Née dans un camp de réfugiés du Kenya, la somalienne Halima Aden se retrouve à l’âge de 6ans aux USA avec ses parents où elle obtient la citoyenneté. En 2016 elle est finaliste de Miss Minnesota avec son voile sur la tête. En 2017 elle devient avec un contrat d’IMG la première mannequin hijabi sur les podiums.
Recrutée par l’une des plus grandes agences de mannequins du monde, elle a ajouté une clause à son contrat, stipulant qu’IMG s’engageait à ne jamais lui faire retirer son voile. Une autre clause du contrat d’Halima lui garantissait une loge individuelle, lui permettant de s’habiller dans l’intimité de son propre espace.
Le président d’IMG Models, Ivan Bart, déclare en la recrutant : « Nous verrons comment l’industrie va réagir à Halima, en essayant de travailler avec ces restrictions, ou pas ». En février 2017, elle fait ses débuts à la Fashion Week de New York pour Yeezy Season 5. Elle retient l’attention de plusieurs créateurs, notamment Max Mara et Alberta Ferretti. Elle participe également au Milan Fashion Week et la même année au London Modest Fashion Week, manifestation de la mode modeste. Elle pose pour l’American Eagle Outfitters, le magazine britannique Glamour, et fait la couverture du magazine de Carine Roitfeld.
Avec son hijab elle est le premier mannequin hijabi à figurer en couverture du magazine Vogue. Malgré tout ce succès, Halima se retire aujourd’hui des podiums ayant de plus en plus de mal à faire respecter ses principes vestimentaires musulmans.
Dans une série de messages percutants sur les réseaux sociaux, la célèbre mannequin a annoncé quitter l’industrie de la mode et accepter de nouveaux engagements uniquement à ses propres conditions. Elle dit avoir l’impression de « s’être perdue » dans l’industrie de la mode et avoir été contrainte de faire des compromis sur sa foi.
Aden, qui a longtemps été saluée par l’industrie de la mode et les musulmanes comme défenseure de la mode dite pudique, a révélé qu’elle allait couper les liens avec un certain nombre de marques et refuser les missions qui ne respectaient pas selon elle ses croyances religieuses.
« Même pour 10 millions de dollars, je ne risquerai plus jamais de faire des compromis sur mon hijab. Vous me verrez travailler chez McDonald’s avant de me revoir défiler ou voyager pour le mois de la mode… Je protège mon hijab comme jamais auparavant », écrit-elle.
Pendant deux jours, Aden a publié plusieurs « story » Instagram dans lesquelles elle a évoqué des moments de sa vie où elle s’est sentie sous pression afin qu’elle se conforme à son entourage, et a accepté de faire des séances photos où, dit-elle, elle n’était pas fidèle à elle-même.
« Je ne peux que me reprocher de m’être souciée davantage de l’occasion que de ce qui était réellement en jeu. Je me reproche d’avoir été naïve et rebelle. Ce que je reproche à l’industrie, c’est le manque de stylistes de sexe féminin », écrit-elle encore. Elle justifiait souvent ses décisions par son envie désespérée d’être « représentée », mais qu’elle ne le ferait plus.
Aden, qui a défilé à la Fashion Week de New York, a également évoqué la difficulté d’être la première mannequin portant un hijab sur les podiums et les couvertures de magazines.
« J’avais trop peur de parler. C’est fréquent lorsque vous êtes le premier à faire quelque chose », ajoute-t-elle. Elle a ensuite partagé des images de séances photo et de campagnes qu’elle regrette d’avoir faites, confiant qu’elle aurait voulu les avoir poliment refusées.
« Je suis retournée dans ma chambre d’hôtel et j’ai pleuré après cette séance parce que je savais au fond de moi que ce n’était pas ça », a-t-elle écrit sur une photo d’une de ses séances.
On lui dit bravo pour avoir su faire la part des choses entre ses principes et son travail !