La semaine dernière nous avons partagé avec vous le début de notre voyage à Babelvet dans le désert mauritanien. Cette semaine nous vous livrons la suite de notre périple. Tout ce que je peux vous dire, c’est que malgré les sueurs froides, le voyage dans le désert vaut la peine d’être vécu !
Ma sœur elle, avait l’air de prendre les choses du bon côté, « perdus pour perdus, profitons donc de la beauté du désert ! Nous avons des nattes, descendons de voiture et profitons du calme et de l’air frais. » dit-elle. C’est ce que nous fîmes immédiatement, mais à peine étions nous installés, qu’un des guides nous dit laconiquement « le désert est agréable, mais il faut quand même faire attention aux scorpions, il y en a en pagaille dans ce coin, et aussi d’autres bêtes comme les chacals ». Ce fut la débandade ! Nous avons toutes ( les 2 autres femmes et nous) sauté sur nos jambes pour rejoindre à toute vitesse les voitures. Dommage, car le désert est beau la nuit ! Notre seul regret, aucun d’entre nous n’avait un appareil capable de prendre de belles photos de cette nuit blanche. Il était pratiquement 2h du matin et les hommes se concertaient pour prendre une décision. Quelqu’un dit : « essayons de retourner dans le dernier village où nous nous sommes arrêtés pour y passer la nuit » un autre : « mieux vaut continuer, nous ne devons pas être loin » et un autre : « oui mais comment savoir si nous allons dans la bonne direction ou si nous tournons le dos à Babelvet ? » Les guides et chauffeurs décidèrent de continuer encore de rouler 15 à 20 mn avant de rebrousser chemin. Au bout d’une vingtaine de minutes alors que nous étions tous découragés, nous aperçûmes comme un mirage, des phares de voiture loin devant nous. Le chauffeur décida d’aller vers cette voiture demander la route.
Pendant un instant la lumière disparut, mais nous étions au bas d’une dune, quelques minutes après elle réapparut, du haut de la dune et un spectacle incroyable s’offrit à nos regards ébahis ! Là, au beau milieu du désert, à 3h du matin, des dizaines et des dizaines de voitures quatre x quatre étaient garées, toutes phares allumées et presque une centaine de jeunes étaient là, causant et riant dans leurs boubous blancs. Chacun de nous se demandaient si cette vision était réelle ou si c’est le diable qui nous jouait un tour !
Mais non, on était bien dans le réel, et, après avoir salué les premiers jeunes gens rencontrés, les guides leur demandèrent la route vers Babelvet. « Vous êtes dans la bonne direcction, et vous n’êtes plus très loin, moins de 20mn maintenant ! Je vais vous montrer le chemin », l’un d’eux s’était gentiment proposé de nous guider. Ma question fut : « mais que font-ils là en pleine nuit, dans le désert ? » Eh bien ils s’étaient rassemblés pour aller à un mariage, tout simplement ! Ils attendaient encore un groupe d’amis avant de faire procession vers une petite bourgade à 5mn de là, où un des leurs se mariait. Je n’en revenais pas ! Mais d’où sortait tout ce monde en plein désert, en pleine nuit et toutes ces voitures rutilantes ? Ces jeunes maures en tout cas avaient l’air de gens bien insouciants et très heureux ! Tant mieux pour eux. En tout cas les plus heureux de cette rencontre c’était bien nous autres !
Notre nouveau guide nous mis sur le droit chemin dès la sortie de la petite bourgade dont je n’ai hélas pas retenue le nom. Là, nos accompagnateurs appelèrent nos hôtes qui se dépêchèrent d’envoyer une voiture à notre rencontre. L’arrivée à Babelvet était féerique ! Il y avait de l’électricité qui venait d’on ne sait où. La petite bourgade était illuminée et la fête battait son plein. Il y avait là de vastes tentes et aussi des bâtiments construits en dur. Une haie d’honneur et les youyous des femmes nous accueillirent. Tout le monde était au courant de notre mésaventure et nous réconfortait avec de gentilles paroles. Nos hôtes nous emmenâmes dans la maison principale devant laquelle une grande tente était dressée, et nous invitâmes à nous débarbouiller et manger avant de rejoindre la tente, où de jeunes garçons rivalisaient de belle voix pour remporter le concours de récital du Coran.
Alhamdulillah ! Louanges à Allah SWT qui nous a permis de retrouver notre chemin, et mon frère de dire : « voilà ce qui arrive quand on vous dit de quitter tôt et que vous trainez ! » « c’est fini, ça n’arrivera plus jamais ! » fut la réponse que ma sœur et moi lui servirent en chœur!
Au bout du désert, nous retrouvions l’hospitalité légendaire du peuple maure. Des verres de zrik (boisson légère à base de lait bien dilluée) suivis de verres de thé vert nous requinquèrent avant que le méchoui cuit dans le sable n’atterrisse devant nous ! Des agneaux entiers pour à peine 8 personnes, puis un couscous avec une sauce légère plein de légumes, et des morceaux d’agneaux ! Quand nous arrivâmes au récital notre hôte principal nous excusa tout de suite « allez dormir, vos chambres sont prêtes, vous ne tenez plus ! »
Le reste du séjour fut agréable, nous avons repris le chemin en plein jour le surlendemain et malgré la route cahoteuse nous avons rejoint la route Rosso / Nouakchott en moins de trois heures. Notre nouveau chauffeur n’avait pas besoin de guide, il nous montra les plus grandes tribus (haima kabir) sur le chemin du retour, plusieurs véhicules quatre x quatre étaient souvent garés devant les tentes, et il nous expliqua que même étant membre du gouvernement, le maure descendait toujours visiter sa tribu pendant le week-end. Je me demandais comment ils reconnaissaient leurs différentes tribus ainsi éparpillés dans le désert et le chauffeur se mis à rire, « même en plein tempête de sable, nous reconnaissons toujours notre chez nous ! »…