mais d’un nouveau genre entre les deux continents car, même si l’Afrique dispose désormais d’une capacité plus large à choisir ses partenaires, l’Europe reste aujourd’hui encore le premier d’entre eux !
Extraits le Point Afrique et Afrique Presse