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Polygamie chez les sénégalaises : pourquoi un coup c’est oui, un coup c’est non ?

Notre coin dundu.com revient avec vous tout au long de trois articles sur le paradoxe de la polygamie chez les jeunes dans notre pays. En menant une petite enquête auprès de nos sœurs, on s’est rendu compte qu’aujourd’hui, au Sénégal, le point de vue des femmes sur la polygamie a beaucoup changé. Nous avons voulu savoir comment, auprès de trois jeunes femmes qui vont vous raconter leurs expériences de vie.

Après toute une génération de monogames convaincus, la polygamie est revenue en force chez les jeunes, mais si les jeunes hommes succombent facilement à la tentation de prendre une deuxième ou même une troisième épouse, chez les femmes c’est tout autre chose, car parfois c’est oui, parfois c’est non !

En effet, on constate que si ces jeunes dames veulent bien être la deuxième, troisième ou quatrième épouse d’un homme aisé et déjà bien marié,  il leur est plus difficile étant 1ère ou 2ème femme, d’accueillir dans leur ménage une coépouse. C’est d’autant plus paradoxal que la femme divorcée d’un mari monogame est toutefois prête à recommencer sa vie dans un ménage polygame après avoir divorcé du premier.

Pour avoir une idée claire sur ce changement radical de principe, nous avons donné la parole à 3 jeunes femmes qui ont vécu cette situation.

Aminata est deuxième femme d’un directeur de société. Elle nous explique qu’elle a quitté son premier mari parce qu’il avait pris une seconde épouse. Après 8 ans de mariage et deux petites filles, quand son ancien époux a décidé de convoler en secondes noces, Ami a « pété les plombs » comme elle dit. « Je ne pouvais pas comprendre ce qu’il lui avait pris. Nous étions en plein construction de notre vie, de notre famille et je n’ai rien vu venir, ça a été brutal ! »

Elle continue avec un brin de tristesse dans la voix « nous étions jeunes, amoureux, heureux. Et mon mari était fou de joie chaque fois que je lui annonçais une grossesse. Il me portait aux nues, était aux petits soins durant toute la grossesse et partageait avec joie les soins à apporter au bébé quand il naissait. Il se réveillait la nuit pour les biberons et me laissait me reposer. Il partageait toutes les tâches à la maison avec moi, nous étions tous les deux fonctionnaires dans deux différents ministères. J’étais secrétaire de direction et lui Conseiller de son ministre. Avec nos deux filles, je pensais que nous nagions  dans un bonheur parfait. Le seul changement à mon niveau était une baisse de libido après notre deuxième fille âgée maintenant de 6 ans. Mais il semblait bien s’en accommoder et hélas je croyais, attendait que je sois de nouveau en pleine forme ».

« Je ne m’étais pas rendue compte que chaque fois que je m’excusais pour ne pas avoir à « faire » la chose, il était plus frustré qu’il ne laissait paraitre ».

« Et petit à petit il a atterrit dans les bras d’une Nafissatou rencontrée dans une réunion. Il en parlait de plus en plus et sans trop m’inquiéter, je lui disais en riant qu’il parlait un peu trop d’elle et « est-ce qu’elle ne voulait pas par hasard me voler mon chéri ? » Je ne me rendais pas compte que j’étais en plein dans le mille !… Jusqu’au jour où, la délégation composée de ses frères, cousins et amis est venue m’annoncer qu’il fallait que j’accepte la décision divine et tralali et tralalère, et que, sentant que j’étouffais, je me suis précipitée au balcon pour essayer de trouver l’oxygène qui me manquait. Je respirais bruyamment en essayant de comprendre ce qui m’arrivait. La fameuse délégation avait pris la poudre d’escampette, impressionnée par ma réaction brutale».

« Après leur avoir délégué la sale besogne de m’informer, l’amour de ma vie, s’était évanoui dans la nature avec sa toute nouvelle conquête, et, pour se racheter m’avait fait livrer une belle parure en or dont je rêvais depuis longtemps. C’est ce qu’on appelle chez nous le « takkou deun », oubien de quoi s’attacher la poitrine pour qu’elle n’explose pas. Le lot de consolation en quelque sorte.»

« Ce geste, au lieu de me calmer me chagrinait encore plus. Il voulait acheter mon consentement après une telle trahison ? C’était impossible ! Il me dégoûtait tout simplement et je fis mes valises immédiatement. »

«Après quatre ans de célibat j’ai refait ma vie avec un autre comme deuxième femme. Et j’ai commencé à comprendre beaucoup de choses, surtout pourquoi ma coépouse ne veut ni me voir ni me rencontrer. Je suis l’intruse qui est venue lui voler son mari. »

logo itw : mais pourquoi quitter son mari parce qu’il est devenu polygame et aller se marier quand même dans un ménage polygame ? Est-ce que ce n’est pas renoncer à ses principes ?

« Non, je ne pense pas. Ce que je peux vous expliquer c’est qu’après une telle désillusion, on ne voit plus la vie comme avant. Celui qu’on avait choisi pour construire un avenir commun vous trahit, comme s’il n’avait rien compris à la sacralité de l’engagement qui vous liait. On ne peut plus continuer avec ce gars-là, ou alors très difficilement. Un ressort se casse définitivement. Et le plus grave est que, dans l’euphorie de sa nouvelle conquête, votre homme ne se rend pas compte combien vous souffrez et on peut même dire qu’il s’en « fiche » un peu. Vos sentiments en prennent un coup, votre orgueil et votre assurance aussi, on se sent complètement déstabilisé, et on préfère aller voir ailleurs. »

« Fini, les rêves de petite fille, le prince charmant, etc… la dure réalité de la vie s’impose à vous. On grandit brutalement et on devient égoïste. Vos critères changent. On choisit son nouveau compagnon plus tellement pour les sentiments, mais pour la sécurité, le confort. Quant à celle qu’on vient trouver, on se dit « ben, c’est la loi de la nature, j’ai souffert, elle n’a qu’à souffrir aussi. Qu’elle reste ou parte, « on s’en tape » !

Voilà les raisons qui m’ont poussée, après m’être violemment opposée à la polygamie, à finir par l’adopter. Et je trouve que finalement, ça a du bon…

A suivre…

 

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