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Patrimoine : le Musée de la femme se réinvente à la Place du Souvenir

Feu Mme Henriette Bathily, Marraine du Musée de la Femme

Feu Mme Henriette Bathily, Marraine du Musée de la femme

Dans l’actualité culturelle, Debbosenegal est allé à la rencontre de la toute nouvelle conservatrice du Musée de la femme Henriette Bathily. L’établissement culturel a pris de nouveaux quartiers à la Place du Souvenir Africain. Mme GOUDIABY Mélanie Sadio agent fonctionnaire au ministère de la Culture et de la Communication, diplômée de l’Université Senghor d’Alexandrie (Egypte), spécialité Gestion des Industries Culturelles revient avec nous sur les raisons du transfert de Gorée à Dakar, le nouveau programme du Musée de la Femme et surtout les perspectives pour cet espace d’échanges culturels. Entretien…

 


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: le musée de la Femme est en train d’aménager à la Place du Souvenir depuis quelques mois, pourquoi ce transfert de Gorée à Dakar ?

Mme Mélanie Sadio Goudiaby,  Conservatrice du Musée de la Femme

Mme Mélanie Sadio Goudiaby, Conservatrice du Musée de la femme

M.S.G : effectivement, le ministère de la Culture et de la Communication a mis à la disposition du Musée de la Femme Henriette Bathily pour sa réinstallation, la coupole de gauche sise à la Place du Souvenir Africain et de la Diaspora (PSAD).
Pour rappel, le Musée de la Femme Henriette Bathily est le premier musée du genre en Afrique de l’Ouest et a été à l’origine de la création de l’Association Internationale des Musées de Femmes (IAWM) avec son musée jumeau, le Musée Evelyn Ortner de Merano en Italie.
Après 20 ans d’existence à Gorée (Pour mémoire, le musée a vu le jour le 17 juin 1994 sur une initiative de Mme Annette Mbaye d’Erneville, feue Mme Adama Wele et Mr. Ousmane William Mbaye), le Musée a été contraint de fermer ses portes en 2012, mais des activités hors les murs ont été menées. Pour l’année 2014, nous avons pu tenir une exposition d’œuvres de peintres féminins et des portraits retraçant « Deux générations de femmes … Une vocation » au WARC. Lors du 15e Sommet de la Francophonie dans le hall du Théâtre National Daniel Sorano, des « Panneaux biographiques de sénégalaise francophones contributrices de la promotion de la femme dans leur domaine professionnel » ont été présentés au public.

Les rencontres-échanges initiées, ont permis d’explorer le thème « Osons en parler, pour mieux agir : violences faites aux jeunes filles et aux enfants » avec les spécialistes Fatou Sow Dembel (sociologue), Fatou Kiné Camara (juriste, Présidente AJS), Dr. Jeanne Diaw (sexologue-Andrologue) et Pr. Babacar Samb (islamologue)

: Le transfert de Gorée à Dakar ?logo itw

M.S.G : il est d’abord guidé par le souci de se rapprocher d’un public plus large, et surtout de faciliter l’accès à ce public. Vous n’ignorez pas le pouvoir d’achat du Sénégalais parfois, peu favorable aux frais de transport (interurbain et chaloupe) et au tarif symbolique du ticket d’entrée au musée.

Le transfert du musée à Dakar et toute la campagne y afférent, serait une invite à découvrir et à s’intéresser aux merveilles du musée.
Autres raisons relatives au déplacement, il y a les difficultés de gestion, les frais d’entretien, de conservation, de renouvellement des collections.
Nous espérons que le nouveau programme saura retenir leur attention.

logo itw: justement, qu’ est-ce qui est prévu pour le lancement du nouveau programme du musée ?

Nous réfléchissons sur le caractère scientifique, artistique, culturel et multimédia des collections et contenus, mais surtout sur la mise en espace de l’exposition permanente et de deux expositions temporaires par semestre. Évidemment, des expositions thématiques seront programmées avec nos partenaires techniques et financiers …

logo itw: quelle touche nouvelle entendez-vous imprimer pour une meilleure visibilité du musée ?

M.S.G : à mon avis, le musée devrait s’organiser en réseaux dynamiques. Il renvoie à tous organismes, sites ou institutions qui concernent son domaine, les femmes. En ce sens, je rejoins James Clifford selon qui le musée modèle est pensé comme un espace de communication interactif où les cultures peuvent exploiter le musée autant que le musée les exploite. Je crois fermer qu’au-delà des cultures, le Musée de la Femme Henriette Bathily est amené à collaborer avec les femmes dans la vie active et les jalons sont déjà lancés avec l’exposition « Panneaux biographiques de sénégalaises et francophones contributrices de la promotion de la femme dans leur domaine professionnel ». Il s’agira de façon plus étroite de collaborer avec chaque femme, chaque organisation professionnelle féminine et chaque regroupement social de femmes qui œuvrent pour le développement et le bien-être de la famille tout entière.

logo itw : est-ce que ce sera juste un espace de découverte du patrimoine ou envisagez-vous d’en faire un cadre d’échange et de dialogue autour de la culture ?

M.S.G : pour cette question, je me permets de rappeler les quelques définitions relatives au musée. L’Unesco reconnaît cinq aspects fondamentaux au musée : « l’identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel ». Le Conseil International des Musées (ICOM) le perçoit comme « une institution au service de la société qui acquiert, conserve, communique, et présente à des fins d’accroissement du savoir, de sauvegarde et de développement du patrimoine, d’éducation et de culture, des biens représentatifs de l’homme « . La loi n°2002-5 du 4 janvier 2002 la définit en droit français de la manière suivante : « est considéré comme musée, au sens de la présente loi, toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la préservation revêtent un intérêt public et organisé en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public ».

À la lumière de ces définitions, il est clair qu’en plus de la conservation et de la préservation physique des objets de collection, le multimédia va occuper une place de choix. Ce formidable outil va contribuer à renforcer davantage les collections, à les rendre plus accessible (surtout concernant le public jeune) mais surtout à diversifier les formes de transmission de la connaissance selon des procédés instructifs et ludiques.

À travers les objets, nous aurons à raconter l’histoire de la femme sénégalaise, la culture … Nous comptons faire ressortir la diversité entre les ethnies au niveau des rituels, des cérémonies, des cultures …
Le musée a toujours été un lieu d’échanges et de dialogue. Des sujets importants d’actualité aux sujets dits « tabous » y ont été abordés. Fatou Kiné Camara et Madeleine Deves Senghor ont été des conférencières régulières. Ces rencontres seront multipliées et renforcées pour une contribution réelle du musée au partage de connaissances et de bonnes pratiques nécessaire à tout développement personnel, sociétal, professionnel et familial.

La formation de groupe de femmes a occupé une place de choix au musée : l’artisanat, la transformation des produits locaux, la broderie, la teinture … Les personnes vivant avec un handicap constituaient la cible principale pour une insertion certaine dans la vie active.
Dans ce nouveau lieu, un espace va être dédié à la promotion, à la monstration des arts au féminin : arts de la scène, arts visuels, arts culinaires …

 logo itw : quand est-ce vous compter ouvrir officiellement le Musée et qu’est qui est prévu à cet effet ?

M.S.G : l’ouverture sera pour très prochainement. Nous ne voulons pas avancer une date, car, nous avons encore besoin d’argent pour atteindre nos objectifs : les plans et maquettes sont déjà disponibles pour un coût assez élevé. Il faut reconstituer le l’espace et doter les collections de textes scientifiques, de quiz, de nouveaux supports physiques (vitrines, chevalets) et multimédias (écrans, panneaux lumineux multilingues) pour une visite « self-guided», visite autoguidée. Il est aussi prévu des espaces dédiés aux enfants et aux jeunes ; par extension aux parents.

Nous lançons alors un appel à toutes les bonnes volontés, aux internautes de DebboSenegal de faire leur don, car comme pour les institutions similaires dans le monde, la contribution des particuliers est importante.

Permettez-moi, au nom de l’équipe du Musée de la Femme Henriette Bathily, de remercier Monsieur Mbagnick Ndiaye, ministre de la Culture et de la Communication ; Mme Adja Sy (administratrice de la Place du Souvenir Africain et de la Diaspora) ; le Général Louis Duhau et le Capitaine Hervé Gode, Armée Française au Sénégal pour leur mansuétude et leur amabilité…
Je ne saurais terminer sans remercier et féliciter l’équipe de DebboSenegal pour leur professionnalisme, leur disponibilité et leur générosité. Pleins succès.

  : DebboSenegal vous remercie également.logo itw

 

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