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2020 un Magal pas comme les autres !

Cette édition du Magal 2020 ne sera décidément pas comme les autres. En effet cette année, pas de cérémonie officielle, pas de conférences en salle et pas de pas de danse pour les thiantacounes !

Le covid est encore là et après ?

L’évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain de l’événement tant l’agglutinement auquel donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du virus.

La photo du guide spirituel des mourides, masqué, sur le site du « Magal », en dit long : à l’heure du Covid-19 cette édition du pèlerinage de la confrérie musulmane, qui draine chaque année des millions de fidèles au Sénégal, ne ressemblera à aucune autre.

De tout le pays et au-delà, les disciples convergent depuis des jours vers Touba (centre), ville sainte du mouridisme et deuxième agglomération sénégalaise avec plus d’1,5 million d’habitants, pour le grand rassemblement de la confrérie prévu mardi.

Jamais depuis l’apparition du coronavirus, le Sénégal n’a connu de manifestation d’une telle ampleur.

En mars, quand la pandémie avait atteint le pays, l’ensemble des confréries soufies avaient annulé leurs rassemblements, s’alignant sur les décisions fermes des autorités civiles. Les célébrations collectives ont été réduites au minimum pendant des semaines.

Depuis, face aux dégâts économiques et sociaux, le gouvernement a levé le couvre-feu et l’état d’urgence. Il s’enorgueillit aussi prudemment de l’efficacité de sa riposte sanitaire. Le pays compte officiellement plus de 15.000 cas, dont 311 morts.

Les mourides, d’obédience soufie (sunnite), forment l’une des quatre principales confréries qui continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, musulmans pour plus de 90% d’entre eux. Les chefs en sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques.

Début septembre, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a levé les incertitudes quant à la tenue du Magal : malgré la persistance de l’épidémie, il aura bien lieu, dans le strict respect des mesures barrière, dont le port obligatoire du masque.

Il a appelé à la générosité publique pour pouvoir distribuer cinq millions de masques aux pèlerins, a indiqué son porte-parole, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké.

L’évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain du Magal tant l’agglutinement auquel donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du virus.

Le Magal marque l’anniversaire, dans le calendrier musulman, du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba, sur décision des autorités coloniales françaises.

L’autre grande confrérie, les tidianes, n’a pas encore arrêté sa position sur l’organisation de son propre rassemblement majeur, le « Gamou » (anniversaire de la naissance du Prophète Mohamad), fin octobre à Tivaouane, à environ 90 km à l’est de Dakar.

Sens de la discipline et mesures des autorités

Cette édition ne comportera exceptionnellement pas de cérémonie officielle et les conférences se dérouleront sur internet. Pour entrer dans la grande mosquée de Touba, les fidèles devront attendre dans une file unique et porter le masque. Les autorités ont exprimé leur confiance dans l’autorité morale du khalife et le sens de la discipline des mourides.

Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, en déplacement dans la ville sainte jeudi, s’est dit « rassuré » par le dispositif, précisant que 5.000 agents de son ministère seraient déployés à Touba.

D’autres départements gouvernementaux ont adopté des mesures plus volontaristes.

C’est ainsi que la ministre de la Microfinance Zahra Iyane Thiam qui avait pris une circulaire imposant aux fonctionnaires de ses services qui bénéficieraient d’une « autorisation d’absence » pour le Magal, d’observer une quatorzaine à leur retour, a dû revenir sur ce communiqué devant la levée de bouclier que cette mesure a suscité.

Pas de buzz pour Sokhna Aïda Diallo cette année

Une scène qui ne passe pas au Sénégal…

Sokhna Aïda Diallo la veuve du défunt Cheikh Béthio Thioune dont la célébration du Magal était très courue, ne pourra pas faire le buzz cette année. En effet, de Ngabou (aux environs de Touba) à son domicile à Madinatoul Salam, la dame a été repoussée jusqu’à ses derniers retranchements.

Tout d’abord, le Khalife général des Mourides et ses principaux adjoints ont refusé de recevoir ses émissaires et sa « adiya » (forte somme d’argent que les disciples donnent à leur guide religieux). Puis une interdiction stricte de célébrer le Magal dans son fief habituel de Ngabou lui a été notifiée par le guide religieux, et en fin de compte, même son repli sur son village de Madinatoul Salaam pour célébrer le Magal a fait l’objet d’un arrêté du préfet lui enjoignant de se garder de toute manifestation sur la voie publique.

Seule une cérémonie strictement privée à son domicile lui est permise et encore de la manière la plus discrète possible, sans hauts parleurs ni sonorisation qui puisse attirer l’attention à l’extérieur du domicile.

Hé oui, Sokhna Aïda, au Sénégal, la religion est une affaire d’hommes !

crédit photo : dakaractu

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