Elle atterrit aux Etats-Unis par le plus grand des hasards grâce à la loterie de la green card. «Un ami avait joué à la loterie pour moi, à mon insu. Un jour, il m’appelle et me dit que j’avais ma carte. J’étais en stage de fin d’études à la Banque africaine de développement à Tunis. Ce jour-là, j’ai su que ma vie allait enfin commencer», confie -t-elle. C’était en 2007.
Kamissa tient cependant beaucoup à ses origines et voue une reconnaissance infinie à son père pour les avoir envoyés au Mali chaque été, leur permettant ainsi, de garder un lien fort avec le pays, la famille et la langue, le bambara. Cette connaissance de son pays sera d’ailleurs un atout majeur pour sa nouvelle carrière de ministre des affaires étrangères du Mali.
Avec son arrivée aux Etats-Unis, son CV connaît de rapidement des rebonds de propulsion à Washington, la ville de tous les possibles en termes de carrière. Pendant quatre ans, elle se forme aux subtilités de processus électoraux au sein de la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES). Elle rejoint ensuite NED en 2012 avant de rejoindre plus tard Global Partners. Mais son militantisme la rattrape. Elle crée alors la Sahel Strategy Forum, destinée aux questions démocratiques dans la région.
C’est depuis Washington que cette tri-nationale Franco-américano-malienne, un état civil sur trois continents, est appelée en juillet 2018 pour conseiller Ibrahim Boubacar Keïta sur les questions diplomatiques. Elle effeuille alors son carnet d’adresses pour établir les connexions entre le gouvernement et la société civile d’où elle est issue. Patiemment dans les couloirs du Château, elle apporte discrètement sa vision sur les grandes questions du Mali à l’étranger.
Le 9 septembre dernier Kamissa est choisie par le Président malien pour diriger la diplomatie malienne. Ibrahim Boubacar Keïta a déniché une perle pour faire briller la jeunesse et la femme maliennes. A 35 ans, cette économiste chevronnée prête son visage au renouvellement de générations qu’IBK ne cesse de promettre aux Maliens. Sur ses épaules, la lourde tâche de piloter la diplomatie malienne. Mais cette «tête bien faite» n’a pas jamais eu peur des défis.
Depuis sa nomination ce dimanche 9 septembre 2018, son bureau est à deux pas de celui du président Ibrahim Boubacar Keïta. C’est à Koulouba, au cœur de la machine d’Etat dont elle a arpenté les couloirs en tant que discrète conseillère diplomatique que Kamissa Camara devra imprimer sa marque.