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Jjiguene Tech : un hub pour réduire la fracture numérique en genre

Le Sénégal s’est résolument engagé dans la résorption de la fracture numérique en genre en travaillant à faire plus de place aux femmes dans l’écosystème numérique. C’est dans ce cadre qu’est née en 2012, l’initiative privée Jjiguene Tech, le premier hub de femmes dans la technologie au Sénégal.

L’objectif de ce hub féminin est d’encourager, d’inspirer et d’inciter plus de femmes à intégrer l’écosystème technologique du pays. Il compte atteindre son objectif par le biais de la formation, du mentorat, du réseautage et du partage des connaissances. Jjiguene Tech milite également à ouvrir un espace physique plus grand pour permettre aux femmes de faire évoluer leurs idées de projets à fort impact social, de trouver un support, des collaborateurs et un endroit pour travailler. La finalité pour ce cadre est de participer à la préparation de la prochaine génération de Tech entrepreneurs au Sénégal. Lancé en 2012, Jjiguene Tech hub, a initié un ensemble d’activités qui ont eu un impact « incroyable » sur les participants.

 « De 2012 à 2014, une trentaine de jeunes nous ont rejoint et ont vu leur vie changer, en termes de capacité d’expression, de confiance en eux et d’accomplissement », se réjouit Binta Coudy Dé, cofondatrice de ce Hub. A l’en croire, certains membres ont été coachés à l’utilisation des CMS (Content Management System ou Système de gestion de contenu), au développement d’applications web et mobile, à l’apprentissage sur de nouveaux langages de programmation et à la gestion de projets. Ils ont remporté des compétitions et participé de manière plus active à la communauté TIC.

Revenant sur la genèse de ce hub, Mme Binta Coudy Dé explique qu’au Sénégal, les femmes travaillent et partagent dans de nombreux secteurs, mais pas suffisamment dans celui de la technologie. Selon elle, le hub participe ainsi à l’augmentation du nombre de femmes dans l’entrepreneuriat et de filles qui suivent les filières scientifiques à l’université de manière à réduire le gap en genre et améliorer les conditions de vie des femmes au Sénégal.

Binta Coudy Dé témoigne : « Lorsque nous étions étudiantes, nous participions à presque tous les concours dans le domaine de la technologie. Le constat était toujours le même: nous étions la seule équipe majoritairement composée de filles. Pourtant, nous savions qu’il y avait une présence non-négligeable de filles dans le domaine des STEM (Science – Technology – Engineering – Mathematics). L’exemple de notre promotion d’ingénieurs était assez intéressant : 10 filles sur 30 ingénieurs de conception en informatique ».

Et d’ajouter : « Grâce à Mandiaye Petit Badji, coordonnateur de la Parole aux jeunes du monde, nous avons rencontré Marième Jamme (CEO de SpotOne Global) et plusieurs autres acteurs dans le secteur de la technologie au Sénégal. Nous avions ainsi décidé de mettre en place ce Hub pour permettre aux femmes d’avoir un espace de partage et d’échanges. D’où notre slogan: Share – Build – Inspire (Share knowledge, Build network, Inspire people) ».

Binta Coudy Dé se réjouit  du fait que “les femmes en ayant la capacité d’utiliser l’outil et de pousser leur créativité, pourront réaliser leur projet et produire ainsi une valeur économique pour le Sénégal, pour l’Afrique ».

Sur cette même lancée, Jjiguene Tech étend ses tentacules et collabore avec d’autres acteurs ayant un objectif commun. Au Sénégal, il travaille avec l’association Senchix. En Afrique Francophone, le Hub échange avec les Amazoones de la Côte d’Ivoire, les Akirachix du Kenya, Women in Technology Uganda et les Asikana de la Zambie.

Une volonté politique de l’Etat affichée
Jiguenecitic

Concours Jiguenecitic

Mme Bitilokho Ndiaye, conseillère technique en genre et droits humains au Ministère de la communication et de l’économie numérique du Sénégal juge normal cet ensemble de résultats car «Jjiguene Tech hub est porté par de jeunes femmes très entreprenantes et innovantes. C’est pour cela que le ministère a sous-traité la mise en œuvre du concours Jiguenecitic à ce hub  (Les femmes dans les Tic, ndlr), lancé le 24 avril 2014. Ce concours  avait été organisé avec l’appui financier de la Sonatel, de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar, de Google et de Microsoft. Il a permis de détecter les projets innovants des jeunes dans les TICs, les primer et les accompagner dans le but d’avoir des Pme/Pmi dudit secteur  dirigées par des femmes.”

Elle ajoute: “il faut que ces promotrices de projets puissent être accompagnées. L’Etat du Sénégal leur fait confiance et les autres partenaires doivent également suivre parce qu’elles sont en train d’initier beaucoup de choses en terme d’accompagnement des jeunes filles pour leur accessibilité aux Tics. »

Un bon exemple est celle de l’équipe USO FORUM (Entre Aide, ndlr), lauréate du deuxième prix de l’édition 2013 de Djiguène Ci Tic. Composé de huit étudiantes de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Casamance), ce groupe avait présenté une plateforme d’incubateur en ligne pour aider les femmes transformatrices à s’organiser en GIE (Groupement d’intérêt économique) et écouler facilement leurs produits. Mlle Oumou Keïta, tête de file dudit groupe, informe que le projet a dépassé la phase test, dans la capitale casamançaise mais ses initiatrices ambitionnent de l’étendre au niveau national avec l’appui de partenaires et autres personnes de bonne volonté.

« Avec ce projet, nous voulons jouer un rôle d’intermédiation entre les GIE de femmes qui seront créés et le marché. Nous allons aider les femmes dans la promotion de leurs produits à travers la boutique en ligne qui sera créée sur notre plateforme », renseigne Oumou Keïta. Une démarche qui, selon elle, incite les membres de son groupe à penser à démultiplier l’expérience acquise et surtout à former les femmes transformatrices de Ziguinchor à l’outil informatique leur permettant d’assurer elles-mêmes la comptabilité de leur affaire.

Mener le combat dès l’école primaire

L’option d’attaquer le problème dès l’école primaire doit surmonter un principal obstacle lié à l’accessibilité de l’outil informatique. Il faut également compter les problèmes liés à la maintenance des équipements et à l’accès internet.

Mme Awa Diop Fall, consultante, plaide pour l’initiation des filles aux TICs dès l’école primaire avec comme condition la modernisation des salles informatiques. « Tout changement doit être répercuté dans le curriculum. Dans les établissements, il faut que les filles et femmes s’adaptent au niveau actuel des technologies». Avant de déplorer : « le hic est que beaucoup de machines qui sont utilisées dans les salles informatiques ont de faibles capacités avec des applications dépassées».

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