Le panel de Dakar a réuni pendant deux jours des représentants de différents organes de presse avec des membres d’organisations de la société civile et de groupements de promotion ou de défense des femmes. Le constat est clair : les femmes sont mal représentées dans les médias. Les médias parlent d’elles souvent pour les marginaliser. Ainsi, on note la persistance d’une culture de dévalorisation de l’image des femmes dans les médias.
Pour inverser la tendance, les différents conférenciers et contributeurs ont appelé à un changement de paradigme qui consisterait à poser un regard neuf sur la femme sénégalaise et son apport dans l’économie nationale et la stabilité sociale. Il s’agit de redonner la parole à la femme et de lui dégager des espaces de communication et de visibilité quitte à user de la discrimination positive. Pour cela, des solutions relatives à la capacitation des professionnels de la communication ont été proposées pour promouvoir l’égalité des genres dans les médias au Sénégal.
Toutefois, de nombreux obstacles persistent encore, selon Awa Nguer Fall qui représentait le ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance à la cérémonie de lancement national du projet «Femmes occupez les médias», initié par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO).
Parmi ces contraintes, elle cite, entre autres, le faible accès des femmes aux instances de prise de décisions médiatiques né de la persistance des stéréotypes sexto spécifiques, l’insuffisance de l’intégration du genre dans la planification des programmes et contenus des émissions médiatiques, la persistance d’une culture de dévalorisation de l’image de la femme dans les médias, la faible participation des femmes aux émissions médiatiques d’intérêt national.
Pour cette raison, Mme Fall estime que les femmes devraient renforcer leurs pouvoirs en développant leurs compétences et connaissances afin d’avoir plus largement accès aux techniques de l’information. Ce qui, selon elle, les préparerait à mieux lutter contre les images négatives des femmes sur le plan international.
Dans le même sillage, Diana Senghor, directrice général de l’institut Panos invite les femmes à occuper davantage les médias pour bouleverser la tendance. Pour elle, même si les femmes sont souvent présentes dans les médias, la manière dont on parle d’elles laisse à désirer. «Les femmes sont trop peu présentes dans les médias. Le pire, c’est la manière dont on parle des femmes car c’est toujours avec des stéréotypes dans la plupart des sociétés» se désole-t-elle. Elle a aussi invité les médias à renouveler leurs personnes ressources et à mettre en lumière plus de femmes qualifiées, compétentes dans leur domaine et pertinentes dans leurs analyses.
Cependant, certains journalistes ont déploré la frilosité des femmes au Sénégal qui refusent de s’exposer et donc déclinent systématiquement les invitations aux débats notamment à la TV. Même expertes, elles manquent de savoir « se vendre » ou de faire usage de marketing politique.
La réunion de Dakar qui a enregistré de belles résolutions s’est conclue sur une série de propositions visant à accompagner en priorité les femmes engagées dans la bataille des législatives prochaines afin de les valoriser, de les faire connaitre, et de leur donner de meilleures chances de percer lors de ces instances électorales. L’institut Panos, à cet effet, financera des productions de contenus médias qui feront focus sur ces candidates engagées en politique. Des groupes de journalistes seront formés rapidement à mieux appréhender l’information politique, les textes législatifs et les pratiques techniques et ainsi, ils seront à même d’accompagner les femmes dans ce domaine.
Les panelistes ont aussi, en collaboration avec l’observatoire national de la parité ONP, envisagé de jouer un rôle dans le processus du dialogue politique pour aider à débloquer la situation actuelle et surtout pour donner aux femmes un rôle plus prépondérant dans le dialogue national. Un réseau femmes et médias pourrait être mis en place bientôt.
Debbosenegal invité à cette importante rencontre va se faire le relai de toutes les activités à venir. Et, en tant que palteforme médiatique exclusivement voué à la promotion de la femme sénégalaise et africaine, jouera pleinement son rôle dans l’accompagnement des sénégalaises engagées dans les élections législatives en juillet prochain au Sénégal.
Bonjour Debbo, c’est un plaisir de vous lire. les articles sont toujours instructifs. Pleins succès.