Les célèbres Nana Benz, ces Togolaises, reines du commerce local, ont envoyé leurs filles étudier dans les plus grandes écoles. Aujourd’hui, elles leur transmettent les clés de leur affaire et de leur savoir-faire. Résultat, une nouvelle génération de femmes d’affaires est née : les « Nanettes »
Dans les années 80, des femmes togolaises ont révolutionné le commerce local et régional. Au départ, simples revendeuses de pagne puis de prêt-à-porter féminin, les Nana Benz vendent aujourd’hui de tout. Fortes de leur succès sur le plan commercial, ces redoutables femmes d’affaires étaient les premières à pouvoir s’offrir des berlines de la célèbre marque allemande. Cependant, confrontées à de nombreux défis tels que la dévaluation du franc CFA, la crise économique des années 1990 et la concurrence chinoise, l’âge d’or du commerce du pagne semblait être révolu. Pour redorer le blason, le passage à une nouvelle ère s’avère la seule solution envisageable.
Dotée d’un sens de la créativité inouï et de persévérance, la nouvelle génération de Nana Benz, les « Nanettes » use d’imagination pour faire progresser les chiffres d’affaires de leurs entreprises.
L’introduction de labels par les « Nanettes » a permis au secteur de perdurer tout en garantissant une qualité face au marché de la contrefaçon chinoise. Désormais, l’heure est à la diversification. Assise derrière son bureau situé au troisième étage d’un immeuble flambant neuf qu’elle vient de transformer en un hôtel, Adèle Ameganvi est l’exemple type de cette nouvelle classe de Nana Benz qui a su diversifier ses activités pour exister dans le commerce du pagne devenu très concurrentiel. Désormais, leurs ressources économiques issues du commerce du pagne sont investies dans d’autres domaines comme le foncier. « La sagesse dans la prise de décisions concernant les investissements reste un ingrédient essentiel pour continuer à exister malgré la concurrence. J’ai décidé d’investir dans l’immobilier car c’est un secteur d’avenir. La valeur d’un label de pagne peut déprécier avec le temps mais celle d’un immeuble va toujours augmenter », confie-t-elle.
S’il n’existe pas de chiffres concrets sur les activités de ces femmes d’affaires, tout porte à croire que, grâce à la stratégie de marketing et à la politique de diversification, la nouvelle classe fait mieux que ses aînées. Selon des sources proches du ministère du Commerce, elles jouent un rôle primordial dans le secteur privé au Togo où les femmes représentent 52% de la population active et contribuent à hauteur de 29% de la richesse nationale. Le secteur est capable de dégager un chiffre d’affaires annuel pouvant atteindre deux milliards de francs CFA, selon les mêmes sources. L’ensemble de la profession emploie un effectif estimé entre deux et quatre mille personnes. Toutefois, les incendies du marché central de Lomé en janvier 2012, considéré comme le point névralgique de ce commerce, ont aussi contraint certaines revendeuses à la reconversion. Malgré les défis, la nouvelle génération a pérennisé ce commerce en créant des entreprises qui ont généré de nombreux d’emplois.
Reste à savoir si le nouveau modèle économique qu’elle propose, basé sur la diversification, sera ou non pérenne.
source : women in Africa