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Bind : trois propositions artistiques autour d’un événement «off», à voir absolument !

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De par le nombre et la qualité des artistes qui y exposent, l’expo abritée par Supere 3D a été, on peut le dire sans se tromper le coup de cœur de Dak’art 2016. En partenariat avec « Bind », dans une démarche collective l’Institut « Supere 3D », spécialisé dans la technologie du multimédia, et l’Association française « Images passages » ont apporté leurs concours à travers deux autres initiatives artistiques. Il s’agit d’une exposition de peintures et de vidéos d’art basée sur une dynamique expérimentale qui compte repousser les limites et situer les rapports entre les outils du multimédia et la créativité humaine. C’est une mise en situation entre l’art et l’architecture, l’imagerie fixe et celle animée, mais aussi entre le multimédia et le dessin dans toutes ses variantes (artistiques, techniques, industriels, pédagogiques, etc.) à travers trois projets complémentaires.

En langue wolof, « Ecrire » renvoie à l’expression « BIND». A travers un jeu de sémantique l’expression «To bind» signifie aussi lier ou attacher en anglais. C’est la volonté de laisser une trace, un instantané de la création africaine actuelle, et de la « lier » avec les acteurs internationaux. Ce projet artistique se veut comme étant une initiative de rapprochement et de réflexion autour de la création et, en particulier, de la pratique du dessin. Devenu omniprésent dans les grandes expositions internationales ces dix dernières années, le dessin contemporain manque toujours d’événements dédiés en Afrique. Il s’agit, avec BIND, de créer un focus sur la jeune création et les artistes émergents qui utilisent ce médium, mais aussi de pouvoir permettre à des artistes établis sur le continent d’exposer leur travail souvent méconnu.

Le vernissage s’est tenu le 8 mai dernier, avec une palette de personnalités venues honorer de leur présence cette exposition, dont le parrain n’était autre que l’architecte de renommée internationale Pierre Goudiaby Atepa.

Sur 3 niveaux, les organisateurs de cette super expo ont aligné pour Bind :

Amadou Camara Guèye, Moridja Kitenge Banza, Yvanovitch Mbaya, Danielle Berthet, Ghislain Mabiala, Jean David Nkot, Adel Bentounsi, Othmane Taleb, Henri Sagna, Leslie Amine, Soly Cissé, Douts.

Tous des noms connus et des talents reconnus en Afrique et dans le monde.

Du côté de Supere 3D ont été présentés : Cheikh Tidiane Diagne, Nourou Dine Ichola, Barkinado Bokoum, Serigne Ndiaye et pour  images passages, le français Phillipe Astorg  qui présente des vidéos réalisées avec une pure précision de la gestuelle et la mise en formes des images. Un jeu de couleurs et de mouvements.

Sous le commissariat de la très inspirée Amandine Tochon, directrice artistique du projet « Bind »…, nous sommes accueillis dès l’entrée de l’immeuble par une œuvre de Barkinado Bocoum qu’on ne présente plus d’ailleurs, présentée en triptyque, au bout des escalier, un éclatant exercice de vérité qui nous entraîne dans les sentiers buissonniers de l’art contemporain. Au premier niveau du bâtiment qui abrite cette exposition « off », à Mermoz Pyrotechnie, le visiteur est  encore subjugué par la posture évanescente de ses personnages ballotés entre la vie et la mort représentée à travers des crânes humains. Sur l’une des façades du deuxième niveau, l’artiste aux éternels rastas tirés en queue de cheval, retrace sur ses tableaux des formes géométriques évoquant de manière voluptueusement érotique des corps de femmes aux formes épurées et qui les rend à la fois légères et majestueuses, audacieuses, belles à regarder … sous toutes les latitudes.

Puis c’est au tour de l’artiste Cheikh Tidiane Diagne de nous émerveiller, cet artiste qui vit à Francfort en Allemagne a un coup de pinceau absolument magique. Ses tableaux sont harmonieux dans des couleurs vives qui racontent le changement climatique, les 3 religions révélée ou l’émigration.

Plus loin c’est les tableaux de l’artiste Nourou Dine Ichola, architecte à l’ASECNA  qui schématise son sujet au détour d’une expression graphique diverse et dynamique. Il a un coup de stylo extraordinaire, avec lequel il croque des scènes de la vie comme sur une photographie. Ici c’est une mère qui porte son enfant au dos, là-bas c’est une mère qui étreint son bébé sur sa poitrine. Les scènes sont d’une vivacité saisissante. Nous tairons les performances des autres artistes pour permettre aux visiteurs de les découvrir eux-mêmes.

A l’étage un panel d’artistes plus talentueux les uns que les autres étalent leur originalité. Nous citerons au passage Soly Cissé, le singulier et innovant artiste international, côté en bourse qui nous offre plusieurs petits tableaux judicieusement placés sur un présentoir au milieu de la salle. Serigne Ndiaye régale également les visiteurs à travers plusieurs tableaux sous verre et sa fameuse collection de lunettes. Le marocain Othmane Taleb tout aussi talentueux qu’Ichola  nous a gratifié de sublimes croquis faits au crayon d’une rare habileté et décrivant aussi  d’insupportables scènes de vie comme un enfant traîné au sol par des adultes, etc …

Celui qui m’a le plus impressionné est l’artiste camerounais, Jean David Nkot. Il libère sur ses tableaux des images  insolites d’imigrés aux visages de timbres postes estampillés « demande de statut de réfugiés ». Au début c’est un visage normal, symbolisant certainement le réfugié à son arrivée dans le pays d’accueil, mais au fur et à mesure cela se détériore jusqu’à devenir un visage de squelette. Est-ce la longue attente des papiers jusqu’à ce que mort s’en suive ? En tout cas, très  Impressionnant et à voir absolument !

Bref cette exposition est de haute facture, elle aurait gagné à être mieux médiatisée pour permettre au public de faire connaissance avec ces talents venus d’ici et d’ailleurs. A découvrir  absolument dans les locaux de l’Institut « Supere 3 D » à Mermoz sur l’ancienne piste, en quittant le restaurant Cap Asie en direction du domicile du marabout Cheikh Bethio Thioune.

En attendant vivement le remake de cette exposition très prochainement.

2 Comments

  1. SAYI OMONLEYE dit :

    J’ai eu la chance de visiter l’expo de l’Institut SUPERE 3D et je vous assure que j’étais fasciné par les œuvres des différents Artistes que je tiens à féliciter. Je voulais repartir avec une œuvre qui m’a particulièrement séduite « la Mère qui étreint son enfant sur la poitrine », mais l’Artiste ICHOLA ne voulais pas me la céder. Je continuerai les tractations jusqu’à le convaincre Inhala !
    Merci aux organisateurs et félicitations à l’AFRIQUE !

    • Mounina Kane dit :

      Bjr. J espère que vous avez pu convaincre l’artiste Ichola de vous céder son tableau. Nous l’avons bcp apprécié aussi a debbosenegal. A tout bientôt!

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