Il y a tellement à dire sur ce grand homme qu’est Mohamed Ali, mais dans cet hommage que Debbosenegal lui consacre, nous avons choisi de reparler de son combat le plus important. Ce combat s’est tenu en terre africaine, précisément au Zaïre (actuel Republique démocratique du Congo) il y a 42 ans, le 30 octobre 1974, dans la capitale Kinshasa.
Ce fameux « combat du siècle » se tenait entre Mohamed Ali, champion du monde déchu et George Foreman, le grand favori du moment. Ce jour-là à 4h du matin, tout Dakar est éveillé. Je dois même dire toute l’Afrique, car Mohamed Ali alias Cassius Clay est l’un des champions noir américain les plus en vue qui clamait haut et fort son africanité. A cause de cela tout le continent lui affirme son amour et soutient à fond ce fils qui n’a pas renié ses origines, contrairement à son challenger George Foreman, qui, lui, semble plutôt avoir peur de l’Afrique et des nègres sauvages que nous sommes.
Ce fut donc le combat de l’Afrique contre l’Occident. En outre, Mohamed Ali s’était converti à l’Islam, et, dans l’Amérique hostile de l’époque, n’éprouvait aucun complexe à afficher sa religion, au grand dam de ses sponsors ou certains supporters américains. Aux Etats-Unis, depuis qu’il s’est converti à l’islam, Mohamed Ali est devenu un symbole de la lutte contre la ségrégation. Il devient définitivement célèbre quand il refuse d’aller se battre au Vietnam en 1967, affirmant haut et fort qu’il n’irait pas combattre des populations innocentes qui ne lui avaient rien fait. Il devint alors l’icône de la résistance contre une guerre absurde qui devenait de plus en plus impopulaire faisant presqu’autant de victimes dans l’armée américaine que chez les vietnamiens.
Pour avoir refusé de rejoindre les troupes américaines dans leur guerre contre le Vietnam, il est accusé d’être un traitre qui refuse de défendre sa patrie et est déchu de son titre de champion du monde et de ses droits civiques. Lors de sa venue au Congo, Ali en profite pour faire passer un message politique. Reçu par le président Mobutu au palais présidentiel, il déclare : « Monsieur le président, je suis citoyen américain depuis plus de trente-deux ans et je n’ai jamais été invité à la Maison Blanche. Soyez assuré de l’honneur que vous me faites d’être convié à la maison noire« .
Le 30 octobre 1974 donc, à Kinshasa, il est 4h du matin (pour que les spectateurs américains puissent suivre le match en direct) quand les deux boxeurs, Mohamed Ali et Georges Foreman, montent sur le ring du stade du 20 mai. Appelé « Rumble in the jungle » (« bagarre dans la jungle »), ce combat restera dans les mémoires comme le jour où Mohamed Ali, légende de la boxe, a retrouvé son titre de champion du monde, au bout de 8 rounds.
George Foreman, qui, à l’époque était un vrai bulldozer qui démolissait ses adversaires en moins de 3 rounds était le grand favori. La stratégie de Mohamed Ali sera, durant huit rounds, et devant près de 100 000 spectateurs, de rester dans les cordes et d’encaisser les coups pour fatiguer son adversaire. Au 8ème round, galvanisé par les cris de ses supporters zairois qui lui avaient trouvé pour la circonstance le slogan « Ali boma yé ! » (Ali tue le !), il saisit une ouverture et met son adversaire K.O.
Un K.O. mémorable qui a fait sortir comme un seul homme tous les africains dans la rue pour fêter cette victoire jusqu’au matin ! A l’époque, rares étaient les foyers qui avaient la télévision, mais les radios et quelques rares télévisions retransmettraient tous ce combat du siècle en direct ! Sa victoire permit à Mohamed Ali de récupérer alors son titre de champion du monde poids lourds dont il avait été déchu. George Foreman avouera après sa défaite : « Mohamed Ali m’a stupéfié, je l’admets. Il a frappé plus fort, il s’est battu plus fort. C’était tout simplement le meilleur sur le ring ». Encore aujourd’hui, 40 ans après leur fameux combat, la richissime tête de gondole d’une marque de barbecues, Foreman écrit sur son site internet : « Ali a toujours été plus grand que la boxe. Il change le monde. Aucun autre boxeur ne pouvait faire ça« .
Avant le combat, Mohamed Ali avait déclaré : « Je danse comme un papillon et je pique comme une abeille ». A 32 ans, il était encore certain de ses capacités, malgré les 8 ans de moins de son adversaire et multipliait les déclarations incendiaires à son endroit, tout en s’auto glorifiant. C’était ça aussi Ali, une grande gueule à la répartie cinglante qui clouait le bec aux journalistes, agaçait ses ennemis et faisaient jubiler ses admirateurs. Il était aussi le seul boxeur à se déplacer de façon aussi rapide qu’élégant sur le ring, il maitrisait vraiment son art et donna à la boxe ses lettres de noblesse, ce que nul autre boxeur n’a pu reproduire jusqu’à présent.
Ce match disputé en terre africaine attira l’attention du monde entier sur le Zaïre de Mobutu et permit au pays d’avoir un plus grand rayonnement à travers le monde. Les prières de Mohamed Ali dans un coin du ring avant le début de ses combats, lui attirèrent aussi la sympathie des musulmans du monde entier et sa conversion à l’Islam entraina plusieurs conversions en terre d’Amérique et fut la meilleure des propagandes pour la religion musulmane.
Repose en paix champion, et qu’Allah SWT t’accueille en son Paradis Firdaws.