Mais qui est Sibeth Ndiaye cette jeune sénégalaise dont toute la presse nationale et internationale parle maintenant ? Debbosenegal vous l’avait présentée il y a quelques mois en même temps que Rama Yade qui recherchait les signatures nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle et Aïssata Seck une autre sénégalaise qui excellait dans l’équipe de Benoît Hamon.
La gardienne de l’image d’Emmanuel Macron a toujours baigné dans le milieu politique.
Sur Twitter, Sibeth se définit comme « geek en apprentissage, socialiste convaincue…». Mme Ndiaye a grandi au Plateau, en centre-ville de Dakar, dans un quartier aisé situé à deux pas de l’Assemblée nationale. Dernière d’une fratrie de quatre filles, elle reçoit une éducation à l’européenne dans une famille bourgeoise. Son père, Fara Ndiaye, était le numéro deux du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade (président de 2000 à 2012), qu’il a quitté en 1986 pour rejoindre l’équipe du président d’alors, le socialiste Abdou Diouf, afin de travailler sur le Canal du Cayor, un projet destiné à alimenter en eau potable la ville de Dakar. Mais la famille reste proche d’Abdoulaye Wade et, en 2000, lorsqu’il devient chef de l’Etat, la mère de Sibeth, Mireille Ndiaye née Brenner, d’origine allemande et togolaise, occupe le poste de présidente du Conseil constitutionnel. Elle le conservera jusqu’en 2010.
Passée par l’UNEF quand elle était étudiante, Sibeth Ndiaye prend sa carte au Parti socialiste en 2002, motivée par la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac. Après l’obtention de son DESS en économie de la santé, elle fait ses armes en politique au sein du service de presse de Claude Bartolone, lorsque celui-ci présidait le conseil général de la Seine-Saint-Denis. « Elle est d’une grande efficacité, d’humeur toujours égale et du genre à ne pas aller se coucher tant que tout ce qu’elle a prévu de faire n’est pas achevé, se souvient la conseillère presse Marianne Zalc-Muller, avec qui elle a travaillé en 2008. Elle ne court pas après la reconnaissance. Ce qui la motive, c’est d’abord la satisfaction de la tâche accomplie. En politique, ça n’est pas si fréquent. »
En 2013, Sibeth Ndiaye, formée notamment par Jean-Christophe Cambadélis et la filière des strauss-khaniens, rejoint le ministère de l’économie alors dirigé par Arnaud Montebourg. Un an plus tard, elle croise à l’Elysée un jeune novice en politique, Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint de la présidence de la République. « Il était d’un abord agréable, avec beaucoup d’humour, raconte-t-elle dans un entretien à Jeune Afrique, fin avril. Mais je n’ai pas eu à l’époque l’occasion de travailler avec lui. » Il faudra pour cela attendre qu’Emmanuel Macron remplace à Bercy Arnaud Montebourg comme ministre de l’économie. Maintenue en poste dans l’équipe de communication du ministère, elle se laisse séduire « par sa volonté de transcender les clivages existants, sa tentative audacieuse pour essayer autre chose et le sentiment que ça ne pouvait plus continuer comme avant ».
Si bien qu’en avril 2016, elle quitte le ministère de l’économie pour rejoindre En marche !, dans le sillage de celui dont elle apprécie l’amour de la langue française et les attentions délicates. Elle raconte ainsi avoir été touchée par le fait qu’après le décès de sa mère Mireille en 2015, Emmanuel Macron lui offre Journal de deuil, texte posthume de Roland Barthes dans lequel le philosophe et sémiologue français raconte la perte de l’être « cher par-dessus tout ». « Il m’a servi de livre de chevet pendant de longs mois », dit-elle.
Dans la famille Ndiaye, les filles sont des « globe-trotteuses » : l’une vit à Lomé, l’autre entre Lagos et Abidjan, l’aînée à Dakar. Sibeth Ndiaye s’est installée à Paris, près de la gare Saint-Lazare. Mère de trois enfants, dont des jumelles, elle s’adonne depuis quelques années à la couture pendant son temps libre. « Elle a sa machine à coudre et confectionne ses vêtements et ceux de ses enfants, raconte sa sœur aînée. C’est sa façon de se détendre. »
Malgré la distance qui sépare les quatre sœurs, celles-ci restent très proches. Elles ne passent pas plus de quarante-huit heures sans échanger, notamment par un groupe WhatsApp. En attendant les retrouvailles au Sénégal, où le dernier séjour de Sibeth Ndiaye remonte à 2015, pour les funérailles de sa mère. « Depuis lors, elle a été prise dans la tourmente d’En marche ! » explique sa sœur Fari qui poursuit, un peu émue : « Il n’empêche, nos parents, qui ne sont plus parmi nous, doivent être très fiers de Sibeth aujourd’hui. Notamment papa puisque en quelque sorte, c’est elle qui a pris la relève. Des quatre enfants, elle est la seule à faire de la politique, si je peux dire. »
Sibeth Ndiaye, qui a été naturalisée française en juin 2016, fait aujourd’hui partie des quelques conseillers qui pourraient rejoindre l’Elysée après la passation de pouvoir dimanche 14 mai. « Au-delà de ses qualités professionnelles, elle a une personnalité pleine d’optimisme, d’énergie et d’efficacité, estime Ismaël Emelien, conseiller en stratégie pendant la campagne. Elle a contribué à la belle ambiance de travail qu’il y avait dans l’équipe. »
Bon vent Sibeth ! Nous sommes sûres que tu feras du bon travail à l’Elysée et prions pour ta réussite !
Texte extrait du journal Le Monde