Une application existant depuis plusieurs années en Arabie saoudite permet d’épier chaque mouvement des femmes. A distance, leur tuteur décide et contrôle leurs mouvements.
C’est le journal Business Insider qui a enquêté sur une application saoudienne en apparence banale. Appelée Absher (« Le prêcheur » en français), elle permet de réaliser un certain nombre de tâches administratives comme le paiement d’amende pour s’être mal garé.
Mais en plus, elle contient une fonctionnalité qui permet à l’utilisateur masculin de contrôler à distance les déplacements des femmes.
L’Arabie saoudite conserve, malgré toutes les pseudo annonces de libéralisation des droits des femmes, et les dénonciations des militantes du droit des femmes, un système de tutorat ou gardiennage des hommes sur les femmes qui sont considérées comme d’éternelles mineures.
Sur son site, le ministère de l’Intérieur saoudien, qui contrôle cette application, se vante d’avoir 11 millions d’utilisateurs.
Selon Business Insider, un millier de femmes tenteraient de quitter le pays chaque année, mais elles ne peuvent le faire sans l’autorisation de leur tuteur (qui peut être leur père, leur mari ou leur frère). Pour y parvenir, elles doivent déjouer cette application, qui, si le gardien en fait la demande, envoie des SMS automatiquement à chaque fois qu’une femme sort ou entre dans le pays.
Vol de portable, changement de mot de passe, autorisation entrée sur l’appli à l’insu du tuteur… Tous les moyens sont bons pour les femmes pour déjouer la surveillance qu’on exerce sur elles via cette application.
Si elle tente d’en sortir et que son gardien ne lui en a pas donné l’autorisation, la Saoudienne peut être bloquée à la frontière du pays dès que son passeport passe à la douane.
En janvier dernier, une jeune Saoudienne de 18 ans, Rahaf al-Qunun, partie en vacances avec sa famille, avait réussi à se soustraire à la vigilance de siens et s’enfuir en Thailande. Cloîtrée dans sa chambre d’hôtel, elle avait interpellé la communauté internationale sur Twitter, demandant l’asile politique. Malgré l’arrivée de son père venu la récupérer, le HCR finira par venir la chercher et elle a trouvé refuge au Canada.
Que ferions-nous si cette application attérrissait chez nous ?
source : TF