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Femme artiste au Senegal : qui pour la relève d’artistes comme Kiné Aw ?

A la veille de l’ouverture prochaine de la biennale des arts de Dakar, prévu début mai 2016, Salimata Diop, conseillère artistique et une des promoteurs du concept Subabiennale, qui est parti pour être le OFF le plus IN de la prochaine biennale, s’est penchée sur la relève au niveau de la gent féminine dans le domaine des arts au Sénégal. Elle nous fait partager ci-dessous, la petite enquête qu’elle a menée au niveau de l’ENA pour savoir qui sera la ou les prochaines Kiné Aw du Sénégal.

L’Ecole Nationale des Arts de Dakar au Sénégal (ENA). Malgré cette particularité historique, le quota de femmes parmi les étudiants des cursus artistiques est misérable : une carence qui, à elle seule, en dit long sur l’image de la femme artiste dans la société sénégalaise. Aujourd’hui, en 2016, le département d’arts plastiques de l’ENA n’abrite ni plus ni moins que deux étudiantes. Astou Gueye et Fatimatou Samb sont toutes deux en 2e année, et se remémorent chacune avec émotion leur réussite au concours d’entrée, symbolique à la fois de libération artistique et de libération sociale.

« À travers l’art, je suis capable d’inspirer des choses qui n’existent pas dans le monde réel, sans aucune limite. Il sort de mon travail des choses que je ne soupçonnais pas en moi », dit simplement Fatimatou. « C’est une pratique qui me libère et qui me soigne. » La jeune fille confie qu’elle hésitait autrefois entre carrière médicale et artistique. « L’art, pour moi, c’est comme la médecine. Au fond, on parle à travers ses œuvres, on oublie ses soucis, on se libère. » La notion de liberté est clé. Loin du travail purement scolaire, Fatimatou semble déjà complètement consciente du pouvoir de l’art engagé : « Je veux devenir une artiste engagée et être exposée partout dans le monde (…) Je veux dénoncer les injustices, en tant que femme et citoyenne sénégalaise, mais surtout en tant que citoyenne du monde, et j’y arriverai. »

Sa camarade Astou est tout aussi déterminée : « J’avais des problèmes à la maison, je me sentais incomprise. Et pourtant j’aime l’art depuis toujours. Depuis toute petite, je dessine, je caricature, je crée diverses décorations, colliers, etc. L’art est une passion depuis toujours ! (…) Il m’arrivait de faire l’école buissonnière, mais à l’ENA, je suis toujours présente. Je travaille parfois toute la nuit. » « Ça me fait mal de voir que les métiers de l’art sont incompris au Sénégal. Je veux travailler, devenir une artiste de talent, et voyager pour m’ouvrir des portes. »

Pour les deux jeunes filles, l’universalité de l’art et la liberté créatrice sont non seulement libératrices, mais elles leur rendent le pouvoir de se découvrir, de se dépasser, d’agir.

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