Quand vous quittez Dakar pour la Casamance, dans le Sud du pays, en voiture, au sortir de la ville de Kaolack, un panneau vous indiquera : « Ziguinchor 454 km ». Croyez-moi quand vous arrivez à Ziguinchor, capitale de la région de Casamance, vous aurez oublié depuis longtemps l’existence de ce panneau, tellement le voyage aura été long et éprouvant. Et pourtant, autant vous aurez oublié le panneau, autant vous aurez oublié la longueur et la fatigue du voyage devant tant de beauté de la nature!
Coincée entre la Gambie et la Guinée-Bissau, atteindre la Casamance constitue un véritable, parcours du combattant car cette partie du Sénégal se situe de l’autre côté de la Gambie (pays anglophone qui coupe le Sénégal en deux, absurdité de l’héritage colonial). Il faut donc, pour rejoindre l’autre bout du Sénégal, traverser le fleuve Gambie à bord du bac de Farafeny, ville frontalière gambienne avec le Sénégal. Ici, vous pouvez rester juste quelques heures si vous avez de la chance ou toute une journée (ou y passer la nuit !) pour traverser le fleuve Gambie.
La Casamance tient son nom du fleuve du même nom qui traverse le territoire d’est en ouest et donne naissance à d’innombrables ruisseaux, canaux et marigots. L’abondance des pluies dans cette partie du Sénégal, fait de la Casamance un territoire tapissé de forêts denses, de mangroves, de palmeraies et d’immenses fromagers. Quand vous arrivez à destination vous avez l’impression d’avoir été transporté dans un autre monde, par l’effet d’une baguette magique ! Car ici, tout est vert !
Une fois en Casamance, cette belle région à la nature luxuriante vous fait oublier toutes les galères rencontrées pour y arriver. Autant la beauté de la mangrove qui tapisse les rives du fleuve va faire crépiter le flash de votre appareil photo, autant le sable fin et blanc des plages qui bordent l’océan Atlantique vont vous dilater les yeux à force de les écarquiller. Une fois en Casamance, on se demande plusieurs fois si on est bien au Sénégal. La première chose qui vous frappe quand vous arrivez à Ziguinchor la capitale, c’est de voir la majeure partie de la population à vélo. Vous verrez aussi les gens vaquer à leurs occupations sous une pluie fine ou battante, sans aucun état d’âme, car quand il pleut ici, cela peut durer matin et soir, pendant toute une semaine.
Les « Casaçais », comme on les appelle, ne font qu’un avec leur terroir, ils respectent la nature depuis longtemps. Ici on est bien loin des futilités du Sénégal comme ils disent, comme si eux n’en faisaient pas partie. Dans la société diola (l’ethnie principale en Casamance) on ne connait pas les castes comme dans le reste du Sénégal. C’est parmi les populations du Sénégal celle qui a le mieux conservé sa culture et ses valeurs. Ainsi, à des moments bien précis de la vie, des cérémonies d’initiation sont organisées où les jeunes d’une certaine génération sont appelés à rejoindre le bois sacré pour y apprendre comment devenir des hommes accomplis. Que vous soyez étudiant, médecin ou avocat à la cour à Dakar, il vous faudra tout arrêter et « descendre au pays » vous faire initier. Puisse-t-il être votre meilleur ami, vous ne tirerez mot du Casaçais qui sort du bois sacré. Le secret est bien gardé.
Une autre particularité de la population ici, c’est qu’elle mange sainement et mange ce qu’elle produit, du riz cultivé dans ses propres rizières, des légumes de ses maraichages, et pour le reste, tout pousse à l’état naturel, une multitude de variété fruits, des palmiers d’où on tire l’huile de palme. La mer offre du poisson et des fruits de mer, le fleuve des carpes délicieuses qu’on peut faire braiser tout frais sur place. Et si vous avez la chance de tomber sur une cérémonie dans un village de Casamance, vous verrez qu’ici on exhibe le riz le plus ancien comme sous d’autres cieux le vin le plus ancien.
Le territoire est vaste et varié. Ainsi le touriste à la recherche de plages de sable fin peut aller du côté du Cap Skirring que les tours operators avaient fini d’investir en y érigeant les plus beaux hôtels du pays comme le Club Med ou Fram. Vers Kafountine aussi où plusieurs campements touristiques offrent une multitude d’activités, des plats délicieux à base de crustacés ou de poisson. A l’embouchure du fleuve Casamance, les îles de Carabane ou de la Pointe Saint Georges sont tout simplement des merveilles de la nature. A l’endroit où le fleuve rencontre la mer, vous assisterez au spectacle incroyable de la rencontre des deux mers que le Coran décrit si bien et qui ne se mélangent pas ! Eau douce et eau salée, ne se mélangent jamais. Le spectacle est tout simplement hallucinant.
Pour les férus d’écotourisme, la Casamance est la destination idéale. L’air y est pur et non pollué. La verdure et le chant permanent des oiseaux apaisent votre stress vos sens. Vous êtes amateur de birdwatching ? Les écosystèmes si variés et si riches de la Casamance accueillent des centaines d’espèces d’oiseaux aquatiques et forestières. Beaucoup d’ornithologues viennent étudier ici les diverses espèces en Afrique.
L’architecture faite de cases à impluvium (conçues ainsi pour recueillir les eaux de pluie dans la case) qu’on ne retrouve nulle part d’autre au Sénégal, est aussi une curiosité bien de Casamance.
Seul bémol pour aller à la découverte de cette belle région, l’instabilité due à une frange de la population qui, se sentant parent pauvre du pays, réclamait son indépendance à l’état du Sénégal. Les combats qui s’y déroulaient avaient fini de faire fuir touristes et investisseurs, mais heureusement, pour cette région et pour tout le Sénégal, un terrain d’entente avec l’état du Sénégal a été trouvé et les choses sont en train de rentrer dans l’ordre.
Crédit photo : Taphaly