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« Ma maison comme ma création »

« Ma maison comme ma création »

Construire sa maison comme on l’a rêvée, la décorer comme on le souhaite, beaucoup de gens le veulent, mais peu le réussissent ! D’une part, parce qu’il faut être un peu artiste pour dessiner son plan architectural et ensuite parce qu’il faut souvent avoir les moyens de s’offrir ce luxe. Pourtant, certains y arrivent.

Etre son propre architecte, c’est bien possible.

On se rend compte de plus en plus à Dakar, que de belles demeures ont été construites par leur propre propriétaire sans l’aide d’un architecte. Ces proprios sont des passionnés de belles maisons, des connaisseurs, des créatifs ! Je ne parle pas des charlatans qui, par souci d’économie, font l’impasse du travail architectural au risque de voir l’immeuble s’écrouler du jour au lendemain en créant de graves désastres. Non. Je parle bien de ces amoureux de la bâtisse qui appréhendent leur maison et sa construction comme une œuvre d’art en prenant toutes les précautions possibles pour  la réussir.

Nous avons rencontré Mme Guissé, une créatrice de mode, qui vient de terminer la réfection de sa vieille maison de la SICAP. Située au quartier Liberté 2, tout près du stade Demba Diop, la maison de Mme Guissé est passée de la terrasse simple à un R+2 magnifique, toute blanche, avec des balustrades et des balcons en couleur saumon. La dame, qui est styliste, avoue avoir dessiné chaque détail de sa demeure. Des fers forgés aux balcons, des chambres à l’espace familial, en passant par les cuisines, elle n’a négligé aucun détail pour transformer son 500 m2 d’habitation. Elle a fait en fonction de la taille de sa famille qui, en plus de ses enfants mariés, compte aussi ses petits-enfants. Elle a tenu à mettre tout ce beau monde à l’aise en leur allouant à tous des espaces privatifs, conçus comme des lofts avec une grande capacité de moduler chambres, salons et cuisines. La demeure compte en plus des dépendances pour le personnel de maison : gardiens et domestiques !

Pour transformer sa maison, Mme Guissé a préféré se faire aider par un ingénieur en génie civil, spécialiste du béton armé. L’architecture, elle savait le faire parce qu’elle savait exactement ce qu’elle voulait. Ce qui a été déterminant pour elle, c’était d’avoir plus de lumière ! Elle tenait à habiter une maison lumineuse, éclairée par la lumière du jour, parce « qu’elle trouve trop dommage de ne pas profiter au maximum de l’ensoleillement du pays ! » Alors, en concevant déjà la fondation, elle a tenu compte des aérations et des orientations qu’il fallait donner aux balcons afin de capter les courants d’air et de maximiser la pénétration du soleil dans la maison. « A la base, je suis une créatrice, alors j’appréhende la construction comme de la couture », dit-elle.

En 23 mois, à raison de 3 heures de présence tous les jours aux côtés des ouvriers, (elle délaissait son atelier de couture pour venir superviser les travaux), Mme Guissé a réussi à transformer sa maison en une gigantesque  demeure du genre vénitien dont elle est très fière. « Je suis inspirée par la France d’outre-mer, les maisons du temps des colons avec de hauts plafonds  et des grandes fenêtres », nous confie-t-elle. Quand le gros œuvre a été fini, notre passionnée de l’archi est allée acheter son matériel de décoration en Chine. Guangzhou ! Il paraît que c’est la place pour tout ce qui est matériel de maison : des portes aux sanitaires, des carreaux à la peinture, du mobilier de maison aux cuisines emménagées, en passant par les luminaires, tout y passe. Il suffit de remplir son ou ses containers et de tout convoyer, prêt à l’emploi, sur Dakar.

Mme Guissé nous explique que l’avantage d’aller en Chine réside dans le fait qu’on peut acquérir du matériel de qualité, avec un fini de qualité et à moindre prix. Cela dépend bien sûr de son budget. Elle a préféré faire les showrooms parce qu’elle dit y trouver plus de choix, mais en revanche, les produits y sont plus chers. Mais selon le goût et le pouvoir d’achat du client, le choix en Chine est infini, varié, moderne et adapté. Cependant, elle avertit de ne pas tout prendre comme argent comptant, car « là bas aussi, il y a de la camelote avec un bon maquillage », nous prévient-elle.

Bien sûr, notre hôtesse a essayé de faire travailler l’artisanat local avant d’opter pour Guangzhou, mais elle a déploré le manque de sérieux de son menuisier métallique qui lui a raté une première fois ses fers forgés, le fini approximatif du travail de son menuisier bois sans compter les délais de livraison non respectés, etc. Sa conviction est que notre main-d’œuvre locale n’est pas bien qualifiée. Même pour la peinture, il a fallu repasser deux fois avant d’obtenir l’aspect « patiné » qu’elle souhaitait. Elle l’avoue, elle est difficile en matière de construction et elle n’hésite pas à tout défaire pour obtenir le résultat souhaité.

Cependant, au bout de tant d’effort, Mme Guissé a réussi à avoir la maison qu’elle souhaitait pour elle et sa famille. En fine gourmette, elle s’est emménagé une cuisine hyper moderne qui est plus un espace de vie qu’un lieu d’interactions  gastronomiques, une cuisine qui abrite un salon et une télévision HD grand écran ? Le Sénégalais lambdas diraient : « Cey Mme Guissé ! »

Un bel exemple de créativité fertile et d’amour de son sweet home sweet.

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