Entre Salémata et la frontière occidentale avec la Guinée, les derniers contreforts du Fouta Djallon qui viennent mourir à Kédougou sont jalonnés d’histoires. Autant de mythes et de légendes façonnés à partir de la montagne rythment la vie, dans cette partie orientale du « pays du soleil levant sénégalais ».
Plonger au cœur de la montagne vous ramène aux sources du temps. L’expression qui fait la « une » des dépliants touristiques vantant la destination « Kédougou » est chargée de symboles. C’est une invitation à la découverte de ce que renferme ce département et qui fait la spécificité de ses traits culturels. A Kédougou, ancien chef lieu de la province de la Haute Gambie, les gens restent attachés à la symbolique du terroir, aux legs des anciens. Aussi, au sortir des sentiers battus, c’est le paysage qui impressionne. Des falaises et cascades offrent un paysage unique et nourrissent tous les rêves de vacances, d’évasion et d’aventure de nombreux voyageurs, en quête de découvertes inoubliables.
35 km de piste cahoteuse séparent la commune de Kédougou du village de Dindéfélo, constitué au début du XXe siècle. Dindéfelo signifie “au pied de la montagne” en pulaar, dialecte de l’ethnie peule, majoritaire dans la région. Il faut d’abord affronter une piste escarpée et étroite sur deux kilomètres, au milieu d’une végétation dense et parsemée de blocs de roches qui sont de plus en plus nombreux à mesure que l’on avance. Après plusieurs minutes d’une marche éprouvante, on arrive à la cascade de Dindéfélo qui ronfle, roule et coule son eau fraîche et limpide sur la nature d’en bas qu’elle arrose à longueur d’année.
Le spectacle qui s’offre à la vue est saisissant. Une vue panoramique permet d’en mesurer toute la beauté. Du bassin de réception jusqu’au sommet de la montagne que les nuages viennent taquiner, la main de Dieu a assurément laissé une empreinte indélébile. Telles des briques superposées, la stratification de la roche est fabuleuse. Un kaléidoscope de couleurs se retrouve dans cet agencement naturel. Et le reflet sur l’eau trace les contours d’un arc-en-ciel. De part et d’autre, les parois ciselées des flancs de la montagne ressemblent à des balcons d’immeubles de plusieurs étages voire de gratte-ciel qui donnent sur le jet d’eau. Du sommet de la montagne, l’eau descend de la partie la plus haute d’une des parois de la cascade, à plus de 138 mètres, s’écrase sur les différents paliers jusqu’à atterrir sur une sorte d’esplanade qui donne sur le bassin, réceptacle de cette manne du ciel, tapissé de blocs de pierre, détachés des parois de la montagne. Avec une température idéale, les eaux de la piscine sont aussi propices à la baignade et une fois dedans, on plonge dans sa douce fraîcheur.
De loin, c’est-à-dire de partout ailleurs, c’est un éden naturel au paysage tapissé d’une verdure luxuriante où sont lovées de véritables piscines à l’eau si claire et belle qu’elle teinte le coton des nuages qui passent, poussés par le souffle humide de l’hivernage sénégalais qui s’annonce.
Dindéfélo, c’est aussi 13.000 hectares de réserve naturelle communautaire vouée au bonheur de sa flore et de sa faune et abritant le dernier peuplement d’une vingtaines d’espèces de chimpanzés jaloux de leur territoire. Car, à Dindéfélo, c’est une haute compétition qui est notée de jour comme de nuit entre les populations et les chimpanzés pour la cueillette du « madd » (Saba Senegalensis). Rien de plus naturel à la cascade du…paradis.
Les autochtones et les guides se désolent souvent du fait que les chutes d’eau cachent d’autres splendeurs sur les montagnes.
Au delà des richesses précieuses, diamant, or et marbre, les collines de Kédougou regorgent aussi de secrets jusque-là inconnus du grand public. Sur la montagne à Bandafassi, les femmes stériles se donnent rendez-vous à Kuriniéré. Au pied de la grande pierre soutenue par un petit filet moins grand que le doigt d’une main, elles prient. De retour à la maison, elles deviennent fécondes.
Dans le catalogue de merveilles qui alimentent le répertoire touristique de Dindéfélo, figurent également les grottes de Dendé. Dans ce village situé dans le parc, de grosses grottes restent toujours visibles. « Elles servaient de refuge aux animistes qui refusaient d’embrasser la religion musulmane. Mais le plus bizarre est qu’ils parvenaient à fabriquer des canons avec une matière tirée de cette grotte pour faire face à ceux qui leur menaient la guerre sainte’’, souligne un écogarde, très au fait de l’histoire de Dindéfélo. Les populations de Dindéfélo ne manquent pas de souligner la forêt de termitières qui jalonnent le site. ‘’Il y a beaucoup d’esprits et du mystique dans ces termites considérées comme des objets de vénération dans cette localité ».
Il y a aussi la malle aux trésors qui est suspendue sur les montagnes. Cette malle située à Pélele Kindessa, un village à sept kilomètres de Dindéfélo et appartenant à la réserve forestière du même nom, est devenue l’objet de plusieurs convoitises et de curiosité, mais gare à ceux qui s’approchent de cette valise qui résiste encore au temps. Suspendue “mystiquement” sur les montagnes de Kindessa, cette malle attend des candidats qui tardent à défier le mysticisme protecteur de cette cave de Ali Baba… A ce jour, personne n’a réussi voire osé ouvrir cette malle, parce qu’il y a des abeilles qui veillent et qui jouent aux sentinelles.
Au-delà de l’impact touristique dégagé par les chutes d’eau, une initiative locale est mise en branle dans le but de vulgariser d’autres circuits touristiques pour que les cascades ne soient pas un arbre qui cache une forêt de trésors qui peut profiter aux population