L’importance de porter le nouveau-né tout contre soi n’est plus à démontrer. « Porter un bébé est un soin nécessaire », affirme ainsi la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos*. La chaleur du contact crée et entretient le lien naissant mère-enfant. Sentir l’odeur de sa maman, être bercé par ses pas donne au nouveau-né un sentiment de sécurité dont il a besoin pour partir plus tard à la découverte du monde. « On ne porte pas un bébé contre soi simplement parce qu’il ne peut pas se porter tout seul », poursuit-elle. On le porte aussi par la pensée et les sentiments. Le grand psychanalyste anglais Donald Winnicott appelait cela le “holding”. Reste la méthode ! Les bras constituent le plus évident et le meilleur nid possible. Mais pour de petites courses, une balade ou même à la maison, on veut garder les mains libres et ne pas s’encombrer de la poussette dans les transports en commun.
C’est le mode de portage le plus répandu chez nous et dans les pays nordiques. Il se développe même à vitesse grand V en Chine ! Au départ, dans les années 1960, le porte-bébé ressemblait plutôt à un “sac à bretelles” ou une poche kangourou. Ces dernières années, les modèles n’ont cessé de se sophistiquer et font l’objet de recherches poussées avec psychomotriciens, kinésithérapeutes et pédiatres pour optimiser leur ergonomie et respecter au mieux la morphologie du tout-petit.
Le principe : ils sont simples à utiliser, une fois le premier réglage des bretelles de soutien et de la ceinture ventrale faits à vos mesures. Le nouveau-né (à partir de 3,5 kg) est tourné face à soi pour le protéger de l’environnement et le surveiller. Pour l’installer face à la route, il faut attendre quatre mois, qu’il soit tonique et tienne la tête et le buste bien droits. On peut placer le harnais sur ou sous un manteau, et de nombreux modèles actuels permettent de le conserver sur soi, tout en enlevant juste la partie enfant avec le bébé dedans. Sans le déranger.
Le plus : pour le bébé, la têtière (rendue obligatoire par la norme européenne) est importante les tout premiers mois, afin de soutenir sa tête dodelinant et éviter l’effet “coup du lapin”. Les réglages de l’assise – hauteur et profondeur – servent à l’ajuster précisément. Enfin, il assure un bon soutien du dos. Pour le porteur, la répartition du poids de l’enfant entre les épaules, le dos et les hanches avec des bretelles et une ceinture lombaire molletonnées évite les points de tension. Son prix souvent élevé peut s’expliquer par la complexité de sa conception, ainsi que la qualité des matériaux utilisés, comme un tissu labellisé Oeko-Tex®, sans métaux lourds dans la teinture. Normalement prévus jusqu’à 15 kg, certains porte-bébés conviennent pour un poids plus élevé, avec la possibilité de porter un enfant plus grand dans le dos pour des balades longue durée.
Ce qu’on lui reproche : les adeptes du portage en écharpe reprochent au porte-bébé classique de suspendre le bébé les jambes pendantes et les bras ballants. Certains évoquent aussi le fait que, ainsi assis sur ses parties génitales, les petits garçons peuvent ensuite avoir des problèmes de fertilité. Les articles anciens ou bas de gamme, peut-être. En revanche, les fabricants de modèles actuels affirment les étudier pour que l’enfant soit assis sur ses fesses, les jambes placées de façon naturelle.
*Auteure de « Pourquoi porter bébé ? », éditions LLL Les Liens qui libèrent.
Inspirée des techniques de portage traditionnelles utilisées dans de nombreuses civilisations africaines ou asiatiques, l’ écharpe de portage a fait son apparition chez nous ces dernières années, dans le sillage des mouvements du maternage naturel. Son usage s’est depuis largement développé, et elle rejoint aujourd’hui le circuit des magasins de puériculture plus classiques.
Le principe : il s’agit d’une grande bande de tissu de plusieurs mètres (de 3,60 m à près de 6 m selon le mode de nouage) qu’on dispose de façon savante autour de soi pour y loger le tout-petit. Le tissu est en coton ou en bambou pour être doux au contact de la peau, et à la fois résistant et souple.
Le plus : emmailloté de cette façon, le nouveau-né fait corps avec sa maman, collé sur son ventre, comme un prolongement de leur fusion. Dès les premières semaines, l’écharpe autorise différentes positions du bébé selon le moment de la journée : droit devant soi, semi-allongé pour pouvoir l’allaiter discrètement, ouvert sur le monde… Autre bienfait remarqué par Anne Deblois** : « Lorsqu’il est porté tout contre le corps d’un adulte, il bénéficie du système de thermorégulation du porteur, en hiver comme en été. »
Ce qu’on lui reproche : moins rapide à installer sur soi qu’un porte-bébé, l’écharpe de portage n’est pas forcément évidente à nouer avec la bonne technique selon l’âge du bébé, pour lui assurer une position physiologique en toute sécurité. Suivre des cours en atelier peut être nécessaire. Contrairement au porte-bébé, l’écharpe n’a pratiquement pas d’âge limite. Seulement le poids supportable par le porteur… d’où la tentation de certains jeunes parents de le porter de façon encore fusionnelle à l’âge où l’enfant doit apprendre à marcher par lui-même et s’autonomiser. Mais voilà une question davantage de mode de vie et éducative que technique ! Côté polémique, des études ont récemment montré que la tenue en grenouille utilisée en écharpe ou, au contraire, jambes serrées l’une contre l’autre, lorsque l’enfant est porté en “banane” les premières semaines, ne respectent pas l’ouverture naturelle des hanches du nourrisson.
**Coauteure de « Le pirtage en écharpe », Romain Pages Editions.
Pour ceux qui hésitent entre ces deux portages, la solution est peut-être du côté des porte-bébés dits “physiologiques” ou “ergonomiques”, développés par les marques à la suite du leader Ergobaby.
Le principe : à mi-chemin entre l’écharpe et le porte-bébé classique, il s’inspire généralement du mode de portage des bébés thaïs, avec une grande poche dotée d’une large assise et des bretelles.
Le plus : il n’a pas de long pan de tissu à nouer, ce qui élimine les risques de mauvaise installation. Il se ferme soit par boucle simple, soit par nœud rapide. La poche qui contient l’enfant lui assure une position en “M”, les genoux légèrement plus hauts que les hanches, le dos arrondi. Côté porteur, la ceinture ventrale est généralement rembourrée pour assurer un bon maintien.
Ce qu’on lui reproche : on manque encore de recul pour se prononcer sur les bienfaits de la position du bébé par rapport à sa morphologie. Reste le fait qu’il est déconseillé de l’utiliser tel quel avec un nourrisson avant 4 mois. Il y flotterait sans bonne tenue, notamment au niveau des jambes. La parade : certains modèles proposent une sorte de coussin réducteur amovible.