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Alerte, en cas de viol à Dubai se taire à jamais ou aller en prison !

A Dubaï, on peut arrêter et jeter en prison une femme qui portait plainte pour viol, parce qu’elle a « avoué » une relation sexuelle hors mariage et n’a pas de preuve que cette dernière n’était pas consentie. Au point où une association caritative a publié une recommandation officielle incitant les femmes à se taire pour se protéger. Effrayant.

Dubaï est vu par les Occidentaux fortunés comme une oasis où le luxe et la culture arabe se mêlent avec bonheur. Avec ses gratte-ciels démesurés, ses casinos géants, ses parcs artificiels et ses hôtels sous-marins, la ville a tout d’un petit paradis artificiel.

Pourtant, la réalité n’a rien d’aussi idyllique. Car si le chatoyant ramage dont se pare la cité de l’illusion nous fait trop souvent oublier son cœur radical, la charia régit bien tous les Emirats arabes unis, à grands coups de fouet et de peines de prisons absurdes. Et Le voile de modernité se déchire vite lorsqu’on en vient à la question des relations sexuelles, qu’elles soient consenties ou non. Preuve en est l’arrestation d’une touriste britannique de 25 ans, détenue par les autorités de Dubaï alors qu’elle venait porter plainte pour un viol collectif. La jeune femme devra affronter des charges pour « relation extra-conjugale« , qui peuvent aller d’une peine de prison à la lapidation.

Face à ce nouveau drame judiciaire, qui n’est que le dernier en date d’une longue série noire (par exemple, en 2013, une norvégienne violée avait porté plainte et s’était retrouvée condamnée à 16 mois de prison, avant d’être graciée sur intervention de l’état norvégien), une organisation a officiellement recommandé aux victimes de ne pas porter plainte en cas de viol. Zoom sur un monde qui marche sur la tête, où l’on punit les victimes et où on fait des courbettes devant les violeurs : Dubaï est bien la ville de la démesure.

Combattre les violences sexuelles, dans les pays qui appliquent la charia, est une tâche ardue, si ce n’est impossible. En effet, l’interprétation de la loi islamique fait qu’il est extrêmement compliqué pour une femme de prouver qu’elle a été violée. Et toujours selon la charia, si elle ne peut pas prouver le viol, elle est alors coupable de… relation sexuelle hors mariage. Voilà le piège qui s’est refermé sur une touriste britannique de 25 ans, Zara Barber.

Selon le New York Times, la jeune femme profitait de ses vacances à Dubaï quand elle a été agressée sexuellement par deux hommes, des anglais comme elle. Parce qu’elle a été porter plainte pour viol collectif, elle est désormais accusée d’avoir enfreint la loi des Emirats arabes unis en ayant une relation extra-maritale et retenue en détention. Son passeport lui a été confisqué par les autorités, afin qu’elle ne puisse pas fuir le pays en attendant son jugement. « Elle est absolument terrifiée. Elle a été voir la police en tant que victime de l’une des pires épreuves imaginables, mais c’est elle qu’on traite en criminelle« , s’indigne un ami de sa famille Barber dans The Sun. La fornication et le sexe hors-mariage étant deux péchés des plus graves selon la charia, Zara Barber risque une peine de prison très lourde et des châtiments corporels, si ce n’est la mort par lapidation. Pendant ce temps, ses deux agresseurs, deux Britanniques de Birmingham, sont tranquillement rentrés chez eux.

Une pétition a été lancée par la famille de la jeune fille afin d’aider à la faire libérer, mais sa situation est très préoccupante d’après Radha Stirling, la fondatrice et directrice de Detained in Dubai, qui gère quotidiennement les dossiers des victimes occidentales de la justice islamique des EAU. « Il est très possible que les charges soient maintenues. Si ses agresseurs ont quitté le pays, elle n’a plus aucune preuve de son agression. »

Dubai championne de la démesure

Dubai championne de la démesure

Face à ce cauchemar judiciaire, l’organisation caritative Detained in Dubaï a dénoncé la récurrence de ces abus. « La police ne parvient pas à faire la différence entre une relation sexuelle consensuelle et consentie, et une violente agression sexuelle. Les victimes se rendent à eux pour que justice soit rendue, et ce sont elles qui finissent par être poursuivies. Les autorités n’invalident pas seulement leur victimisation, elles les punissent pour cela !« , poursuit Radha Stirling dans son entretien pour le journal.

« N’allez pas porter plainte ! »

Depuis l’association n’a pas eu d’autre choix pour protéger les femmes que de leur recommander officiellement de ne de pas aller porter plainte en cas de viol, notamment à cause des préjugés des autorités locales à l’encontre des touristes occidentales, ces femmes qui s’habillent court, fument, boivent de l’alcool et viennent à Dubaï pour faire la fête.

En cas de plainte pour viol, le fossé culturel qui sépare les pays occidentaux et les pays musulmans se retourne très souvent contre la plaignante. Parce que le tourisme aux Émirats arabes unis a explosé ces dix dernières années, en partie à cause du développement de sa vie nocturne, les autorités assument que les femmes qui viennent à Dubaï sont là pour passer du bon temps, qu’elles « cherchent » les hommes.

Selon la perception sociale du pays, une femme qui boit de l’alcool avec un homme est forcément consentante pour tout le reste –y compris un rapport sexuel. D’où la gravité du cas de Zara Barber, qui a été agressée par les deux Anglais après avoir accepté de boire un verre avec eux.

« Lorsque l’on nous contacte en demandant si l’on doit porter plainte pour un viol à Dubaï, je réponds que non, non, et non, malheureusement, surtout pas. […] Moi-même, si j’étais violée là-bas, je n’irais pas porter plainte« , explique toujours Radha Stirling. Au-delà du shopping, des magasins de luxe et des piscines à remous sur les rooftops, il faut donc en finir avec la banalisation de cette destination, dont le système judiciaire repose sur l’oppression et l’écrasement des femmes. Il semble qu’elles ne trouveront jamais grâce aux yeux de la charia, pour qui elles sont d’éternelles coupables toutes désignées. Et tant pis pour les victimes qu’on enferme à la place de leurs bourreaux.

TF

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