Aline Sitoé Diatta est née vers 1920 à Cabrousse, en Casamance, atteinte d’une infirmité à cause de la poliomyélite. Après avoir été vendeuse, elle travailla comme domestique à Dakar où, par l’intermédiaire de « Ema-Emit », elle devint peu à peu prêtresse.
Très tôt, elle s’opposa aux aspects les plus visibles de la colonisation : le paiement des impôts, qu’elle estimait exagérés, le travail forcé et le recrutement des Sénégalais dans les armées coloniales. Elle demandait à ses compatriotes de ne pas cultiver l’arachide, comme le réclamaient les Blancs, mais de se consacrer aux cultures vivrières : le riz rouge, le manioc, la patate douce, le maïs.
Aline Sitoé Diatta combattait aussi le christianisme, introduit au Sénégal par les Français, et prônait le retour aux religions sénégalaises, en particulier le respecter des coutumes ancestrales. Elle fut également la première femme au Sénégal à prôner ouvertement l’égalité entre tous les hommes, quelles que soient leur race, leur religion, leurs opinions… A une époque où les femmes avaient un rôle secondaire dans la société, elle affirmait leur égalité avec les hommes et prônait la solidarité entre les jeunes et les vieux.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Aline Sitoé Diatta devint célèbre dans toute la Casamance : on la surnommait la « dame de Cabrousse ». Bien que son action soit de la résistance passive, les administrateurs coloniaux français s’inquiétaient de sa popularité.
Arrêtée le 28 janvier 1943 à Cabrousse, elle fut condamnée à 10 ans d’emprisonnement par le tribunal de Ziguinchor, puis déportée en secret à Tombouctou, où elle mourut le 22 mai 1944, extrêmement jeune.