L’entente manifeste entre opérateurs téléphoniques pour boycotter l’appel d’offres lancé par l’Agence de régulation des postes et des télécommunications (Artp) pour l’attribution d’une licence 4G, constitue un chantage inacceptable. Ces opérateurs voudraient payer le prix qu’ils décident de payer comme l’indique Orange dans sa réplique au Directeur général de l’Artp.
Seulement Orange est assez effrontée en se justifiant pour dire avoir payé la licence 4G à 2 milliards de francs Cfa en Guinée-Bissau, un marché inférieur à celui de la seule région de Ziguinchor ! Aussi, elle ne dit pas qu’elle a déjà payé, depuis le 15 décembre 2015, au Trésor public ivoirien, la somme de 50 milliards de francs Cfa en acompte sur un montant de 100 milliards de francs Cfa fixé par l’Etat ivoirien comme prix de cession de la licence 4G et de renouvellement de la convention d’exploitation.
De son côté, son principal concurrent, le Sud-africain Mtn, a déjà décaissé la somme de 75 milliards de francs Cfa. Ces mêmes sociétés, avec un chiffre d’affaires cumulé de 500 milliards en 2014, ont aussi chacune payé 75 milliards de francs Cfa à l’Etat camerounais pour le renouvellement de leurs licences 3G et 4G en mars dernier.
En Côte d’Ivoire, Orange revendique 9 millions d’abonnées avec un chiffre d’affaires de 370 milliards en 2014 et 7 millions d’abonnés au Cameroun contre 8 millions d’abonnés au Sénégal. Alors pourquoi au Sénégal, Orange, Tigo et Expresso refusent-ils de payer quelque pauvres 30 milliards de francs Cfa pour une licence sur 20 ans ?
Dire qu’Orange par exemple réalise chaque année sur le marché sénégalais un bénéfice annuel net en constante progression de plus de 130 milliards sur un chiffre d’affaires en 2014 de 816 milliards qui agrège les recettes au Sénégal, au Mali et en Guinée-Bissau !
Les patrons des banques de Dakar ont toujours le blues au lendemain de la réunion bilan du Conseil d’administration d’Orange en raison des gros transferts de fonds à opérer en direction de l’étranger. Comment avec de telles plus-values, une entreprise, soucieuse de développer son marché et surtout préoccupée par la qualité de ses services, rechignerait-elle à consentir un investissement équivalent à moins de 1% de ses bénéfices sur 30 ans ?
Même au cas où le retour sur investissement ne serait pas garanti sur le produit 4G comme le prétend Orange, une politique d’amélioration de la qualité du service commanderait un tel investissement. A la vérité, les opérateurs de téléphonie veulent exploiter les propres turpitudes de l’Etat du Sénégal.
A suivre…
Madiambal Diagne
Le Quotidien