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Le Défi de Mariam Bathily

Beauty & Relax, c’est le nom qu’elle a donné à son institut.

Un spa, des plus courus de Dakar. Quand on y pénètre, on est pris dans un havre de paix et de sérénité. La musique douce est partout, les effluves de lavande, mêlées à l’eucalyptus ou à l’odeur de l’arbre de thé vert finissent de vous dépayser, vous emportant dans les jardins du Taj Mahal alors que vous êtes bel et bien à Dakar.

Je me suis toujours demandé comment Mariam Bathily a réussi cette prouesse de créer ici, cet espace de bien-être dans lequel, on pénètre noué de stress et tendu comme un arc et duquel on sort détendu, et de nouveau revigoré et confiant !

Beauty & Relax - mariam bathilyAlors je me suis décidé à lui demander. « C’est un vrai défi » me dit-elle. Un projet qu’elle a mis cinq ans à bâtir en passant par monts et par vaux. C’est l’histoire d’une jeune sénégalaise d’origine malienne qui a vécu 14 ans en Europe où elle est partie jeune. « J’ai vécu en France et en Suisse » raconte elle ; « mais c’est en Suisse que j’ai commencé à faire du business. D’abord, on a investi dans les produits alimentaires, notamment le poisson et les fruits de mer. En effet, il y avait de plus en plus d’africains qui venaient vivre à Genève du fait de leur affectation au siège des Nations Unies. Ces derniers recherchaient des produits alimentaires de chez nous. Le commerce du poisson a tout de suite marché. »  Elle se levait à 4h du matin, allait chercher le poisson frais au marché pour venir le proposer dans sa boutique ou le livrer à ses clients. Mariam a réuni assez d’argent dans cette filière et en regardant autour d’elle, cette fille perspicace a compris que c’est le business du luxe qui va la rendre riche. En effet, Genève étant une ville cosmopolite de gens aisés, elle voyait partout ses amies investir des fortunes dans des produits de luxe : bijoux, montres, habits, maroquinerie, voitures, etc. Mariam a décidé de créer un institut de beauté ! « Les suisses sont des gens très ouverts d’esprit. Au début, ils se sont étonnés de voir une africaine ouvrir un institut à l’aéroport de Genève dans une des places les plus selectes de la capitale mais tout de suite, ils s’y sont intéressés » se souvient elle. « J’avais une équipe bien formée avec des françaises, des asiatiques, des suissesses. Soins du corps et du visage, massages, balnéothérapie etc. tout y passait. Les banques aussi m’ont suivie et aidée. » Cette expérience a été des plus fructueuses pour la jeune sénégalaise native de Thiès. Et c’est au regard de ce succès, amoureuse du bien-être et des challenges qu’elle a un jour décidé de rentrer au pays au bout de 14 ans ! Pourquoi ne pas développer ce business chez soi ? Les européens sont-ils les seuls à mériter de profiter de ses soins et de son savoir-faire ? Non. Alors, elle a rassemblé armes et bagages et elle est revenue les idées pleines la tête. Elle voulait investir dans les deux domaines qu’elle connaissait bien : le poisson et le bien-être. Et premier choc ; le marché du poisson ? Hyper saturé au Sénégal ! Pas moyen de le pénétrer. Il lui restait le spa. Là aussi dit-elle « c’est un monde fermé ici en Afrique ». D’abord il  n’y a pas de formation sérieuse dans ce domaine, comme le lui a offerte son école Christiane Bordeau de Suisse. « Il n’y a qu’une formation de base » et en plus, il était difficile de réunir une équipe comme elle le souhaitait, constate Mariam. Il a fallu qu’elle se décide à les former elle-même. Ensuite, gros problème « ici les banques ne font pas confiance aux émigrés qui rentrent. Elles vous demandent des garanties et ne vous accompagnent pas dans vos projets. En fait, les banques n’ont développé aucun produit adapté à la réinsertion des gens de la diaspora ». Mariam a dû y aller sur ses fonds propres pour ouvrir son espace de beauté. « Je suis rentrée fin 2006 et il a fallu attendre 2008 pour que je puisse créer mon entreprise et ouvrir mon espace. Et c’est au bout de  trois ans seulement que cela commence à rouler comme je le veux. » Elle nous explique que l’aventure fut rude et parfois même désespérante. Cependant, il fallait y croire et persévérer. Le conseil qu’elle donne aux femmes de la diaspora qui veulent rentrer ouvrir leur business au pays c’est de bien étudier le marché avant de venir car il y‘a beaucoup de difficultés qu’on découvre une fois sur place, malgré les promesses et les lois incitatives. Il faut aussi se donner beaucoup de temps et s’inscrire sur le long terme conseille t-elle. « Rien n’est évident ici en Afrique ! »

Aujourd’hui Mariam Bathily, la perfectionniste  se dit fière d’avoir relevé le défi d’être une femme chef d’entreprise en Afrique, de créer des emplois, avec une équipe bien formée comme le soulignent ses clients satisfaits. Etant donné qu’elle vient de compléter des cours de décoration intérieure, elle envisage de déployer ses activités bientôt au Mali, sa deuxième patrie afin de se donner un nouveau challenge.

Sacrée Mariam !

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