Black Spoon : c’est le nom du food truck créé par Fati Niang. À 34 ans, cette jeune maman a abandonné un emploi stable et bien rémunéré pour se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise. À bord de son camion restaurant, elle fait désormais découvrir aux Franciliens la gastronomie africaine.
Elle évolue dans son camion comme un chef dans sa cuisine. À 34 ans, Fati Niang vient d’inaugurer le Black Spoon : « l’idée m’est venue en découvrant Le Camion Qui Fume, ce célèbre food truck parisien reconnaissable à son impressionnante file d’attente. J’ai réalisé que les clients n’avaient aucune réticence à manger debout. » Si Le Camion Qui Fume a construit son succès sur ses burgers, la jeune femme compte sur d’autres spécialités pour se faire un nom. « J’ai adapté le concept à la gastronomie africaine, explique l’entrepreneuse originaire du Sénégal. Au menu : poulet yassa, mafé, tiep boudienne, brochettes d’aloko, pastels au thon mais aussi grillades et beignets. Autant de plats que Fati Niang réalise elle-même. « J’ai commencé à cuisiner à 13 ans. Au fil du temps, j’ai appris à faire tous les plats traditionnels de mon pays. »
C’est en juin 2012 que la trentenaire, ex-chargée d’affaires grands comptes pour un cabinet de conseil, décide de se lancer dans l’entrepreneuriat. « J’étais devenue maman ; un nouveau rôle incompatible avec mes horaires de bureau et mon poste à responsabilités. J’avais besoin de flexibilité. » Black Spoon sert ses premiers clients le 6 décembre 2013. Mais pour en arriver là, la jeune créatrice a surmonté de multiples difficultés, de l’immatriculation de son camion à l’obtention des autorisations d’emplacement ou la recherche de financement. « J’ai investi 10 000 euros auxquels se sont ajoutés les 5 000 euros de mon associé. C’était insuffisant », raconte-t-elle. Une aide d’État de 16 000 euros, le Prêt Nacre, lui permet finalement de boucler son budget. Pour le véhicule, Fati Niang se tourne vers sa banque et contracte un crédit-bail de 50 000 euros.
Deux mois après son lancement, Black Spoon commence à fidéliser ses clients au gré d’un itinéraire qui passe par Courbevoie, Saint-Cloud ou Gennevilliers. « Nous servons une grosse cinquantaine de couverts par jour : environ 30 le midi et 20 le soir. En outre, grâce à la petite médiatisation générée par l’inauguration, j’ai de nombreuses demandes de privatisation pour des événements divers. » Bien qu’elle ne se verse pas encore de salaire, la chef d’entreprise est aidée par un salarié. Une embauche indispensable pour atteindre l’objectif de 150 000 euros de chiffre d’affaires fixé pour son premier exercice.
Contrairement à ses ancêtres que sont la baraque à frites et le camion de glaces, le food truck nécessite un travail poussé sur l’apparence… Blanc et noir verni, avec des pointes de fuchsia pour celui de Fati Niang, qui a compris dès le départ qu’en la matière l’image et la communication étaient déterminantes. Si bien qu’avant même de lancer Black Spoon elle avait préparé le terrain avec une agence de communication. En décembre 2013, le camion fait sa première sortie et… le buzz sur les réseaux sociaux. Les interviews s’enchaînent. « J’ai tout de même été assez surprise, dit-elle. Je n’aurais jamais imaginé être contactée par autant de médias et d’inconnus qui, sur Facebook notamment, me font part de leur avis et de leur expérience. »
Son chiffre d’affaire, moins de 300 euros les premières semaines, augmente de jour en jour. Ce qui n’est pas pour déplaire à un personnage devenu essentiel dans la vie actuelle de Fati Niang : son banquier.
Le 19 juin 2014, à l’Hôtel Marriott Champs-Élysées, à Paris, elle reçoit le prix de l’entrepreneur africain de France 2014, catégorie femmes innovantes. Vêtue d’une robe toute de satin et de dentelle bleus, sur des talons aiguilles, Fati Niang, 34 ans, semble plus que jamais dans son élément. Définitivement plus entrepreneuse que cuisinière !
Prochain objectif : acquérir un second camion, de nouveaux emplacements, augmenter son activité, recruter un(e) passionné(e) de cuisine qui la remplacerait en première ligne pour se « consacrer pleinement à la gestion de l’entreprise ».
Ses conseils pour réussir dans le business : être persévérant, être très rigoureux dans sa comptabilité, et être passionné !