L’adolescence représente une période de profonds réaménagements psychiques conjugués à des transformations physiologiques, physiques comme cognitifs. L’adolescent va donc se trouver dans un double mouvement : celui du remaniement des références de son enfance, et celui de la quête d’une position stable et honorable dans son environnement.
C’est en raison de cette période de transition, que le terme de « crise » est souvent évoqué…
Or, s’il est vrai que le malaise accompagne la croissance d’un grand nombre de jeunes, celui-ci est souvent normal, car l’adolescence n’est-elle pas l’expression d’une séparation, parfois douloureuse, pour pouvoir (avoir le droit de) être et devenir ?…
Si la crise d’adolescence a toujours existé, elle semble de plus en plus mal vécue. Est-ce parce qu’il est aujourd’hui plus compliqué encore qu’hier de trouver sa place dans la société ? Alors que certains adolescents se réfugient dans l’isolement, d’autres expriment leur malaise par une révolte plus ou moins violente. Les manifestations les plus extrêmes (délinquance, suicide…) ne concernent heureusement qu’une minorité de jeunes.
De tout temps, il a été difficile d’être parents d’adolescents : conflits de générations, conflits culturels, conflits d’expériences marquent inévitablement les différences et organisent l’appartenance générationnelle. En outre, le développement récent des nouvelles technologies, souvent mieux maîtrisées par la jeune génération, amène beaucoup de parents à s’interroger sur leurs compétences d’adultes et leur légitimité à transmettre, transmission que leur demandent pourtant les adolescents.
Dans une société qui se « juvénilise », les parents s’efforcent de devenir les « copains » de leurs enfants et omettent de prendre leur responsabilité de parents, celle de poser des interdits.
Les conduites à risque des adolescents sont en général interprétées comme des défis exprimant un mal-être psychologique, ou comme la conséquence d’une myopie, d’une incapacité à apprécier correctement le danger. Pour tracer le portrait des nouveaux ados, il suffit de se référer aux évènements et faits divers qu’égrène l’actualité et dans lesquels ils s’illustrent : la violence, la créativité musicale, le goût de l’engagement, la drogue, le délire vestimentaire, les histoires de mœurs, la peur de soi et de l’autre. A travers ces codes émergents, les adolescents se cherchent, se construisent, s’instruisent et se perdent. Si les parents dans leur relation quotidienne avec leurs enfants, ne font pas l’effort pour analyser, décoder et comprendre les comportements des jeunes afin de trouver les passerelles pour communiquer, ils risquent de se retrouver démunis face aux questions que peuvent leur poser des enfants et adolescents en quête de rempart. Dans ces situations, il est fort à parier qu’ils devront faire face aux nombreux risques de dérapages : drogue, dépression, fugue, délinquance sexuelle, violence.
Le projet que l’adolescent peut construire pour son avenir dépend de ce qu’il pense de lui-même. Comment accepter de se projeter dans le futur quand l’image que l’on a de soi est dévalorisée, trop floue ? Le temps de l’adolescence ne pourrait-il être le temps d’une reconsidération des conduites parentales, où la famille devrait aider patiemment l’adolescent à effectuer cet indispensable passage, en répondant à son manque par une confiance accrue et en gérant le repli sur soi par des interventions ajustées, judicieuses et valorisantes ?
La plupart des parents ne sont pas défaillants mais se disent sans repères. Globalement, ils expriment avec force la volonté d’assumer leur rôle de parents dans l’éducation de leurs enfants. Ils revendiquent également un soutien de la puissance publique pour les aider à jouer ce rôle. Alors que les 11-18 ans représentent un public non négligeable de millions de personnes, « la question de l’adolescence demeure le point aveugle des politiques locales de la jeunesse » au Sénégal.
Non, la crise d’adolescence n’est pas une fatalité et ne répond à aucun déterminisme ! Les difficultés et les conduites à risque sont probablement inhérentes à cette période de mutation profonde qu’est l’adolescence mais la façon dont elles peuvent être accompagnées, voire prévenues quand cela est possible, est à bien des égards déterminante pour l’avenir du jeune adulte, son insertion professionnelle, familiale et sociale. Cette démarche constitue donc pour notre société un enjeu considérable et l’occasion pour elle de s’interroger sur la cohérence des valeurs qu’elle prétend transmettre.
Et surtout n’oubliez pas, chers parents : c’est difficile de traverser l’adolescence. Les changements sont si nombreux qu’on est fragile, et ce dont on a besoin, c’est de parents solides. Des parents un peu comme un « mur ». Un mur, on peut s’appuyer dessus quand on est fatigué, on peut taper dedans quand ça ne va pas… en sachant qu’il ne va pas s’écrouler… Et un mur c’est aussi un cadre, qui empêche de tomber dans un précipice, mais a souvent des ouvertures, qui permettent d’apprendre à prendre son envol ! Alors, surtout, n’abandonnez pas vos ados, même si la communication est difficile, ils ont besoin de vous !
Crédit photo : childtrends.org