Jeune femme vivant à Genève, en Suisse depuis plusieurs années, Mme Ndiémé Ndiaye est une femme de tête et de coeur. Dans la Suisse exigeante en matière de qualité, elle a su créer sa gamme de produits cosmétiques « KARITEDIEMA » et gagner haut la main le label qualité suisse. Mais Mme Ndiaye est aussi adepte comme l’ont surnommée les journalistes suisses des «cosmétiques équitables et non du commerce profitable » Son crédo, lutter contre la pauvreté, créer des emplois et respecter l’environnement. De passage au Sénégal, elle a accepté de recevoir l’équipe de Debbosénégal pour nous parler de son parcours.
Une femme africaine dans le cœur du développement durable, une militante pour la justice sociale et l’égalité des chances.
COMMENT EN ETES VOUS ARRIVEE A CREER LES PRODUITS KARITEDIEMA ?
En 1996, j’avais des allergies et j’étais tout le temps chez les dermatologues. Je prenais même des corticoïdes, mais cela ne s’arrangeait pas. Un jour, ma mère m’a offert un pot de karité, c’est ce baume précieux qui a réglé mes problèmes d’allergies récurrentes. Cependant, le karité avait une odeur caractéristique qu’il fallait dompter. Par curiosité d’essai à essai, j’ai pu la neutraliser avec des huiles essentielles de hautes définitions biologiques. C’est de là qu’est née mon invention.
Je me suis dit qu’il serait dommage que les autres n’en bénéficient pas. D’où l’idée de faire une gamme de produits naturels qui ne nuit ni à la personne, ni à l’environnement avec la marque « karitédiéma » qui incarne qualité, humanité et bien être.
QUELLES DIFFICULTES AVEZ-VOUS RENCONTREES POUR CREER UNE ENTREPRISE DANS UN PAYS AUSSI EXIGEANT QUE LA SUISSE ?
La principale difficulté rencontrée a d’abord été d’être une africaine qui promeut un produit venant d’Afrique, sans argent, dans un pays où les cosmétiques ont une bonne réputation. Qui dit suisse, dit produit de qualité. On me claquait souvent la porte au nez. Mais comme la détermination était mon moteur, chaque « non » me poussait vers l’avant. Je me disais que c’est à moi d’aller chercher le « oui ». Je ciblais ainsi des personnalités qui ont eu des problèmes de peaux graves, je leur offrais mes produits en sachant qu’elles reviendraient vers moi avec satisfaction. Et le « oui » est arrivé. j’ai eu la chance d’introduire mes produits dans les grandes pharmacies stratégiques de Genève, la chaine de magasins « Nature et Découverte » , les magasins diététiques, les instituts de beauté…
D’OU PROVIENT LA MATIERE PREMIERE, LE BEURRE DE KARITE ?
De 2004 à 2013 la matière première nous venait du Burkina Faso, mais de 2013 à nos jour nous nous la procurons ici, au Sénégal.
OU SE FAIT LA TRANSFORMATION, EN SUISSE OU AU SENEGAL ?
Une partie au Sénégal (ramassage, dépulpage, séchage, torréfaction, mouture, barattage, cuisson, décantation, filtrage et conditionnement) ;
Et une autre en Suisse (transformation en cosmétiques et en chocolat).
PARVENEZ VOUS A VIVRE DE LA COMMERCIALISATION DE VOS PRODUITS ?
Non pas encore, comme je n’ai pas de financement, je vends et je réinvestis pour développer le business.
QUELLE SATISFACTION RETIREZ VOUS DE LA CREATION DE VOTRE ENTREPRISE ?
La première est le fait d’avoir lancé un business social innovateur, qui est la première phase cluster économique au Sénégal associant les partenaires locaux, publics et privés autour de la RSE karitédiéma. Ceci dans le but de lutter contre la pauvreté, de favoriser l’autonomisation des femmes, et de respecter l’environnement. Ces points qui font partie entre autres des sept (07) objectifs millénaire de développement de 2015 (OMD) avec un espace bilatéral inverse SUD-NORD.
Etant africaine militante des droits humains, je refuse qu’on nous dise que l’Afrique est pauvre. Raison pour laquelle j’ai lancé ce business modèle qu’on peut dupliquer dans toutes les régions d’Afrique, car créant de l’emploi même à l’international. Avant n’importe qui, c’est nous qui devons nous décomplexer et croire en notre continent. L’Afrique est le berceau de l’humanité. Il suffit de développer, transformer, valoriser et commercialiser sur le plan national, régional, et international nos produits. Ce qu’on appelle la chaîne de valeur. Chaque étape est une occasion de création d’emploi.
Comment peut-on accepter qu’on nous fasse croire que notre continent est pauvre ?
Posons-nous des questions ?
L’Afrique est une mère qui a donné à ses enfants tout ce dont ils ont besoin. Mais c’est nous qui avons des problèmes :
– de leadership
– d’égo
– de méchanceté
Il nous faut je pense une école de lavage de cerveau et de cœur, dans le bon sens.
ET QUELS SUCCES AVEZ-VOUS RENCONTRES ?
Dieu merci j’en ai eu plusieurs.
1996 : médaille de bronze au salon international des inventeurs à Genève
2002 : médaille d’or au salon international des inventeurs à Séoul en Corée du Sud
2007 : prix union européenne des femmes inventeurs à Berlin
2007 : prêt de mon image aux nations unis
2007 : mon projet pris comme support de cours sur le changement de management à l’université MBA à Nancy
2009 : palme d’excellence de la femme Noire Performante, décernée à KINSHASHA par la première dame Madame KABILA
2012 : nominée à Davos, prix lutte contre l’exclusion et l’esclavagisme des êtres humains
COMPTEZ VOUS RENTRER AU SENEGAL OU RESTER EN SUISSE ?
Rentrer au bercail est mon plus grand souhait, raison pour laquelle j’ai créé une société qui s’appelle « Dialoré Help and Win » qui a de grandes perspectives.