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Femmes, musulmanes, savantes : les connaissez vous ?

Si le monde musulman eu ses hommes de science, ayant à jamais marqué les esprits de par leur finesse et profondeur d’esprit, il compte aussi des femmes  savantes. En effet, les exemples foisonnent de brillantes femmes savantes, qui ont déclenché une vraie dynamique d’acquisition de savoirs et de sagesses,  de contributions aux différents champs de la science.

L’entourage du dernier des Prophètes d’Allah ﷺ fut en ce sens déjà un exemple en la matière. Les femmes y étaient nombreuses, et toutes aussi assidues à ses appels que l’étaient ses compagnons et futurs califes. Parmi elles, ses épouses. Dévotes accomplies, elles étaient, de son vivant et après, régulièrement consultées. On doit ainsi et rien qu’à Aïcha, épouse la plus proche du Prophète ﷺ, la transmission de plus de 2200 hadiths. Les recueils de hadiths n’auraient déjà sans elles, pas été ceux que nous connaissons. Plus encore, de nombreux doctes reconnus par l’orthodoxie musulmane eurent en professeurs des femmes.

Être femme, musulmane et savante était ainsi et longtemps durant très courant. Apprendre auprès d’elles aussi. Ce n’est qu’à partir du 10ème siècle de l’hégire, moment de l’éclosion de l’Empire ottoman et de la montée en puissance de l’Europe, que la tendance va reculer dans l’ensemble du monde musulman jusqu’à presque disparaître.

Aïcha, la patronne des juristes

L’épouse du Prophète Aïcha, est l’une des figures les plus importantes dans les sciences des hadiths, non seulement en termes de transmission d’un grand nombre de hadiths, consignés dans le recueil Sahih Al-Boukhari, mais également l’une des interprètes les plus consultées. Aïcha, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d’histoire. Urwa Ibn Az-Zoubeir rapporte : « Jamais je n’ai vu personne de plus instruit en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha».

Oum Adardaa : (décédée en 81 H/700) était considérée comme la référence dans les sciences des hadiths et sa notoriété dépassait celle de célèbres savants tels Al-Hassan Al-Basri ou Ibn Sirine. Oum Adardaa enseignait les sciences des hadiths et le Fiqh (droit musulman) dans les mosquées aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Fatima fille de Hussein, fils de Ali : était l’une des femmes les plus savantes, et les plus pieuses de son temps, si bien qu’elle était prise par Ibn Ishâq et Ibn Hicham comme référence pour la rédaction de la biographie du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui).

Sayyida Nafissa fille d’Al-Hassan : (née à La Mecque en 145/762) était formée auprès de l’imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Elle s’est établie en Egypte, et a créé un cercle académique qui attirait des sommités religieuses de la stature de l’Imam Chafiî, qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion.

Zaynab fille de Abass : originaire de Bagdad, fréquentait les assises de savoir de cheikh al-islam Ibn Taymia et était reconnue pour ses connaissances en Fiqh.

Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn : était une savante mais aussi une bienfaitrice, elle a construit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au 3ème siècle de l’hégire. La mosquée faisait office d’université, la première du genre dans le monde musulman.

Nafissa bint Al Hassan, formée par l’imam Malik, fut, elle, souvent concertée par l’imam Shaafi en son cercle académique établi en Egypte. Il présidait parfois la prière en sa mosquée.

Ancienne esclave devenue célèbre juriste de Médine, Abida al Madaniyya sera en partant en Andalousie l’une des figures majeures du développement de l’école de l’imam Malik en Espagne.

Citons à la même époque Hafsa bint Sirin al Ansariyya, Zaynab bint Soleiman (fille du gouverneur de Basra) ou Amra bint Abd ar Rahman, toutes trois parmi les savantes les plus renommées des 1ers siècles islamiques.

Plus tard, nous avons Karima bint Ahmed, fameuse commentatrice du Sahih de l’imam al Boukhari. À Damas et au 8ème siècle de l’hégire, l’imam ibn Taymiyya prenait entre autres cours chez Zaynab bint Makki ibn Ali. À Damas encore, c’est auprès de Zaynab bint Omar al Dimashqiyya que le savant du hadith Youssef al Mizzi fit ses classes. L’une des plus grandes doctes de son temps fut aussi Chahda bint al Abari. L’exégète et savant as Suyuti signale aussi avoir appris la jurisprudence auprès d’Hajar bint Mohammed.

Jeunes femmes musulmanes à l’université

Les autres disciplines n’étaient pas en reste. La grammaire connue Aïcha de Damas, la médecine : Bint Al-Sayigh, professeur à l’Institut Mansouria d’Egypte. L’historien ibn Assakir compte parmi ses enseignants aussi plus de 80 femmes. C’est d’ailleurs d’une femme, Zaynab bint Abd ar Rahman, qu’il obtiendra sa “ijaza” pour le Muwatta de l’imam Malik. Dans son ouvrage, “Al-Moajab fi talkhis akhbar al-Maghrib” l’historien Al-Mourrakouchi mentionne aussi 170 femmes calligraphes, et seulement à Courdoue. Toutes les énumérer serait difficile quand on sait que pour le seul 9ème siècle de l’Hégire, l’historien Al-Sakhawy en recensait plus de 1000 dans “Le rayon doré de l’élite du 9ème siècle”. Ibn Hajjar rédigea, lui, la biographie de 170 d’entre elles un siècle plus tôt.

Après ce petit voyage dans l’histoire des femmes savantes dans le monde musulman, certes non exhaustive, il apparaît fondamental de sortir du cloisonnement idéologique dans lequel l’actualité immédiate nous enferme.

Il semble donc important d’aller voir aux sources du message et faire l’effort de comprendre comment des femmes ont pu interpréter leur renaissance à la lumière de leur foi.

Certes la fréquentation féminine et musulmane à la hausse des universités, tant islamiques que profanes, semble plutôt indiquer que les femmes musulmanes ont décidé de reprendre leur destin en main.

A l’heure où on parle de nouvel ordre mondial, il est grand temps de se faire entendre !

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