Questnet ou Qnet comme elle se fait appeler au Sénégal, est une société, déjà interdite dans plusieurs pays d’Amérique, d’Europe et d’Asie, qui tente d’implanter en Afrique un commerce de type « pyramidal », une vieille arnaque déguisée en système de vente révolutionnaire.
QuestNet dispose d’une méthode très efficace pour se développer dans un nouveau pays. Nul besoin d’ouvrir un bureau. La société commence par organiser une réunion d’informations, le plus souvent dans un hôtel. Elle attire ses premiers vendeurs en leur offrant notamment des tarifs préférentiels. Une fois ces premiers vendeurs recrutés, la viralité du système fait le reste. QuestNet transfère ensuite rapidement ses bénéfices hors du pays, avant que le nombre de vendeurs soit trop important, que la pyramide s’effondre et que le scandale éclate.
En République de Guinée le porte-parole du gouvernement avait pourtant salué le système expliquant » le modèle économique qui est derrière, le système de vente en réseaux, le fait que des marketeurs soient formés, servira aussi bien pour cette activité que pour d’autres activités […] Cette entreprise qui n’est pas des moindres s’intéresse à la Guinée, cela veut dire que nous avons un marché qui devient attractif…’’.
Résultat des courses : la société a été traduite en justice pour escroquerie, faux et usage de faux par plusieurs Guinéens qui s’estiment lésés avec de très nombreux produits qui leur est resté dans les bras.
Au Burkina la société a été également traduit en justice. C’est toujours le même scénario. Un pigeon rescapé explique : les gens de QuestNet nous donnent rendez-vous dans un grand hôtel, expliquent que leur société commercialise deux produits. Le Bio Disc d’une part, un filtre qui permettrait « d’énergiser l’eau » et présenté comme un remède miracle. Le ChiPendant d’autre part, un pendentif qui éloignerait les mauvaises ondes (portable, micro-onde, etc.) et qui permettrait d’améliorer votre forme de façon spectaculaire.
On nous a expliqué que revendre ces produits pouvait nous rendre riche. L’achat du premier Bio Disc, ou du premier ChiPendant, est certes très onéreux, 325 000 F CFA (495 euros) mais, selon eux, nous pourrons rentrer rapidement dans nos frais. Car dès que nous recrutons deux personnes pour revendre ces produits, nous gagnons 30 000 F CFA. Ensuite, nous touchons une commission sur chaque nouveau revendeur que nous attirons, mais aussi sur les revendeurs qu’eux même auront recruté. D’après eux, on peut ainsi devenir riche très vite. Ils nous ont d’ailleurs affirmé que 2 000 personnes vendaient déjà leurs produits au Burkina.
La société QuestNet pratique la vente « pyramidale », un système qui lui permet d’arnaquer les vendeurs de ses produits. En résumé, QuestNet fait croire à ses vendeurs qu’ils parviendront à trouver facilement des revendeurs sur lesquels ils toucheront des commissions. Or c’est faux. Le système peut effectivement permettre aux tout premiers vendeurs de gagner un peu d’argent, en profitant de la crédulité de leurs proches. Mais, très vite, le nombre de vendeurs est trop important et il n’y a plus assez d’acheteurs pour écouler les produits QuestNet. L’immense majorité des gens qui achètent très cher le Bio Disc ou le ChiPendant n’ont donc aucune chance de recruter assez de vendeurs pour rentrer dans leur investissement.
Ce système de vente est interdit dans plusieurs pays, notamment en France, au Canada et en Belgique. La société QuestNet profite depuis des années du flou qui existe dans certaines législations nationales pour développer son arnaque. Dès que son activité soulève des suspicions dans un pays, elle en cherche un nouveau où s’implanter.
Des sous-verres censés protéger du sida…
La société s’implante aujourd’hui sur le continent africain. Elle a d’abord tenté de commercialiser des sous-verres censés protéger du sida en Ouganda, au Kenya et au Rwanda. Dans ce dernier pays, une enquête lancée par la Banque nationale du Rwanda a toutefois rapidement abouti à l’interdiction de QuestNet, sur décision expresse du ministre des Finances. QuestNet a réussi aujourd’hui de s’implanter dans d’autres pays du continent, comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal.
L’arnaque de QuestNet touche surtout les plus pauvres
Les objets commercialisés par QuestNet sont présentés comme des remèdes miracles, sans bien sûr que leur efficacité soit prouvée scientifiquement. Mais là n’est finalement pas le problème, car c’est le système de vente lui-même qui est frauduleux. Ce système est une forme d’escroquerie puisque le bénéfice ne provient pas des ventes comme avancé mais plutôt du recrutement des nouveaux membres.
La société sait très bien gérer sa communication et utilise le Net pour répondre aux attaques dont elle fait l’objet. Elle met notamment en ligne des blogs et des pages de questions/réponses spécifiques à tous les pays dans lesquels elle s’implante. Elle dispose également de nombreux sites et blogs très bien référencés dans Google. Ils ressortent parmi les premiers résultats de recherche pour « QuestNet fraud » ou « Qest Net scam ». Sur ces pages, QuestNet affirme utiliser un système de vente « à plusieurs étages » tout à fait légal, et non « pyramidal ». Dans la plupart des pays où la société s’est implantée, les juges ont vu les choses autrement…
C’est le cas au Sénégal où les deux représentants de l’entreprise malaisienne, B. Fall et M.Seck viennent d’être arrêtés et mis en garde-à-vue.
Ceci fait suite à une série de plaintes d’étudiants qui ont été roulés dans la farine. La plupart ont été escroqués entre 500 000 et 3 000 000 francs Cfa.
Depuis la première vague d’arrestations, le responsable de Qnet à Thiès et détenteur de deux nationalités, malienne et sénégalaise, avait complètement disparu des radars. Il aura fallu un coup de chance aux limiers du commissariat des Parcelles Assainies et une course-poursuite digne des films de western dans les rues de Thiès, avant de mettre la main sur les deux responsables qui tentaient de s’évader.
Source : observateurs france 24/ Leral