Le madd ou Saba senegalensis est issu d’une plante en forme de liane grimpante pourvue de rameaux armés de vrilles terminales qui lui permettent de s’accrocher aux branches des arbres. Ce fruit est une baie ovale de 6 à 8 cm à surface bosselée et à pulpe acidulée riche en glucide (18,5 %) et en vitamine C (0,48 %). Debbosenegal a essayé de cerner les circuits et le poids économique de ce produit forestier très apprécié des Sénégalais. Le Madd présente aujourd’hui un enjeu économique indéniable. Ce commerce, bien que non encore étudié de façon détaillée, procure des revenus à des milliers d’individus (producteurs, vendeurs, transporteurs), aux communes et à l’État à partir des taxes qui sont versées. La principale contrainte rencontrée dans ce domaine se situe dans le peu de renseignements disponibles sur les statistiques, sur l’amélioration des techniques de production et sur l’organisation du circuit de commercialisation.
La cueillette aux femmes
Le « maad », ce produit de cueillette très prisé par les citadins vient au secours des producteurs confrontés aux difficultés de soudure. Dans cette zone, sur l’axe Kédougou Fongolembi où l’hivernage s’installe timidement, la cueillette occupe essentiellement les femmes qui revendent les fruits sur les marchés hebdomadaires de Dimboli ou de Fongolembi à des commerçants itinérants « bana-bana ». Le produit de la vente de ce fruit est utilisé en appoint à la dépense journalière que les chefs de ménage ont de la peine à assurer. Ces dames qui parcourent des kilomètres pour la cueillette et la commercialisation sont indispensables au dispositif de survie de ces ménages. Elles partagent fort heureusement les responsabilités. Ici, comme l’affirment les hommes, la « parité » a du sens.
Données statistiques peu structurées
Au Sénégal, l’exploitation à titre commercial des produits forestiers est assujettie au payement d’une redevance fixée par décret.
Les autres produits forestiers non-ligneux, comme le madd quant à eux, ne font pas l’objet de quotas. Leur exploitation est faite par toute personne membre ou non d’organismes agréés qui se serait, au préalable, acquitté de la redevance fixée à cet effet ; les zones d’exploitation sont les jachères, les forêts de terroir et les forêts classées. Il est à noter que les populations riveraines des formations forestières jouissent d’un droit d’usufruit pour leur besoin de consommation. Les quantités ainsi concernées ne sont pas soumises à une taxation ; par conséquent leur exploitation ne fait pas l’objet d’un contrôle.
Les statistiques disponibles sur l’exploitation du madd ne permettent pas de faire la différence entre la quantité exploitée et la quantité commercialisée. Or, l’importante place de ces produits dans la vie des populations permet, sans données quantitatives, de dire que la quantité exploitée est largement sous-estimée du fait de cette consommation locale non prise en compte. Il s’y ajoute l’existence d’un petit commerce au niveau des villes proches des zones d’exploitation et pour lequel les quantités n’ont pas fait l’objet d’un acquittement de la redevance forestière. Une enquête sur ces questions, complétées par l’amélioration de la collecte des données, permettrait de mieux cerner les quantités réellement exploitées. Toutefois certaines estimations somme toute assez fiables de la production moyenne de madd la situent entre 210.000 et 300.000 kilogrammes.
Le marché Syndicat :
Ce marché situé entre Tally bu bes et Tally tally bu mag est le lieu privilégié de débarquement de fruits tropicaux tout-venants. Il est approvisionné à la saison et à partir de toutes les régions du Sénégal et de la sous-région. En effet, c’est un lieu de débarquement et de distribution au gros pour plusieurs produits parmi lesquels on note : le madd, la mangue, la pastèque, le pain de singe et l’arachide en coques fraîches, etc.
L’arrivée du madd à Dakar
Comme dans les autres marchés, des intermédiaires se chargent de la réception et de la distribution des produits. On les appelle « Coxeur ». Le madd qui nous vient du Mali et de la Guinée Conakry est commercialisé essentiellement par des ressortissants maliens et guinéens. Afin de rentabiliser leurs déplacements vers le Port Autonome de Dakar, les camionneurs maliens convoient le madd et la mangue du Mali vers ce marché pour les écouler.
Rien qu’au marché de gros Syndicat, la commercialisation du madd occupe plus de 100 commerçants ½ grossistes et une soixantaine de grossistes. Un grossiste vend près de 10 sacs de 70 Kg en moyenne par jour, là où un ½ grossiste en commercialise 1 et se fait une marge de 5 000 FCFA /jr nous dit un revendeur de madd, natif de la région de Kaolack qui en a fait son activité durant toute la période de la disponibilité du produit. La chaîne de distribution de ce fruit s’étend sur les marchés secondaires de Dakar et de l’intérieur ainsi que dans les quartiers. La chaîne de distribution de ce fruit s’étend sur les marchés secondaires de Dakar et de l’intérieur ainsi que dans les quartiers.
Les modes de consommation
L’importance de la quantité auto consommée varie suivant les zones d’exploitation. L’étude sur la faisabilité financière d’une unité de collecteur de produits forestiers de cueillette réalisée par le Projet de Reboisement du Sénégal révèle que cette quantité peut être estimée à 47,5 kg de maad par ménage durant la saison de production et que cette quantité peut toutefois être plus importante si la période de production coïncide avec la période de soudure en milieu rural.
En zone rurale, le jus de maad est souvent consommé avec de la bouillie de céréale. Toutefois, en zone urbaine, les enfants et les femmes consomment la pulpe assaisonnée avec du sel, du sucre ou du piment. Le maad est aussi utilisé dans certains ménages pour relever le goût des repas ou transformé en boisson sucrée ou en confit. Jadis réservé aux femmes, le madd est, de nos jours, consommé par les garçons.
Jeunes et moins Jeunes s’arrachent ce fruit tropical. Les vendeuses devant les écoles s’en frottent les mains. Quelques noix de ce fruit sauvage bouillis au feu doux, assaisonnées de sucre, de sel et d’un peu de piment fait saliver les élèves pressés de se faire servir. Le menu est prêt. Les élèves s’y mettent à cœur joie. « A cette période de l’année, le commerce de madd connaît une nette amélioration en terme de bénéfice » avouent les vendeuses. Face à cette forte demande des consommateurs, la qualité du service connaît un saut qualitatif. « Autrefois, on utilisait le doigt pour la consommation, mais de nos jours, c’est avec une tasse à jeter et des pincettes qu’on le déguste » souligne la vendeuse le sourire aux lèvres.
Valorisation des techniques d’utilisation et exportation
L’Institut de Technologies Alimentaires (ITA) et plusieurs entreprises comme Esteval ont fourni d’importants efforts pour la mise au point de techniques de valorisation de certains fruits forestiers (fabrication et commercialisation de jus, de marmelade, de confiture et de sirop) dont le madd.. Certes, la transformation artisanale est peu développée en milieu rural, mais, certaines expériences se développent ; c’est le cas de celle de l’Association des Jeunes Agriculteurs de la Casamance (AJAC) et de certains groupements encadrés par les projets forestiers ou les Organisations Non Gouvernementales (ONG) telles qu’ AFAO, relative à un développement des techniques de transformation du madd et autre produits non ligneux.
L’essentiel des exportations sénégalaises de madd proviennent de la production des entreprises transformatrices. Il y a là de nouvelles opportunités de mise en réseau et le projet accroîtra la contribution de la filière madd à la création d’emplois, au renforcement du rôle économique des femmes (qui représente plus de 80 % des travailleurs et récolteurs de maad) et à la réduction de la pauvreté au Sénégal.
Perspective de développement de la filière madd
Longtemps encore, le commerce des produits forestiers non-ligneux tels que le madd, plus accessibles et demandant peu d’investissements continuera à se développer du fait surtout de la détérioration des facteurs économiques et de la crise de la balance de paiements. Par ailleurs, le secteur devenant de plus en plus porteur, les ressources forestières seront davantage sollicitées.
Ceci constitue autant d’opportunité permettant d’envisager un développement de l’exploitation, donc de la commercialisation, des produits forestiers non-ligneux en général. Toutefois avec d’une part, la politique de décentralisation mise en œuvre depuis 1996 et qui transfère la gestion des ressources naturelles aux Collectivités locales et d’autre part, les stratégies d’aménagement mises en œuvre avec implication et responsabilisation des populations locales environnantes, l’on devrait assister à une meilleure organisation à la base. En effet, les modèles de gestion qui seraient mis en place s’appuieront sur une organisation des populations locales en comités de gestion.
À court terme, les stratégies développées permettront d’envisager une diminution des pertes de production ; ce qui contribuerait à une augmentation de la production nationale. Toutefois, avec l’accroissement de la population, les besoins vont augmenter. Ainsi, une bonne gestion des ressources impliquant et responsabilisant les populations à la base est indispensable faute de quoi, la pression sur ces ressources entamerait leur développement.
Références Bibliographiques
– Essences forestières fruitières et alimentaires étude FAO- Forets 44 / 1.
– Eude de la filière des produits forestiers de cueillette PROGEDE- avril 99.
– Environnement africain- Fiches techniques – ENDA-.