«Je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de parler de la crise cardiaque. Dans le monde, chaque année, environ 12 millions de personnes, riches comme pauvres, meurent d’une crise cardiaque ou d’un AVC. Le Sénégal, à l’instar des autres pays en voie de développement, n’est pas assez outillé pour faire face à ce fléau. Heureusement que la prévention peut permettre de réduire fortement la mortalité liée à la crise cardiaque.»
: Qu’est-ce que l’infarctus du myocarde et comment ça se manifeste ?
Dr. M.L. : L’infarctus du myocarde, communément appelé « crise cardiaque », est une nécrose ou destruction du muscle cardiaque plus ou moins étendue due à une privation du muscle cardiaque en sang oxygéné.
: Comment se manifeste l’infarctus du myocarde ?
Dr. M.L. : Il se manifeste typiquement par une douleur thoracique intense et brutale, irradiant au bras gauche ou aux mâchoires. Parfois, c’est un essoufflement ou une difficulté à respirer ; quelquefois des palpitations ou une perte de connaissance. Il faut noter que chez le diabétique, il n’y a presque jamais de douleur.
: Quelles sont les causes de la crise cardiaque ?
Dr. M.L. : Le myocarde ou muscle cardiaque est irrigué par les artères coronaires qui alimentent le cœur en oxygène. Lorsque ces artères se bouchent du fait de l’existence de plaques d’athérome constituées de graisse, de cholestérol on a une crise cardiaque, ces plaques grossissent ou se brisent et entrainent la constitution de caillot. La formation de ces plaques est induite par les facteurs de risques cardiovasculaires que sont : le diabète, l’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol dans le sang, le tabagisme, l’obésité, le stress et la sédentarité.
: Pourquoi la crise cardiaque est-elle si fréquente en ce moment au Sénégal ?
Dr. M.L. : Selon les experts, en 2020, les maladies cardiovasculaires, en particulier les cardiopathies ischémiques dont l’infarctus du myocarde est le chef de fil, seront la première cause de mortalité en Afrique subsaharienne.
Au Sénégal, l’augmentation de la prévalence et de l’incidence des facteurs de risques cardiovasculaires est la principale raison, le changement du mode de vie (mauvaise alimentation, sédentarisation, le tabagisme des jeunes et des femmes), le stress psychosocial et professionnel.
: Pourquoi est-ce que cela arrive même à des personnes qui font du sport ?
Dr. M.L. : Il faut savoir que toutes les morts subites du sportif ne sont pas forcément dues à un infarctus du myocarde. Il y a d’autres causes comme la cardiomyopathie hypertrophique dont l’exemple qui nous a beaucoup marqué est celui du footballeur camerounais Marc Vivien Foé.
Par ailleurs, beaucoup de jeunes sportifs ne font pas de bilan cardiaque avant de s’engager dans les compétitions. Certains aussi font une activité sportive non adaptée à leur condition physique.
: A quel âge est-on le plus susceptible de faire une crise cardiaque ?
Dr. M.L. : Classiquement, c’était 55 ans pour l’homme et 65 ans pour la femme du fait que celle-ci avait une protection hormonale jusqu’à la ménopause. Aujourd’hui, on constate que les crises cardiaques surviennent chez des personnes de plus en plus jeunes, entre 40 ans et 50 ans. En réalité, il n’y a plus d’âge.
: Quelle est la différence avec l’AVC ?
Dr. M.L. : L’accident vasculaire cérébral (AVC) est aussi un problème d’artère qui se bouche ou qui se rompt, mais plutôt au niveau du cerveau avec les mêmes facteurs de risques que la crise cardiaque. Il se traduit par une paralysie d’une partie du corps (dans la forme ischémique c’est-à-dire que l’artère se bouche) ou un coma (dans la forme hémorragique c’est-à-dire que l’artère se rompt).
: Que faire pour sauver une personne qui a un infarctus ?
Dr. M.L. : Il faut la conduire dans une structure hospitalière la plus proche, ou appeler le SAMU National au 1515. La chance de survie est fortement liée au délai de prise en charge pré hospitalière.
: Quelles sont les séquelles ?
Dr. M.L. : L’infarctus du myocarde entraine une perte de la contractilité du muscle atteint, ce qui abouti souvent à une insuffisance cardiaque, à des troubles du rythme cardiaque. Il faut savoir qu’environ 30 % des personnes qui ont une crise cardiaque meurent avant même d’avoir pu voir un médecin.
Pour les survivants, les séquelles sont variables, mais dépendent de l’étendue de l’infarctus : plus la zone du cœur atteinte est étendue, plus la pompe qu’est le cœur devient faible, ce qui aboutit à une insuffisance cardiaque. La diminution progressive du débit cardiaque qui s’ensuit se traduit par un essoufflement au moindre effort et même au repos.
: Que faut-il faire pour prévenir la crise cardiaque ?
Dr. M.L. : La prévention passe par la maîtrise des facteurs de risques cardiovasculaires et le suivi régulier des personnes qui sont déjà hypertendues, diabétiques, fumeurs, obèses et ou ayant un taux élevé de cholestérol dans le sang.
: Où à Dakar, au Sénégal faut-il emmener une personne qui fait un infarctus ?
Dr. M.L. : Tous les hôpitaux de Dakar peuvent administrer les premiers soins. L’hôpital Aristide Le Dantec vient de se doter d’un outil diagnostic et thérapeutique pour la prise en charge des infarctus. Certaines cliniques aussi ont un plateau technique adéquat pour la prise en charge de l’infarctus. Dans les autres régions, il y a un manque criard de ressources humaines et matérielles, notamment l’électrocardiogramme, qui permet de confirmer le diagnostic, n’est pas toujours disponible.
: Quel est le coût de la prise en charge pour une personne qui fait une crise cardiaque ?
Dr. M.L. : Il est très variable en fonction de la structure d’accueil et de la gravité de la crise et surtout au délai entre le début de celle-ci et l’admission dans une structure de soins adéquate. Si la personne est reçue avant les 6 heures, on peut faire une thrombolyse qui augmente les chances de survie, mais celle-ci est coûteuse et pas toujours disponible même dans les grands hôpitaux de Dakar (une ampoule de streptase coûte entre 60 000 et 75 000 FCFA).
: Vous-même avez une clinique qui soigne des problèmes cardiaques. Quels soins y sont dispensés ?
Dr. M.L. : En effet, nous dirigeons une clinique qui s’appelle La Clinique du Cœur au sens propre et au figuré. Nous prenons en charge toutes les maladies cardiaques et à tous les âges. S’il arrive que le cas nécessite un avis plus éclairé, des spécialistes (rythmologue, cardiologue interventionnel) sont toujours disponibles pour une meilleure prise en charge. Nous faisons aussi deux fois par an des journées de consultations gratuites à l’occasion desquelles nous informons, nous éduquons et conseillons par rapport aux maladies cardiovasculaires.
: Quels autres conseils donnerez-vous aux Sénégalais pour leur santé de manière générale ?
Dr. M.L. : Un homme averti en vaut deux. Les maladies cardiovasculaires au Sénégal seront au-devant de la scène dans quelques années. La population doit être éduquée pour une meilleure prévention et une prise en charge adéquate. Il faut manger moins gras, moins salé, moins sucré, ne pas fumer, réduire la consommation d’alcool, manger 5 fruits et légumes par jour, faire une activité sportive régulière telle que la marche 45 minutes trois fois par semaine. Un bilan cardiovasculaire tous les ans à partir de la cinquantaine si on n’a aucun facteur de risque et à 40 ans si oui.
Après ses études de médecine suivies d’une spécialisation en cardiologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), elle a bénéficié d’une formation en échographie cardiaque à l’Université Paris XII.
Elle a ouvert un cabinet médical de cardiologie en 1998 qui a évolué vers La Clinique du Cœur (Cardio 24) où l’on traite essentiellement des malades du cœur et des vaisseaux.
Bonjour
J envisage un voyage au mois d avril a m bour a l hotel ROYAM, j’ai 75 ans je suis
Sous Previscan avec un INR pas très stable. Le traitement pour le palu Malarone est il compatible avec le Previscan ? Ya til des risques .?
Souhaitant partir dans de bonnes conditions je vous remercie de vos conseils.
Cordialement
JC BUSSIERE