Pour la première fois, l’Organisation mondiale du commerce sera dirigée par une femme, Ngozi Okonjo-Iweala. À 66 ans, la grosse tête, ancienne ministre des finances du Nigeria a une nouvelle bataille à mener : sauver une institution paralysée et discréditée.
En titrant “Une grand-mère deviendra la chef de l’OMC”, des journaux régionaux alémaniques ont déclenché une polémique dont la Suisse se trouve bien “embarrassée”, note Le Temps. Le 14 février, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, prenait la direction générale de l’Organisation mondiale du commerce. Le titre de l’Aargauer Zeitung et de la Luzerner Zeitung, deux journaux appartenant au groupe CH Média, paru le 9 janvier en amont de sa nomination, “n’en finit pas de faire des vagues”.
Après la vague d’indignation qui “s’est répandue comme une traînée de poudre via les réseaux sociaux”, les journaux incriminés ont rapidement modifié le titre et se sont excusés, “mais le mal était déjà fait”. La polémique fait mal au pays de la diplomatie, qui accueille nombre d’institutions internationales.
“Ngozi Okonjo-Iweala a bien des petits-enfants, mais ce n’est certainement pas pour cette raison qu’elle sera la première femme, qui plus est du continent africain, à diriger l’institution chargée de réguler le commerce international”, recadre le quotidien de Lausanne (Le Temps).
Dernier épisode de la polémique le 19 février, lorsque “plusieurs personnalités africaines, parmi les plus haut placées dans le système des Nations unies, s’en sont émues dans une lettre ouverte de félicitations adressée à leur consœur nigériane”.
La domination “d’hommes blancs vieillissants”
“Nous trouvons ce langage offensant, raciste et sexiste, dans un monde où les secteurs privés et publics sont dominés par des hommes blancs vieillissants. Lesquels sont vénérés pour leur expérience et leurs compétences et ne sont jamais présentés selon leur origine et leur descendance”, écrivent les signataires de cette lettre ouverte.
Pour la Sud-Africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice d’ONU-Femmes, et l’Ougandaise Winnie Byanyima, à la tête de l’Onusida, toutes deux signataires de cette lettre :
« Ce manque de respect est l’une des nombreuses formes de harcèlement auxquelles sont confrontées les femmes leaders. »
La “polémique embarrasse la Suisse, qui accueille de nombreuses organisations internationales”. Mais la diplomatie helvétique n’a guère pour habitude de “critiquer les médias”. La preuve en est cette réaction de Didier Chambovey, chef de la mission permanente de la Suisse auprès de l’OMC : « lorsque, dans la description d’une femme, l’accent est mis sur ses liens familiaux plutôt que sur son cursus professionnel, le sexisme et la discrimination sont involontairement renforcés. Le parcours de la nouvelle directrice de l’OMC est impressionnant, tout comme ses compétences.”
source : courrier international