On connaissait le ghosting, l’art de disparaître du jour au lendemain sans réelle explication. Voici maintenant le soft ghosting. Un comportement familier qui caractérise celui ou celle qui ne répond plus à nos messages, mais qui réagit par un « like » ou pire : un « pouce ».
Après quelques conversations peu animées et des rendez-vous virtuels qui, clairement, n’ont pas découlé sur une passion ardente entre vos deux âmes, le contact se réduit. Drastiquement. A vos questions, vos stratagèmes (ratés) pour attirer son attention, l’autre ne répond jamais. Enfin, pas par des mots. Il vous « ghoste », pensez-vous.
Sauf que pas vraiment. Car à la place de phrases construites, il y a les likes. Le cœur rouge sur un message envoyé par DM. Le sigle écarlate qui s’accrochera au terrible « Alors, sympa la Normandie ? » que vous expédierez dans ce qui représentera une énième tentative de rapprochement (« il n’avait peut-être pas assez de réseau pour m’écrire davantage », pensiez-vous), et qui restera, comme les précédentes, seulement « tapotée » deux fois.
Pourtant, une partie de vous y croit toujours. Chaque notification fait renaître un espoir démesuré, qui finit en lambeau une fois que vous comprenez que vous n’obtiendrez rien de plus qu’un « pouce en l’air » sous votre photo de risotto maison, pourtant accompagnée d’un « J’en ai un peu trop pour moi toute seule… » limpide.
Ni oui ni oui
Ce que vous expérimentez n’est pas isolé, et cela a même un nom : le soft ghosting. Une déclinaison légèrement moins radicale que le ghosting, bien que tout aussi sournoise. Ça ressemble au breadcrumbing, qui consiste à envoyer des messages irréguliers à quelqu’un à qui on plait, juste pour le garder sous le coude, sans ne jamais rien concrétiser. Ou au haunting, l’habitude chez un ex de toujours notifier sa présence par le biais d’un like sous une publication, ou d’un commentaire quelconque. Là encore, si l’appellation sonne comme une mauvaise blague, la manipulation est réelle.
Mais le soft ghoster a sa propre particularité, celle de « réagir » à un message sur Messenger, Twitter ou Instagram, sans vraiment poursuivre la discussion. En nous laissant simplement devant un réflexe difficile à interpréter. Ou plutôt, qu’on ne veut pas interpréter ; faisons preuve d’un peu d’honnêteté, ça veut dire « non ». « Non, je ne viendrai pas chez toi goûter tes recettes improvisées », « non, je n’ai pas passé une soirée exceptionnelle », « non, je ne veux pas te blesser en te disant sans filtre qu’il n’y a pas le petit truc' ».
Une façon pour lui d’éviter l’inconfortable besogne de vous informer de son refus de continuer à vous fréquenter. Mais pourquoi tant de lâcheté ?
Eh bien réfléchissez, avant de s’insurger devant un tel comportement, rappelons-nous de toutes ces fois où, nous aussi, on a préféré esquiver un échange ennuyeux ou gênant de la sorte. Avec le cousin beauf de notre père et ses vidéos Facebook de l’enfer, nos potes d’enfance et leurs projets de réunion qui nous filent des boutons, notre ancien collègue et ses « drinks » empoisonnés par son vocabulaire d’aspirant startupeur.
Comment réagir ?
Dans la culture dating qui est la nôtre, notre ego saigne chaque fois un peu plus quand on prend la décision difficile d’écrire… deux fois de suite. D’envoyer un nouveau texto alors qu’on est celle qui a clôt la conversation la dernière fois.
Avec le soft ghosting, cela peut être difficile de savoir si la personne de l’autre côté de l’écran essaie de mettre fin à la conversation. Cela met aussi la personne qui a envoyé le dernier message ‘officiel’ dans une position étrange : est-ce que vous laissez la conversation telle quelle ? Faites-vous un double message ? Pourtant, ce n’est pas parce qu’on a reçu un petit cœur à la place d’un gros « voyons-nous ce soir » que tout est perdu.
Et pour le savoir, il faut tenter le tout pour le tout. Certaines personnes ont besoin d’invitations plus claires. Suggérez un moment et un lieu et jugez de la réaction à partir de là. S’il n’y a pas de réaction – il s’agit probablement d’un soft ghosting, et vous pouvez passer à autre chose en sachant que cela aurait été une perte de temps de toute façon.
Certes, c’est encore à vous d’agir. De faire preuve de courage pour connaître le fond de sa pensée. Mais mieux vaut ça et être fixée, que rester dans une incertitude ô combien frustrante (et source de sur-analyse insoutenable).
Et puis après tout, on ne sait jamais : il n’avait peut-être réellement pas assez de réseau pour vous écrire davantage ?