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Que s’es-il passé lors de la tournée de De Gaulle en 1958 dans les colonies ?

A la fin de la seconde guerre mondiale, le processus d’autonomisation des anciennes colonies devait inéluctablement débuter, pour plusieurs raisons. D’abord parce que la France était à bout et devait désormais concentrer toutes ses forces à sa reconstruction, ensuite parce qu’ayant voyagé en mère patrie et combattu auprès des blancs, les hommes qui avaient fait la guerre avaient fini de démystifier le colonisateur. Ils se rendaient compte qu’il n’y avait pas une grande différence avec eux qui jadis étaient traités de sous-hommes. En outre, les intellectuels africains formés dans les écoles françaises avaient aussi acquis les principes fondamentaux de liberté qui leur avaient été enseignés et se l’appropriaient.

C’est dans ce contexte qu’a été adopté la Loi Cadre qui permettait désormais aux cadres africains de s’impliquer dans la conduite de leurs affaires internes.

En 1958, le Général De Gaulle qui avait mené la libération de la France, revenu à la tête de l’état, entama une tournée dans les colonies. Il venait demander aux africains de choisir entre l’indépendance immédiate et l’appartenance à la communauté française. Venant de Brazzaville, il s’était arrêté en Guinée, où Sékou Touré a manifesté un refus catégorique et a demandé l’indépendance immédiate de son pays.

Sékou Touré l'homme qui a dit NON à De Gaulle

Sékou Touré l’homme qui a dit NON à De Gaulle

Très irrité par le refus de Sékou Touré, le Général a eu la surprise de trouver la même détermination au Sénégal. En effet, arrivé au Sénégal, De Gaulle du haut d’une tribune, faisait face ce fameux 26 août 1958 au peuple sénégalais à la Place Protêt actuelle place de l’indépendance. Une bonne partie des manifestants portaient des pancartes pour réclamer l’indépendance immédiate. Un témoin raconte que, hors de lui, un gendarme français fonçait dans la foule pour leur crier : «ah vous voulez l’indépendance ? Si nous partons, demain vous serez envahis par les lions et les panthères. Vous n’êtes capables de rien, sans nous vous n’êtes rien ! » Tandis que De gaulle courroucé lançait du haut de sa tribune « je m’adresse aux porteurs de pancartes, s’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre ! ». En effet le 28 septembre 1958, était prévu un référendum pour demander aux peuples des anciennes colonies s’ils voulaient l’indépendance immédiate ou rester encore dans la communauté française.

Ce jour-là a fait montre du courage exceptionnel d’un homme nommé Waldiodio Ndiaye, alors Ministre de l’intérieur du Sénégal. Pendant que Léopold Sédar Senghor qui était le leader du parti dominant au Sénégal le BDS (Bloc Démocratique du Sénégal) et Mamadou Dia, président du Conseil de l’Etat, se terraient en France pour ne pas avoir à se prononcer devant le peuple et le Général, Me Waldiodio Ndiaye se fit le porte-parole du peuple. Il fit son fameux discours devant le Général De Gaulle pour réclamer l’indépendance immédiate tout comme l’avait fait Sékou Touré, en Guinée !

Capitale de l’AOF pendant plus d’un siècle, le Sénégal n’était pas la Guinée, pour les français. Il n’était pas question pour eux de perdre tout de suite le Sénégal. En quittant la place Protêt, De Gaulle rejoignit le gouverneur Cornut Gentil au Palais. Avec leurs collaborateurs, ils y tinrent une longue réunion. Il s’en est suivi que De Gaulle envoya dans la nuit des émissaires auprès de toutes les grandes familles religieuses du pays, pour leur demander leur soutien pour que le Sénégal reste français et renonce à demander l’indépendance immédiate.

De Gaulle avec Senghor saluant les guides religieux sénégalais

De Gaulle avec Senghor saluant les guides religieux sénégalais

Avec l’aide des familles religieuses et de Ibrahima Seydou Ndao, alors puissant Président du Conseil Territorial, et très écouté, la vapeur fut renversée et le oui pour rester dans la communauté française l’emporta au référendum du 28 septembre 1958.

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