Accueil » Politique » Leaders au féminin » Disparition de la femme la plus riche du monde : qui était Lilianne Bettencourt ?

Disparition de la femme la plus riche du monde : qui était Lilianne Bettencourt ?

La femme la plus riche du monde, la française Liliane Bettencourt, première fortune de France, héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal vient de tirer sa révérence. Bien qu’elle ne soit pas africaine, debbosenegal a quand même tenu à lui rendre hommage en tant que femme, et chef d’entreprise.

Décédée à l’âge de 94 ans, cette femme a incarné pendant presque un siècle le parcours exceptionnel d’une championne de l’industrie française doublée d’une humanitaire généreuse mais qui  finira par ébranler, malgré elle, la république !

Retour sur la vie d’une battante

Liliane Bettencourt

Liliane Bettencourt, c’est un nom qui rime avec le capitalisme à la française. Née d’Eugene Schueller fondateur de l’Oréal le 21 octobre 1922, elle perd sa mère brutalement avant l’âge de 5 ans d’un abcès au foie. Elle ira chez les Dominicaines. Fille unique, elle reporte tout son amour sur son père qui, lui-même, est le fils d’un couple de pâtissiers arrivés à Paris depuis l’Alsace. Les Schueller n’avaient pas des moyens mais ils tenaient à mettre leur fils à l’école privée de Neuilly et, en échange, ils vont fournir le pain à toute l’école tous les matins.

Le fils brillant complète rapidement ses études de chimiste et  travaille ensuite chez un biologiste et c’est là qu’il va inventer un shampoing qui teint les cheveux en blonds alors que c’était la mode ! Cela marche tout de suite, Schueller devient riche et crée l’Oréal.

Il éduque sa fille Liliane dans le culte du travail et de la rigueur

La gouvernante de cette dernière Martine témoigne qu’elle lui parlait beaucoup de son papa qui ne l’a jamais traité en fille riche. A 14 ans déjà, elle faisait des stages à l’usine et étalait des shampoings car elle était aussi ingénieure chimiste.

C’est le père qui choisit André Bettencourt pour épouser sa fille. Issu d’une famille normande dont sont sortis plusieurs généraux, il avait l’avantage de la naissance. Ce sera la rencontre de l’argent et de la noblesse. André était le meilleur ami d’un certain François Mitterrand.

En 1954, dans le gouvernement de Mendes France, Mitterrand, ministre, le fait intégrer comme secrétaire d’état du conseil d’état. André Bettencourt fera carrière comme ministre pendant  longtemps et témoigne lui-même que Liliane l’a beaucoup épaulé.

À la mort de son père en 1957, Eugène Schueller, qu’elle idolâtrait, Liliane devient première actionnaire du groupe. Mais c’est à son mari, André, qu’elle confie la présidence de l’empire. Liliane Bettencourt qui connaît l’entreprise comme personne agit dans l’ombre, conseillée par le pouvoir politique en place Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing d’abord, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy plus tard. Sur les conseils de Pompidou dont elle est l’amie de la femme, elle fait entrer Nestlé au capital de l’entreprise en 1974. Le président craignait une éventuelle nationalisation en cas d’arrivée de la gauche au pouvoir. Elle approuve ensuite l’entrée en Bourse de sa société. Elle poussa également son époux, décédé en 2007, à racheter la marque de cosmétique Gemey Maybelline en 1995.

De leur couple naîtra une fille unique, Françoise en 1955

Elle a toujours bien tenu son rôle d’actionnaire majoritaire de l’Oréal dont elle choisit soigneusement les PDG. Elle nomme en 1990 Jones comme directeur général, ce dernier modernise la marque à coup de pub en mettant à l’affiche des mannequins de renom, des actrices, des stars ; la marque décolle !

le siège de l’Oréal à Paris

En 1992, Liliane organise sa succession en donnant la majorité de ses actions à sa fille Françoise. Aujourd’hui, L’Oréal pèse 33 Milliards d’euros ! Liliane Bettencourt est la femme la plus riche du monde selon le magazine Forbes !

Elle gagne 400 millions d’euros par an pour son usufruit, sa jouissance personnelle, elle voyage, collectionne des vêtements Chanel, achète des tableaux de maitres et même se paye une île à elle toute seule dans le pacifique.

Comme dans chaque famille de renom, les démons du passé la rattrapent assez vite. Son père si sacré à ses yeux, aurait été un collabo des nazis, qu’il aurait financé pendant un temps. Son mari, le cher André, finira par démissionner de la présidence de l’Oréal quand un juge a découvert qu’il a travaillé dans un journal nazi, où il signait des articles de dénonciation des juifs.

Ainsi, pour se racheter, Liliane et son mari entreront  alors en humanitaire comme on entre en religion. Elle décide désormais que son argent ne servira qu’à faire du bien. Cela va du soutien aux écoles défavorisées en passant par le mécénat d’art, l’aide à la recherche médicale etc. Elle est de tous les fronts en termes de donation.  On commence alors à l’accuser d’être sous influence, d’abus de faiblesse, elle ne déciderait pas toute seule, mieux, elle ne le ferait pas en toute conscience.

C’est le début de l’affaire François-Marie Banier

Ce photographe  deviendra son ami le plus proche à la mort de son mari. Elle se plaignait selon sa gouvernante, de ne pas avoir beaucoup de gens qui la comprenaient. Histoire d’amour ou juste une relation d’affection filiale, nul ne saurait le dire. Mme Bettencourt  lui fait des chèques, des donations, lui offre des tableaux, des appartements au point que sa comptable, alarmée, en arrive à avertir sa fille. Les cadeaux faits à Banier s’élèvent, cumulés, à un 1 Milliard d’euros !

Sa fille sera obligée d’essayer de la placer sous tutelle, de porter plainte contre son ami et de reprendre les choses en mains. Les médias s’intéressent désormais à Liliane Bettencourt et à sa famille. On l’accuse d’être un grand mécène politique et de financer des partis comme celui de Nicolas Sarkozy.

En 2011, un diagnostic médical viendra confirmer sa perte de mémoire et ses troubles neurologiques qui finiront par donner raison à sa fille Françoise qui obtiendra enfin la sous tutelle.

Le 21 octobre prochain, Liliane Bettencourt aurait eu 95 ans ; elle quitte la scène paisiblement en laissant en souvenir le parcours d’une icône du capitalisme industriel, intelligente et discrète qui a su bâtir un empire et le consolider avant qu’une affaire politico judiciaire ne vienne la mettre, malgré elle, sous les spotlights. Tout ce que cette grande dame a toujours détesté.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Login