« Lorsque quelqu’un me faisait une déclaration, le lendemain je ne le saluai plus »
Cette semaine Debbosénégal est allé à la rencontre d’une légende du ballon orange féminin sénégalais, Anne Marie Diokh. L’emblématique joueuse et capitaine de l’équipe nationale féminine des années 80-90, a accepté de revenir sur sa carrière de joueuse mais aussi sur sa vie actuelle qu’elle consacre à la fois à sa famille et son centre de basket.
: Bonjour Anne, Pouvez-vous présenter à nos lecteurs surtout pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Anne Marie Diokh : (Sourire). En fait, je suis une bonne sérère de Joal Fadiouth. Je suis une ancienne basketteuse de la génération des Mame Maty, Natalie Sagna, Mbereck Sall et les autres. J’ai commencé ma carrière en 1983 à la Jeanne d’Arc de Dakar (Ja) où j’ai raflé tous les trophées coupe et championnat avec mes coéquipières. J’ai été reine du basket aussi en 1992. Ensuite avec l’équipe nationale que j’ai intégrée en 1984, j’ai gagné deux trophées continentaux en Tunisie en 90 et 92 ici à Dakar. C’était intense pour une carrière de joueuse.
: Qu’est ce qui faisait la force de votre génération ?
A.M.D : Tout simplement, je pense que nous avons eu la chance de bénéficier d’un bon encadrement avec Bonaventure Carvalho paix à son âme. Il était extraordinaire. Il a su nous inculquer les valeurs de la gagne sur le terrain et même en dehors. Ce qui faisait que seul le basket nous intéressait avec nos entraînements et les matchs en week-end. En plus de l’école pour celles qui étaient encore sur les bancs.
: Parlez-nous un peu de votre séjour en Tunisie où vous avez évolué comme Pro ?
A.M.D : Effectivement, je suis partie là-bas en 95 et j’ai connu un excellent passage dans ce championnat. J’y suis restée durant trois années et j’ai glané pas mal de coupes, championnats et distinctions mais le plus important a été la coupe de la ligue du championnat Arabe Magrébin. Je me rappelle que certains d’entre eux me disaient que je méritais de jouer dans un championnat plus huppé que celui de la Tunisie. Pour dire que c’était un honneur pour eux de m’avoir dans leur pays. Cela m’a beaucoup marqué.
: Par la suite comment s’est passé votre retour au Sénégal ?
A.M.D : C’est en 98 que je suis rentrée et je suis retournée dans mon ancienne équipe de la JA. Deux années plus tard, j’ai arrêté définitivement. Depuis je gère mon école de basket à Liberté 2 (cfamd) centre de formation Anne Marie Diokh et les choses se déroulent bien. Je me suis mariée et je suis mère de deux enfants.
: Pensez-vous être une bonne maman ?
A.M.D : Attention, la basketteuse n’a rien à avoir avec la femme que je suis. Je suis véritable ‘Diek ‘(rires). Je sais que l’on m’a toujours cataloguée en garçon manqué mais j’assure pleinement mon rôle de femme.
: Pour finir, Quel est votre regard sur l’actuelle génération de joueuses ?
A.M.D : Elles sont talentueuses. Mais elles gagneraient plus à être plus rigoureuses dans la pratique et dans le comportement. Durant ma carrière lorsque quelqu’un me faisait une déclaration le lendemain je ne le saluais plus. Je ne le reconnaissais plus. C’est dire que seule ma carrière m’importait et rien d’autres. D’ailleurs pour preuve c’est après avoir décroché que je me suis mariée et j’ai fait mes deux enfants (garçon et fille).