Malgré la grogne d’une certaine classe de la population et des media dans leur grandes majorité, les mesures prises par le président de la République pour alléger l’état d’urgence sont bien appréciées par une frange de la population. C’est le cas de Coumba commerçante au marché HLM.
Nous l’avons retrouvée en visite chez sa tante, tout sourire. A la question de comment elle apprécie l’allégement des mesures d’urgence voilà ce qu’elle répond :
“Vous savez, nous nous vivons dans la soutoura. J’ai 5 enfants en bas âge. Mon mari a perdu son travail et essaie depuis 2 ans d’en retrouver un. Nous habitons pas loin du marché HLM et c’est une amie qui a une place là-bas sur le trottoir qui me permet de venir disposer le peu de tissus que je glane ici et là pour les vendre et pouvoir ainsi nourrir la famille.”
“Avant cette pandémie, tous les matins je partais au marché vers 9h avec ma plus grande fille qui a 7 ans. Je disposais ma marchandise à même le sol et je priais qu’un client passe vite pour que je puisse avoir de quoi acheter le repas de la journée. Certains jours cela arrive vite et vers 10h j’arrive à vendre quelque chose et j’envoie ma fille dans le marché acheter de quoi préparer le repas de midi. Le marché fait, elle repartait en courant à la maison et prépare le repas sous la surveillance de mon mari. Je lui ai appris très tôt à faire la cuisine, tandis que je reste sur place pour essayer de gagner plus. Certains jours, même à midi, je n’ai toujours rien vendu (sokheko gouma)” dit-elle.
“Et ces jours-là, soit j’emprunte à mon amie, si elle a vendu quelque chose, ou alors ma fille et moi rentrons bredouilles, et j’essaie alors de trouver une solution pour nourrir la famille. Ces jours-là mon mari lit sur mon visage dès que je franchis la porte de la chambre que nous occupons et son visage reflète la douleur de son impuissance. Si je peux bricoler quelque chose rapidement avec des restes, je le fais, sinon je fais appel à ma tante ici chez qui vous m’avez trouvée pour qu’elle nous vienne en aide. Elle est un peu mieux nantie, mais ce n’est facile pour personne. Les jours où j’arrive à mieux vendre ma marchandise, tout le monde est heureux. Nous faisons le marché ma fille et moi pour les repas de deux ou trois jours.”
“Hélas covid 19 est venu rendre les choses encore plus difficiles ! Vous savez, madame, rien n’est pire pour quelqu’un de valide que de tendre la main. Nous avons dû rester à la maison et tendre la main pour nous nourrir. Les voisins, quelques politiciens du coin nous ont un peu aidés mais c’est toujours avec un air insupportable de condescendance. Alors que quand j’allais au marché, nous avions notre “soutoura”, personne ne savait jusqu’où nous étions dans le besoin. Mon mari et moi avons trop souffert de cette situation.”
Alors hier, quand le Président de la République a assoupli les mesures d’urgence, c’était pour nous une explosion de joie ! Nous sommes prêts à nous couvrir de la tête aux pieds s’il le faut, nous laver les mains mille fois par jour, mais laissez nous aller dans les marchés, vendre et nous nourrir. Laissez nous vivre dignement, sinon nous préférons mille fois mourir de “corona”, cela ne fait aucune différence pour nous !”
“Merci Président, merci de nous permettre à nouveau de gagner dignement notre vie !”
No comment !