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La plus In des Off de la biennale 2016 : Subabiennale !

Le 5 mai dernier le Centre Internationale de Conférence Abdou Diouf (CICAD) refusait du monde pour le vernissage de Subabiennale sur le thème de « It’s all about emerging art ». L’exposition a été initiée par trois jeunes promoteurs culturels Mo Sow, Mariam Selly Kane, et Salimata Diop qui ont eu l’idée de monter cet événementiel dans le cadre du OFF au CICAD afin de faire découvrir aux sénégalais cette belle œuvre architecturale. En effet, beaucoup de sénégalais n’ont pas eu l’occasion de faire le déplacement à Diamniadio pour visiter le CICAD. Ce fut donc une bonne occasion et il faut dire que le cadre s’y prêtait.

lagos photo

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Dès l’entrée, les méga œuvres des sculpteurs Ousmane Mbaye et Marc Montaret habitent le jardin du CICAD. Composées de chaises hautes ou basses tout en fer forgé peints en blanc du premier et des objets en résine noirs et blancs multiformes du second, on pense de premier abord que ces objets font partie du décor du CICAD, tellement ils s’y prêtent à merveille. D’ailleurs, l’Etat gagnerait à en acquérir pour de bon à l’image des géantes sculptures d’Ousmane Sow qui ornent déjà le hall du centre.

L’expo commence par l’installation « les fantômes de la mer » du sud-africain Bruce Clarke, peints sur toile, ces peintures représentent des hommes et des femmes dont les images semblent se refléter sur l’eau. Les formes sont peintes comme sur des vagues qui ont l’air d’onduler sur la toile, impressionnant ! Bruce rend hommage aux réfugiés politiques et économiques victimes du trafic humain transméditerranéen.

Plus loin, ce sont les photographies de Lagos photos présentées dans le cadre d’une collaboration avec AKAA (also know as africa) première foire parisienne d’arts contemporains et de design sur le prisme de l’Afrique. Pour Subabiennale 2016, ils ont présenté une exposition sur le thème de l’afrobeats intitulés « identités en transitions ». Des photos extraordinaires où les personnages semblent sortir du cadre, combinés avec une installation audio, des ipod distillent en continu les grands succès de la musique nigériane, le high life et la rumba du roi Féla Kuti en passant par Fémi, les Psquare, ou encore Davido. Cette musique  en traversant le temps s’est digitalisé et a envahi le monde notamment le continent américain. En transcendant la musique, la politique, la mode, LagosPhoto festival qui est le plus grand festival de photo au Nigeria offre avec cette expo une bonne preuve de l’Afrique en mutation.

 

Sur un mur, Subabiennale a présenté une installation vidéo de Loza Maleombo. Impressionnantes ! De Néfertiti à la femme portant un ordi sur la tête, les créations de la jeune styliste abidjanaise qui vit à los Angeles et qui s’est fait connaitre à travers les clips de Beyonce qu’elle a habillé en wax sont présentées sous forme de photos tout simplement particulières. L’artiste présente à Diamniadio a eu le bonheur d’expliquer son travail aux amateurs. Elle incarne vraiment le renouveau de la création plastique aujourd’hui en Afrique.

Les designers ne sont pas en reste. Un autre invité de taille Africa design days, le plus prestigieux festival de design du Maroc de Hicham Lahoud a présenté un collectif de 5 à 6 designers des plus connus d’Afrique à Subabiennale. Parmi eux, on pouvait compter Bibi Seck avec ses meubles en plastique recyclé, Ousmane Mbaye avec ses meubles en fer forgé, Hicham a installé une « chécha » de dernière génération ; il y avait aussi Cheikh Diallo entre autres.

De l’autre côté, les saisissantes photos de Leyla Adjovi, qui vit et travaille à Dakar sur le thème de l’absence, de l’immigration. Des femmes seules, abandonnées par leurs compagnons qui sont loin avec écrit à la craie des textes de Fatou Diome sur la solitude des femmes d’hommes qui sont partis.

Dans un coin pop-up concept store, des artisans tisserands, Layou qui fait dans le textile et les bijoux, Sophie Zinga qui fait dans le pagne et les robes en wax, Faty Ly et ses belles assiettes peintes à la façon sous verre etc. se sont installés et parfaitement intégrés à l’expo des plasticiens sous la direction de Salimata Diop. Un peu plus loin encore, la petite expo de DHL représentant avion et cargo de transport des marchandises faisait un effet inattendu.

Les poteries du béninois King Houndekpinkou semblent être sorties des temps anciens ; au design spécial, elles sont comme sorties d’un musée archéologique. Elles sont difformes et esthétiques en même temps ; ce sont de véritables pièces d’art bien pensées et très contemporains. Ces poteries trônent fièrement en ouverture de hall pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs.

Dans le musée si prestigieux du CICAD où se trouvent bien installées des œuvres de Souley Keita, Kiné Aw ou encore  Fodé Camara, Subabiennale a pu loger des photos de Aida Muluneh, un hommage aux femmes d’Ethiopie, de Delphine Diallo, en noir et blanc, de Malin Faizehai ou encore des photos représentant des scènes de vie comme un couple qui danse et qui s’intitule «au bal » captivant le visiteur à tel point qu’on a du mal à s’en détacher. Avant d’accéder au musée, on passe devant le casque de moto « customisé » du béninois Emo qui semble bizarroïde avec son écran multimédia intégré. Sans oublier les beaux personnages signés Ousmane Sow d’une beauté incroyable et au fini parfait qu’on ne se lasse pas d’admirer.

En outre, dans l’esprit d’un jam mix et d’une volonté de mêler sons et lumières, les organisateurs ont pensé à une animation permanente que Mao Sidibé, Matador et El hadj Ndiaye ont assuré tout au long de cette après midi magnifique. Le clou du vernissage sera le cocktail copieux et délicieux qui nous été servi par Nabi Traiteur qui n’a pas arrêté de régaler les visiteurs tout au long de cette fête. Les différents sens : palais, ouïe et vue ont tellement été exacerbés qu’on en est sorti totalement émerveillés.

Relevé par la présence d’un nombreux public parmi lesquels on pouvait compter le Secrétaire Général du gouvernement Mr Abdou Latif Coulibaly, son Excellence l’Ambassadeur des Pays Bas, Mr Ousseynou Wade ancien secrétaire général de la biennale, Khalilou Fadiga star du foot sénégalais, du grand Issa Samb dit Jo Ouakam, inconditionnel des grands évènements artistiques, des délégations d’ONU Femmes, du Ministère de la Culture, des sponsors, ARTP, LONASE, CSE, DHL, BHS, etc.  Tout ce beau monde en plus des amis, familles et amateurs d’art ont fait de cet évènement un moment fort qui restera dans les annales de la biennale de Dakar.

Tout au long de cette expo qui durera jusqu’au 20 mai, plusieurs artistes vont se succéder au CICAD sur l’invitation des organisateurs à l’instar du musicien Kezyah Jones et de la sud africaine Sue Williamson qui viendra faire une performance.

Film documentaire et catalogue viendront immortaliser cette expo de haute facture qui, on l’espère, fera date et sera désormais un des grands rendez-vous de la biennale OFF de Dakar. Les organisateurs ambitieux ont tapé fort au point d’avoir éclipsé tous les vernissages qui se sont tenus ce jour là sans compter que l’ambition de faire découvrir le CICAD a été atteinte.

photos : Lydel

 

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