On la voit pratiquement tous les jours, son masque bien en place, nous donner les chiffres du jour sur la pandémie du Covid 19. Mais qui est Dr Marie Khémes Ngom Ndiaye, Directrice de la Santé Publique du Sénégal qui n’a pas froid aux yeux et assène ses vérités quand il le faut face aux critiques quant à la stratégie adoptée pour lutter contre la pandémie.
Son parcours est exceptionnel. Dès la fin de ses études de médecine en 1991, Dr Ndiaye est tout de suite recrutée dans la fonction publique comme médecin chef adjoint du district sanitaire de Thiès. Ce qui n’est pas courant pour un étudiant qui venait de soutenir sa thèse de médecine. Elle explique cela par le fait que c’était à la fin des années d’ajustement structurel, donc il n’y avait pas eu de recrutement pendant qq années et toutes les promotions sorties cette année-là ont eu la chance d’être tout de suite recrutée dans la fonction publique.
C’est donc un médecin qui a gravit tous les échelons de la santé publique du bas de l’échelle à la direction de la santé publique qui défend aujourd’hui la stratégie de lutte contre le coronavirus. Pendant neuf ans elle évolue au niveau du district où s’exécute la mise en œuvre de la politique de santé du pays, ce qui veut dire la gestion de plusieurs centres de santé et postes de santé avec les comités de santé, ensuite elle migre vers la région médicale pendant 10 ans, elle devient ensuite chef de bureau au niveau central, chef de santé, chef de division, directrice de la lutte contre la maladie, et en fin de compte elle devient en 2017, première femme directrice de la santé publique.
C’est une professionnelle bien au fait de la politique de santé publique qui dirige ce département. Du point de vue social, dès son jeune âge, elle milite au sein de la croix rouge, des cœurs et âmes vaillants, du gouvernement scolaire au collège Pie 12 de Kaolack (et comme par hasard en tant que ministre de la santé), puis dans les mouvements navétanes et en fin comme syndicaliste, elle va diriger pendant quelques années le SAMES (le syndicat autonome des médecins du Sénégal).
Le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye sait donc bien se défendre quand il s’agit de défendre les stratégies mises en place pour combattre le coronavirus. Le 11 mai dernier, après la lecture du communiqué sur la situation du Covid-19, la directrice a fait une mise au point axée sur 4 questions essentielles.
Non respect des mesures sanitaires
« Nous avons remarqué que la maladie est en train de se propager de manière très grave dans le pays. Nous avons constaté que les populations commencent à se familiariser avec la maladie. Les gens ne respectent plus les gestes barrière, surtout la distanciation sociale qui est de 1 mètre minimum. Certains même disent que quand on porte un masque on est protégé, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas seulement le port de masque qui protège, mais quand on y associe tous les autres gestes barrière. On doit éviter aussi de se serrer la main, mais on voit que les populations continuent à le faire. On n’a pas aussi besoin de fuir ceux qui éternuent. S’ils ont un mouchoir, un papier, ils peuvent éternuer dedans puis le mettre dans la poubelle. Il faut respecter les consignes sanitaires, sinon on aura du mal à se débarrasser de cette maladie du coronavirus », a dénoncé la directrice de la Santé Marie Khemesse Ngom Ndiaye.
Tests effectués par des individus à domicile.
La directrice de la Santé s’est voulue claire et ferme en ce qui concerne cette démarche qu’elle condamne. Selon Marie Khémesse Ngom Ndiaye, « le personnel de santé chargé de lutter contre le coronavirus est doté chacun d’un badge professionnel. Nous nous battons jour et nuit pour freiner la maladie, alors il ne faut pas qu’on en profite pour détruire ce qui a été construit jusque-là. Interpol nous a mis en garde contre les détracteurs des règles sanitaires. Il y’a un produit dénommé « Uni-Gold ™ HIV », certains qui sont de mauvaise foi l’utilisent pour dire qu’ils effectuent des tests ou soigner le coronavirus. Ce produit est fabriqué et commercialisé par Trinity Biotech plc. Ils ont mis des dates de péremption etc. C’est un faux médicament. Le Gouvernement avec le ministère de la Santé a pris toutes les dispositions pour lutter contre ça ».
Sur l’artemisia…
« Nous remercions le président de la République Macky Sall. Quand son homologue lui a donné des doses d’Artemisia, il les a mises entre les mains des spécialistes du ministère de la Santé. Ces feuilles de l’Artemisia existent au Sénégal, même si nous n’en avons pas beaucoup. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que ces feuilles existent mais leurs effets sont différents. Il y en a de curatif mais d’autres ont d’autres effets. Nous connaissons cet arbre parce que quand on a éliminé la Nivaquine, c’est ce qu’on utilise sous le nom de artemisiline. Mais quand on l’a utilisé contre le paludisme, nous avons remarqué que ses effets n’étaient pas importants parce que la maladie ne diminuait pas. Alors on l’a encore changé avec un décret. On ne va pas dire que l’Artemisia venu de Madagascar n’est pas bon. Nous faisons des essais thérapeutiques et c’est là qu’on jugera après de son efficacité ou non. Les gens spéculent sur ça sans parler avec les responsables de la Santé du pays. Nous ne fermons la porte à personne », a déclaré Marie Khémesse Ngom Ndiaye sur l’Artemisia.
SENSIBILISATION
La Directrice de la Santé exhorte les populations à faire confiance au ministère de la Santé. « Faites nous confiance. Si vous respectez ce qu’on vous dit, avec la stratégie qu’on a mis en place, nous allons vaincre très rapidement cette maladie. Mais pour que cela puisse se faire, il faut que vous suiviez scrupuleusement les consignes sanitaires ».