Jeune chercheur, le Professeur Amadou Sall a naturellement gravi les échelons au sein de l’institut Pasteur en devenant le premier Sénégalais, voire Africain, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar. Marié et père de famille, Pr Sall s’est retrouvé tout comme les professeurs Seydi et Bousso, propulsé à la UNE des media avec l’apparition du Covid 19 au Sénégal.
De chercheur, le Pr Sall est passé responsable d’unité, puis directeur scientifique de l’institut Pasteur de Dakar. Et, au bout de 25 ans de carrière, au moment où il s’est posé la question d’avoir un nouveau directeur, il s’est permis de postuler et le choix s’est porté sur lui.
Son travail quotidien c’est, dit-il, essayer de porter l’Institut Pasteur de Dakar à un niveau d’excellence tout en tenant compte des réalités du pays. En effet, il estime qu’étant originaire du pays, il a une meilleure compréhension de certains besoins et une grande facilité vis-à-vis de certains problèmes, en tenant toujours compte des sensibilités locales. Son crédo, aucun pays n’est à l’abri d’une épidémie, d’où l’importance de s’entraîner régulièrement pour ne pas être surpris. Et cette attitude a été payante, car ayant mis en place un dispositif très efficace lors de l’épidémie d’ébola, son équipe et lui-même n’ont pas été pris au dépourvu par la pandémie du coronavirus.
Une réponse africaine par rapport au COVID 19
C’est ainsi que dès les premières heures de la pandémie, l’institut Pasteur de Dakar qui, seul, avec l’Afrique du sud était capable de dépister les cas de coronavirus a organisé 2 ateliers pour former une vingtaine de pays africains au dépistage des cas. L’Afrique du Sud ayant fait de même très rapidement c’est une quarantaine de pays qui se sont retrouvés prêts à faire face au Covid 19.
Pour le Pr Sall, l’Afrique affectée plus tardivement que les autres continents, a tiré des leçons des des réactions des autres. La stratégie qui a été mise en place pour contenir l’épidémie a été de ne pas procéder à un dépistage massif, qui présente des risques importants, compte tenu des capacités et des aspects logistiques. La situation du Sénégal ne le justifie pas d’ailleurs. C’est pourquoi, jusqu’à présent, il a été mis en place cette stratégie pour laquelle chaque personne considérée comme cas suspect est prélevée et son échantillon transmis pour test. Chaque contact considéré comme contact à risque va être prélevé et testé. Sinon, ce sont les malades qui sont hospitalisés qui sont testés. Et c’est cette stratégie qui correspond à notre situation qui, jusqu’à présent, nous a permis de maîtriser l’épidémie, précise t-il.
Augmentation des cas
Pour le Pr Sall, la stratégie adoptée par le Sénégal de ne pas procéder à un dépistage massif est toujours bonne. De toute façon, dit-il, aucun pays ne l’a fait, donc cela ne se justifie pas. La hausse du nombre de cas s’explique par le fait qu’il y a eu une quantité importante de tests qui ont été effectués avec une stratégie ciblée. De 500 on est passé rapidement à 1000 tests par jour, le résultat est que le pourcentage par rapport au nombre de dépistages reste dans les normes. Et le constat est que toutes proportions gardées, l’épidémie progresse moins rapidement qu’ailleurs.